Un nouveau plongeon vers la qualité architecturale pour Laval (Québec)
par Anna Torres, publié le 2017-06-07
Lancé en 2016, le concours pour le Complexe Aquatique de Laval marque un nouveau tournant pour la ville et son architecture publique. Sachant qu’aucun concours n’avait été organisé à Laval depuis 1961, ce projet témoigne d’un changement de politique. Le projet s’inscrit dans la démarche d’accueil de la finale des Jeux du Québec en 2020. L’appel à propositions cherchait une architecture de qualité accessible aux athlètes comme aux citoyens. Pour la première fois, le CCC est en mesure de publier les vidéos des auditions.
Le projet de $61M fut organisé par la municipalité de Laval, et reçut 17 dossiers lors de la présélection avant de sélectionner quatre finalistes pour l’étape de conception. Les équipes retenues étaient alors: ACDF* Architecture; Consortium Saucier + Perotte Architectes/ Neuf Architectes; Lapointe Magne et associés et l’équipe lauréate Consortium NFOE / HCMA. Bien que la formule soit encore éloignée du concours anonyme, international, ouvert à tous, ce concours dynamique et son aboutissement sont un premier pas vers le renfort de l’identité architecturale lavalloise. L’important programme comportera trois bassins et des gradins pouvant accueillir jusqu'à 1200 spectateurs, le tout devant se qualifier pour la certification LEED Or. On peut certainement féliciter la volonté de transparence dont la ville a fait preuve grâce à une audition publique des présentations des finalistes – audition qui accueillit quelques centaines de citoyens et de professionnels des sports aquatiques, de l’architecture et de l’urbanisme, et dont nous livrons les enregistrements vidéo.
Bien que la fin de la construction soit d’abord prévue pour les Jeux du Québec de 2020, ces nouvelles infrastructures devraient avoir un impact durable sur la ville bien après la fin des Jeux, et rivaliseront certainement avec le Centre Sportif Olympique de Montréal durant les prochaines décennies. Les organisateurs ont également pris la peine de préciser, dans le programme du concours, la nécessité d’une vision à long terme du développement du site en 2035. Enjeu délicat, l’emplacement du complexe aquatique – une clairière dans un petit boisé, coincée entre l’autoroute 15 et le Cosmodôme – fut traité de manière plus ou moins élégante par les propositions des finalistes.
Le projet d’ACDF* comporte un toit vert, souple et ondulant, structurant le programme par des courbes et des plis. Des espaces publics couverts et un amphithéâtre extérieur se déploient le long de la façade en un mouvement élégant. Malgré l’esthétisme distinctif de cet élément, le jury a trouvé que le plan aurait pu bénéficier d’une complexité spatiale plus travaillée. L’équipe n’a pas suffisamment abouti l’intégration de la circulation dans l’aménagement paysager, et l’estimation budgétaire du concept (surtout pour la structure du toit) a, semble-t-il, inquiété le jury.
La proposition du Consortium Saucier + Perotte / Neuf Architectes a probablement été la plus chargée des quatre. Depuis l’autoroute, un volume oblong, opalescent paraît naturellement flotter au-dessus de la clairière. En réalité, le bâtiment ovale repose sur une topographie complexe reliant la base du volume au boisé avoisinant. Comme l’a remarqué le jury, l’attention de l’équipe n’a pas été portée sur les bons éléments – une réflexion sur l’impact à long terme du projet aurait été appréciée. À la place, les efforts ont été mis dans des éléments moins pertinents : le toit ondulé décidément populaire (quoique plus discret que celui d’ACDF*) et la translucidité nébuleuse de la façade de verre, remise en question par le membre du jury Alexandre Despatie (champion du monde de plongée) pour son inefficacité à gérer les éblouissements et l’ensoleillement direct. Un projet globalement complexe, qui aurait profité d’une approche plus simple.
