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Un concours international d’idées engagées pour l’environnement
par Carmela Cucuzzella , Jean-Pierre Chupin, publié le 2017-04-19
Il s’agissait de réfléchir à la dynamisation des espaces publics autour de 4 arrêts de bus situés sur la rue Sherbrooke Est à Montréal. Ce concours, ouvert aux étudiants et aux diplômés de moins de 5 ans dans les domaines de l'architecture, de la conception, du paysage et du design urbains, visait à la fois les conceptions engagées pour l'environnement et une série de principes qui pourraient être adoptés pour une mise en œuvre future en collaboration avec la Ville de Montréal, la STM et les propriétaires fonciers privés. Le slogan choisi « En plus d’attendre le bus » invitait les concepteurs à réfléchir sur des approches contemporaines permettant de dynamiser ces espaces publics de manière interactive, poétique, critique et significative : faisant passer l’environnement immédiat des arrêts de bus d’une spatialité simplement fonctionnelle à une spatialité polyvalente.

Ce concours a été organisé conjointement par la chaire IDEAS-BE (Integrated Design, Ecology, and Sustainability for the Built Environment) de l’Université Concordia et de la chaire de recherche de l’Université de Montréal sur les concours et les pratiques contemporaines en architecture. Ce partenariat interuniversitaire vise à stimuler les débats sur le rôle des espaces publics dans la mise en évidence des problèmes reliés aux changements climatiques, tout en mobilisant la créativité des jeunes concepteurs des domaines de l’environnement bâti. Le concours de 2017 a été organisé en collaboration avec le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal), une organisation qui se consacre à la protection de l’environnement et à la promotion du développement durable sur l’île de Montréal.

Le jury était composé de :
• André-Anne D’Amours - CRE-Montréal
• Zachary Patterson – Chaire de recherche du Canada « in Transportation and Land Use Linkages for Regional Sustainability » professeur associé à l’Université Concordia
• Howard Davies - Architecte, Big City et professeur à l’Université McGill
• Ron Rayside - Architecte
• Peter Fianu - Architecte, conseiller en aménagement, Ville de Montréal
• Christelle Kouotze - YQQ - Éco-quartier MHM
• Jean-Pierre Chupin - Chaire de recherche sur les concours UdM et professeur à l’Université de Montréal

Monsieur Peter Fianu a été nommé président du jury à l’unanimité, tandis que Dr. Carmela Cucuzzella, coorganisatrice du concours, agissait comme conseillère de concours auprès du jury, sans faire partie du processus de jugement. Madame Christelle Kouotze n’a pas été en mesure de participer aux délibérations qui ont eu lieu le lundi 10 avril à l’Université Concordia. Le jury devait sélectionner un lauréat pour chacun des emplacements d'arrêt de bus de type profil. Il lui appartenait de désigner des mentions sachant que seuls les projets lauréats recevaient un prix de 1500$ chacun.

Avant de présenter les résultats et compte tenu du nombre considérable d’inscriptions et de projets soumis, quelques rappels s’imposent. En effet, sur les 200 équipes inscrites en provenance d’une trentaine de pays, 96 projets diversement répartis sur les 4 sites ont été soumis par 72 équipes en provenance de plus d’une vingtaine de pays : un tiers venant du Canada, près d’un quart de Chine, le reste se répartissant entre les deux Amériques, l’Europe et le Moyen-Orient.

Face à ce nombre imposant de projets, le jury a procédé à une vérification minutieuse de la compréhension et du respect des consignes initiales en vue de ne retenir que les projets qui avaient affronté la singularité et la difficulté de la question posée par le concours. En effet, pour les organisateurs ce concours n’avait pas pour objectif de redessiner l’abribus, encore moins de le supprimer de son contexte, les concurrents étant d’abord invités à repenser les sites entourant les arrêts de bus. Il s’agissait de contribuer à rendre plus agréable le fait d’attendre le bus, de diverses façons, d'encourager les citoyens à utiliser le bus plutôt que leur voiture, toute l'année, y compris pendant les chaudes journées d'été et les longues périodes d'hiver glacial.

