Vers une tectonique canadienne ?
par Jean-Pierre Chupin
, publié le 2007-09-01
Lauréat du concours pour la Galerie canadienne de la céramique et du verre (1986), le projet des Patkau fait partie des architectures qui sonnèrent le glas de la modernité monolithique des années 1960, tout autant que du postmodernisme tapageur des années 1980. Comme le reconnaîtra très tôt Kenneth Frampton, l’architecture des Patkau annonçait une nouvelle culture tectonique.
Rappelons que ce concours fut organisé par Larry Wayne Richards et que le jury comprenait trois solides personnalités architecturales : Kenneth Frampton, Eberhard Zeidler et Dan Hanganu (soit trois architectes sur 5 membres du jury : si mon calcul est bon, voici une bonne façon d’atteindre le 50 % qui fait encore problème pour certains organisateurs de concours !). L’excellente monographie de Brian Carter (TUNS, 1992) avait à l’époque rendu compte très sérieusement du déroulement exemplaire de ce concours. Grâce à la collaboration de l’agence Patkau ainsi que de l’agence Diamond Schmitt nous présentons, en cette rentrée universitaire, de nouveaux documents et surtout de quoi faire réfléchir nos étudiants sur l’originalité d’une poétique constructive « à la canadienne ». À l’ère de la dématérialisation numérique et de l’anxiété environnementale, on appréciera la finesse et l’enracinement des détails comme des matières, annoncés, dès l’étape du concours, par les sombres et massives maquettes présentées par l’équipe des Patkau. Certains dessins inédits l’attestent également et la réalisation le confirme : la menuiserie opère la liaison entre ces fragments que seule une habile composition « tient ensemble ». Il ne s’agit pas d’un simple pavillon artistique posé de façon, même élégante, sur un sol que l’on n’ose fouler, il s’agit d’une quasi-émergence, d’un surgissement, d’une architecture opérant la rencontre fragile du béton, de la brique et du bois. Qui a dit qu’il nous fallait moins de béton et plus d’intelligence? Ceux qui associent « béton » et architecture — quand il est temps de critiquer tel ou tel dépassement financier — devraient rapprocher le projet des Patkau avec celui de l’agence montréalaise TAG pour le concours de la Bibliothèque de Châteauguay en 2001. Une bonne façon de commencer à saisir la nouvelle cohérence tectonique de l’équation « béton/raffinement spatial/insertion urbaine » qui se fait jour depuis près de deux décennies au Canada.
Sur un autre ordre d’idées, nous pouvons déjà annoncer que dans les prochains mois, avec l’aide de notre confrère de l’Université Laval, le professeur Jacques White, nouveau directeur de l’École d’architecture et conseiller professionnel de récents concours culturels, nous présenterons les projets conçus dans le cadre des concours pour la Bibliothèque Félix Leclerc (2006) et de l’Îlot des Palais (2006). Mentionnons enfin que l’équipe de l’agence torontoise Urban Strategies, nous a généreusement donné accès à ses archives portant sur de nombreux évènements organisés en Ontario dans la dernière décennie.
Rappelons que ce concours fut organisé par Larry Wayne Richards et que le jury comprenait trois solides personnalités architecturales : Kenneth Frampton, Eberhard Zeidler et Dan Hanganu (soit trois architectes sur 5 membres du jury : si mon calcul est bon, voici une bonne façon d’atteindre le 50 % qui fait encore problème pour certains organisateurs de concours !). L’excellente monographie de Brian Carter (TUNS, 1992) avait à l’époque rendu compte très sérieusement du déroulement exemplaire de ce concours. Grâce à la collaboration de l’agence Patkau ainsi que de l’agence Diamond Schmitt nous présentons, en cette rentrée universitaire, de nouveaux documents et surtout de quoi faire réfléchir nos étudiants sur l’originalité d’une poétique constructive « à la canadienne ». À l’ère de la dématérialisation numérique et de l’anxiété environnementale, on appréciera la finesse et l’enracinement des détails comme des matières, annoncés, dès l’étape du concours, par les sombres et massives maquettes présentées par l’équipe des Patkau. Certains dessins inédits l’attestent également et la réalisation le confirme : la menuiserie opère la liaison entre ces fragments que seule une habile composition « tient ensemble ». Il ne s’agit pas d’un simple pavillon artistique posé de façon, même élégante, sur un sol que l’on n’ose fouler, il s’agit d’une quasi-émergence, d’un surgissement, d’une architecture opérant la rencontre fragile du béton, de la brique et du bois. Qui a dit qu’il nous fallait moins de béton et plus d’intelligence? Ceux qui associent « béton » et architecture — quand il est temps de critiquer tel ou tel dépassement financier — devraient rapprocher le projet des Patkau avec celui de l’agence montréalaise TAG pour le concours de la Bibliothèque de Châteauguay en 2001. Une bonne façon de commencer à saisir la nouvelle cohérence tectonique de l’équation « béton/raffinement spatial/insertion urbaine » qui se fait jour depuis près de deux décennies au Canada.
Sur un autre ordre d’idées, nous pouvons déjà annoncer que dans les prochains mois, avec l’aide de notre confrère de l’Université Laval, le professeur Jacques White, nouveau directeur de l’École d’architecture et conseiller professionnel de récents concours culturels, nous présenterons les projets conçus dans le cadre des concours pour la Bibliothèque Félix Leclerc (2006) et de l’Îlot des Palais (2006). Mentionnons enfin que l’équipe de l’agence torontoise Urban Strategies, nous a généreusement donné accès à ses archives portant sur de nombreux évènements organisés en Ontario dans la dernière décennie.