La soumission de Lapointe Magne et associés a apporté une meilleure solution à la question du développement urbain sur la durée. Un monolithe translucide s’incline vers l’autoroute, ceinturé d’un réseau complexe de chemins et d’étangs. L’attention portée au plan urbain se traduit par la création d’une voie cyclable, de sentiers piétons et de nouveaux accès automobiles. Ici, le bâtiment semble résulter d’un processus de conception approfondi, mais déçoit par son manque d’ingéniosité et d’expériences spatiales. Le mouvement très fort du projet semble être plus adapté à l’échelle de l’autoroute qu’à celle des usagers. En fait, le jury a remarqué que le « monolithe lumineux » ne serait visible que la nuit, se transformant le jour en un simple bloc blanc.
Le jury a opté pour la proposition de l’équipe lauréate Consortium NFOE / HCMA. Le projet gagnant est un bâtiment simple, parfaitement circulaire qui permet une configuration unique des bassins et semble être le plus spacieux et le plus sensible des quatre projets. Le complexe devient une clairière, caché dans la forêt, invitant la verdure en son cœur – un aspect du projet que le public semble apprécier, étant donné que les espaces verts à Laval se font de plus en plus rares. Structuré par deux axes perpendiculaires, le programme est condensé de manière à utiliser les espaces servants comme séparation entre le bassin récréatif et les bassins professionnels. Bien que le bâtiment soit discret dans son retrait, le jury a particulièrement apprécié le rapprochement entre les échelles urbaine et humaine, grâce au souci du détail en façade, à la place publique et à la force de la forme. Ce projet est séduisant et prometteur et deviendra, espérons-le, emblématique pour la ville.
L’audition des présentations finales a été très bien reçue par le public, étant la preuve d’une volonté de transparence des investissements de la ville. Cette présentation ouverte à tous a permis d’apaiser les préoccupations de certains Lavallois sur l’avenir de leurs infrastructures publiques. Malgré le fait que ce ne soit pas une consultation publique ou un dialogue public, la présentation publique permet d’ouvrir la conversation et, ultimement, de s’aligner vers un processus de création plus démocratique.
Le Complexe Aquatique de Laval répondra-t-il aux attentes de tous ? On peut au moins affirmer que ce concours et son résultat sont un premier pas dans la bonne direction, et que tout repose maintenant sur l’esprit fair-play de Laval dans la gestion de l’entièreté du projet. Ayant le potentiel d’ouvrir la voie à une série de concours de qualité, souhaitons que tous prennent exemple et plongent à leur tour!
Le projet de $61M fut organisé par la municipalité de Laval, et reçut 17 dossiers lors de la présélection avant de sélectionner quatre finalistes pour l’étape de conception. Les équipes retenues étaient alors: ACDF* Architecture; Consortium Saucier + Perotte Architectes/ Neuf Architectes; Lapointe Magne et associés et l’équipe lauréate Consortium NFOE / HCMA. Bien que la formule soit encore éloignée du concours anonyme, international, ouvert à tous, ce concours dynamique et son aboutissement sont un premier pas vers le renfort de l’identité architecturale lavalloise. L’important programme comportera trois bassins et des gradins pouvant accueillir jusqu'à 1200 spectateurs, le tout devant se qualifier pour la certification LEED Or. On peut certainement féliciter la volonté de transparence dont la ville a fait preuve grâce à une audition publique des présentations des finalistes – audition qui accueillit quelques centaines de citoyens et de professionnels des sports aquatiques, de l’architecture et de l’urbanisme, et dont nous livrons les enregistrements vidéo.
Bien que la fin de la construction soit d’abord prévue pour les Jeux du Québec de 2020, ces nouvelles infrastructures devraient avoir un impact durable sur la ville bien après la fin des Jeux, et rivaliseront certainement avec le Centre Sportif Olympique de Montréal durant les prochaines décennies. Les organisateurs ont également pris la peine de préciser, dans le programme du concours, la nécessité d’une vision à long terme du développement du site en 2035. Enjeu délicat, l’emplacement du complexe aquatique – une clairière dans un petit boisé, coincée entre l’autoroute 15 et le Cosmodôme – fut traité de manière plus ou moins élégante par les propositions des finalistes.