En outre, et contrairement aux approches courantes qui considèrent les arrêts de bus comme des objets déposés de façon indifférente sur des espaces urbains, les organisateurs cherchent, avec cette série de concours, à constituer un Guide des Meilleures Pratiques qui peut être constitué d’une synthèse des principes soumis par chaque équipe de concurrents. Certains projets soumis avaient la faveur de plusieurs membres du jury, mais l’absence de principes de « conception environnementale » pouvant être généralisés à d’autres sites que ceux proposés au concours a joué en leur défaveur.

Le jury a procédé en séquence en examinant tour à tour les projets soumis à un même site sachant que plusieurs équipes avaient choisi de présenter des projets pour plusieurs des sites ce qui était permis. Le concours a été jugé de façon strictement anonyme, seule madame Cheryl Gladu, doctorante à l’Université Concordia ayant accès à la liste des inscriptions.

Les résultats sont présentés en distinguant les 4 contextes typiques et sont archivés par site dans le Catalogue des Concours Canadiens (CCC) en considérant qu’il y avait 4 concours organisés simultanément : www.ccc.umontreal.ca

Nous livrons ci-dessous des extrait du rapport du jury :

Concours site 1 (Coin Sherbrooke et Joffre, lien Thomas-Chapais, devant CH Judith-Jasmin)
Gagnants:
• Equipe 120 - César Cruz-Merino + Carlos Cruz-Merino, Canada
Le jury a apprécié la dimension fortement sociale et culturelle de la proposition. L’incitation à la lecture qui plus est à la lecture individuelle dans un lieu public reste une image simple et forte. Le système proposé est aussi élégant que flexible puisqu’il peut être déployé et déplacé en fonction des saisons et des besoins, tant en été qu’en hiver. La conception permet d’imaginer diverses façons d’animer le site et prend en compte le fait que ce quartier accueille de nombreuses familles. Certains membres du jury y ont vu également un clin d’œil aux cabines de pêches utilisées sur les lacs gelés. L’équilibre entre sécurité et ouverture est ce qui a permis à ce projet de l’emporter.
(NB.Le jury n’a pas attribué de mentions pour le site 1)

Concours site 2 (Station Cadillac, coin nord-est)
Gagnants:
• Equipe 132 - Adrianna Karnaszewska + Sara Niepieklo + Sylwia Pedziejewska + Aleksandra Przywozka, Pologne
Ce projet propose de constituer une forêt lumineuse. Partant d’un principe de modularité, que plusieurs concurrents ont choisi d’adopter été donné le caractère répétitif des situations d’arrêt de bus, le projet ajoute une dimension ludique et interactive. Le concept – fortement culturel - se veut aussi éducatif qu’informatif. Il est d’une échelle aussi adaptable que reproductible et ce faisant il répond à la possibilité d’une généralisation. Le jury a considéré que cette proposition présentait un excellent complément à l’abribus générique.
Mentionnés (site 2) :
• Equipe 104 - Rikke Sandbugt + Anyana Zimmermann, Danemark & Allemagne
Projet résolument ludique. Une des rares propositions adaptables en toutes saisons. La place accordée aux enfants caractérise l’arrière-plan didactique.
• Equipe 6 - Kloe Gagnon + Adélie Gélinas-Leguerrier + Nicole Kamenovic, Canada
Cette proposition s’est mérité une mention par sa revendication d’un principe de conservation aussi simple que fort : travailler avec l’existant et les entités naturelles. Le principe est généralisable et il nous rappelle que toutes les conditions préexistantes sont porteuses d’un potentiel d’invention.

Concours site 3 (Station Langelier, coin sud-ouest)
Gagnants:
• Equipe 142 – Vid Bogovic + Vlasta Damjanovic + Andraz Hudoklin + Lara Gligic + Laura Klenovsek + Sasa Kolman, Slovénie
Pour ce site qui a reçu le plus grand nombre de propositions, les délibérations du jury ont été plus ardues. Ce projet est apparu comme le plus élégant autant dans sa conception que sa présentation. La gestion de l’eau municipale est une véritable problématique aux implications environnementales considérables et c’est la seule proposition qui a choisi d’intégrer cette question à la thématique de l’arrêt de bus. L’ensemble, très élaboré, se présente comme une série de systèmes qui illustrent et mettent en scène des dispositifs de réutilisation de l’eau, de production d’énergie dans une composition représentant le cycle de l’eau. Le microcosme de l’abribus se voit dès lors transformé en un véritable macrocosme. Ce projet est paradoxalement aussi minimaliste que didactique.
Mentionnés (site 3) :
• Equipe 28 – Leila Hormozi Nejad + Matthew Coelho + Gabriel Scott-Séguin + Florence Vanasse, Canada
Une proposition qui serait envisageable quelque soi la saison. Façon intéressante de maintenir une dimension végétale tout au long de l’année, l’idée d’un terrarium urbain, qui peut apparaître comme un élément de mobilier urbain déconnecté de son contexte, est néanmoins reliée à la station de métro de façon astucieuse. L’échange d’information concernant la réduction des gaz à effet de serre est fait de façon ludique propice à l’adhésion des générations.
• Equipe 74 – Zhu Jinyun + Qin Jin, Chine
Le jury a tenu à mentionner cette proposition qui prend appui sur la démesure de l’art public qui serait mise ici au service de la modestie des arrêts d’autobus. Le projet est audacieux et franc, aussi ludique – voire ironique – qu’intrigant.
• Equipe 103 – Julien Guerineau + Axel Demazieres, France
Proposition riche en références qui fait bon usage de la grille imaginée par le collectif italien Superstudio dans les années 1970. La présentation serait transposable dans la plupart des sites bien que les concepteurs n’aient pas formulé clairement son engagement environnemental.
• Equipe 105 – Paul Beaucé, Canada
En dépit de ses grandes qualités, ce projet comporte un défaut majeur : il n’est pas accessible universellement. Le marquage en hauteur du site, le débordement de l’échelle de l’abribus est en soi un concept remarquable qui serait convaincant à l’échelle urbaine. Aurait-il été possible de l’imaginer sur un seul niveau tout en maintenant la verticalité?
• Equipe 165 – Amanda Barbosa da Silveira + Lucas Veloso Schwab Guerra, Brésil
Un système qui mise autant sur la technologie que sur le jeu. Le jury a beaucoup apprécié la façon ton la proposition s’empare du site au complet en intervenant sur les interstices. La prise en compte explicite et volontaire des contraintes de l’accès universel a été soulignée comme une approche remarquable.


Concours site 4 (Coin Sherbrooke et de Carignan)
• Gagnants: Equipe 109 - Anne Wolff + Eve Gagnon-Levert, Canada
Il s’agit d’une excellente présentation répondant aux attentes du concours. Le jury a particulièrement apprécié le travail de texturation du sol et les différents degrés de porosité et d’animation du site. L’idée d’une « machine corporelle » fonctionnant à l’échelle du site est très intéressante et les dessins – très élaborés et très bien réalisés - montrent comment cela pourrait fonctionner. Les principes environnementaux sont bien formulés. La mise en réseau d’un tel système trouverait son sens autant localement que globalement.
Mentionnés (site 4) :
• Equipe 131 – Hyunje Joo, Allemagne
Un projet exceptionnel, élégant et véritablement urbain qui aurait pu l’emporter. La proposition s’empare véritablement du contexte. Enjambant les automobiles, le projet constitue un espace public et les gradins offrent un espace social pour l’attente. La suppression de l’abribus n’était pas nécessaire cependant.
• Equipe 139 – Junxing Lu + Zhixin Guo + Qinwei + Suqin Jia, Chine
Le degré d’élaboration des dessins est particulièrement détaillé. La qualité générale de la présentation est excellente et la proposition offre une échelle intime qui a été fort appréciée du jury.
• Equipe 164 – Drew Miller + Karine Lachance, Canada
Le jury a été particulièrement sensible à la démarche qui a présidé à ce projet, plus qu’à ses qualités esthétiques. Une série de rotations, d’additions et de transformations parviennent à littéralement « absorber » l’abribus. Le projet qui en résulte est aussi rude que résistant. L’espace public est véritablement occupé et les usagers sont invités, par quartier, à se réapproprier l’espace public.
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