Le projet d’ACDF* comporte un toit vert, souple et ondulant, structurant le programme par des courbes et des plis. Des espaces publics couverts et un amphithéâtre extérieur se déploient le long de la façade en un mouvement élégant. Malgré l’esthétisme distinctif de cet élément, le jury a trouvé que le plan aurait pu bénéficier d’une complexité spatiale plus travaillée. L’équipe n’a pas suffisamment abouti l’intégration de la circulation dans l’aménagement paysager, et l’estimation budgétaire du concept (surtout pour la structure du toit) a, semble-t-il, inquiété le jury.
La proposition du Consortium Saucier + Perotte / Neuf Architectes a probablement été la plus chargée des quatre. Depuis l’autoroute, un volume oblong, opalescent paraît naturellement flotter au-dessus de la clairière. En réalité, le bâtiment ovale repose sur une topographie complexe reliant la base du volume au boisé avoisinant. Comme l’a remarqué le jury, l’attention de l’équipe n’a pas été portée sur les bons éléments – une réflexion sur l’impact à long terme du projet aurait été appréciée. À la place, les efforts ont été mis dans des éléments moins pertinents : le toit ondulé décidément populaire (quoique plus discret que celui d’ACDF*) et la translucidité nébuleuse de la façade de verre, remise en question par le membre du jury Alexandre Despatie (champion du monde de plongée) pour son inefficacité à gérer les éblouissements et l’ensoleillement direct. Un projet globalement complexe, qui aurait profité d’une approche plus simple.
La soumission de Lapointe Magne et associés a apporté une meilleure solution à la question du développement urbain sur la durée. Un monolithe translucide s’incline vers l’autoroute, ceinturé d’un réseau complexe de chemins et d’étangs. L’attention portée au plan urbain se traduit par la création d’une voie cyclable, de sentiers piétons et de nouveaux accès automobiles. Ici, le bâtiment semble résulter d’un processus de conception approfondi, mais déçoit par son manque d’ingéniosité et d’expériences spatiales. Le mouvement très fort du projet semble être plus adapté à l’échelle de l’autoroute qu’à celle des usagers. En fait, le jury a remarqué que le « monolithe lumineux » ne serait visible que la nuit, se transformant le jour en un simple bloc blanc.
Le jury a opté pour la proposition de l’équipe lauréate Consortium NFOE / HCMA. Le projet gagnant est un bâtiment simple, parfaitement circulaire qui permet une configuration unique des bassins et semble être le plus spacieux et le plus sensible des quatre projets. Le complexe devient une clairière, caché dans la forêt, invitant la verdure en son cœur – un aspect du projet que le public semble apprécier, étant donné que les espaces verts à Laval se font de plus en plus rares. Structuré par deux axes perpendiculaires, le programme est condensé de manière à utiliser les espaces servants comme séparation entre le bassin récréatif et les bassins professionnels. Bien que le bâtiment soit discret dans son retrait, le jury a particulièrement apprécié le rapprochement entre les échelles urbaine et humaine, grâce au souci du détail en façade, à la place publique et à la force de la forme. Ce projet est séduisant et prometteur et deviendra, espérons-le, emblématique pour la ville.
L’audition des présentations finales a été très bien reçue par le public, étant la preuve d’une volonté de transparence des investissements de la ville. Cette présentation ouverte à tous a permis d’apaiser les préoccupations de certains Lavallois sur l’avenir de leurs infrastructures publiques. Malgré le fait que ce ne soit pas une consultation publique ou un dialogue public, la présentation publique permet d’ouvrir la conversation et, ultimement, de s’aligner vers un processus de création plus démocratique.
Le Complexe Aquatique de Laval répondra-t-il aux attentes de tous ? On peut au moins affirmer que ce concours et son résultat sont un premier pas dans la bonne direction, et que tout repose maintenant sur l’esprit fair-play de Laval dans la gestion de l’entièreté du projet. Ayant le potentiel d’ouvrir la voie à une série de concours de qualité, souhaitons que tous prennent exemple et plongent à leur tour!