Durables bibliothèques
par Jean-Pierre Chupin, publié le 2007-12-01
Dans son célèbre manifeste de 1995, City of Bits, William J. Mitchell avait annoncé la fin des bibliothèques de papier et de brique, au profit des bibliothèques numériques en ligne. L’agrandissement de la bibliothèque Félix-Leclerc à Québec, modeste par la taille, mais dynamique et très achalandée, donne tort, une fois de plus, à cette prédiction cyber évangéliste.
Une fois de plus, car une des caractéristiques majeures de l’architecture contemporaine de ces dernières années est certainement le soin apporté par les architectes à la réécriture de ces programmes et de ces espaces que l’on croyait définitivement formulés. Mais une bibliothèque ne se réduit ni à une boîte de livre, ni à un salon de lecture, encore moins à un comptoir d’emprunt. Une bibliothèque publique est d’abord et avant tout un lieu « public », comme en témoigne le succès envahissant de la Grande Bibliothèque du Québec.
Si l’architecture contribue à cet engouement, la réussite doit aussi être partagée avec les bibliothécaires qui ont su renouveler leurs pratiques et avec les décideurs politiques qui tablent encore sur l’épanouissement intellectuel des citoyens. Mais rien n’est jamais définitivement gagné.
S’il est loin le temps où les rois d’Europe s’inquiétaient du succès de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert et où le Vatican décidait de mettre à l’index la diffusion du savoir et la liberté des idées, l’emphase mise aujourd’hui sur la rentabilité économique des lieux du savoir et de la culture cache d’autres formes de gouvernance et de censure. Il va certainement se trouver quelqu’un bientôt pour demander que l’on compare le coût d’une bibliothèque et celui d’une base de données d’ouvrages numérisés, pour s’appliquer à donner raison à la prédiction de W. J. Mitchell.
Dans un même ordre d’idées, notons tout d’abord que les finalistes du concours pour l’agrandissement de la bibliothèque Montarville-Boucher-de la Bruère sont connus depuis le 28 novembre 2007. Il s’agit de : les Architectes Faucher Aubertin Brodeur Gauthier, Brière, Gilbert + Associés, architectes (FABG) et de Manon Asselin architecte (TAG).
Le concours pour l’agrandissement de la Bibliothèque Félix-Leclerc que nous présentons dans cette mise à jour du CCC fut quant à lui organisé en 2006, sous la supervision de Jacques White, mais le besoin s’en faisait déjà sentir en 1998, soit dix ans après sa construction qui date du milieu des années 1980. Le programme concernait certes un agrandissement, mais s’adressait aussi à la question du développement durable. Le projet de l’architecte Anne Carrier, fort d’une modernité aussi élégante que conventionnelle, a su convaincre le jury. Sa forme prolonge et rééquilibre l’organisation de l’édifice existant sans le gommer. Le projet de l’équipe Big City jouait la carte de la « mise au vert », insistait sur l’environnement naturel et du parc, tout en réunifiant la bibliothèque et son extension dans une nouvelle image. Le projet de Boutros et Pratte forçait, pour ainsi dire, l’insularité de l’édifice et proposait d’en faire un point de ralliement et de convergence. Le quatrième projet, celui de Croft Pelletier architectes, tentait une nouvelle morphologie, à la fois enveloppante pour la bibliothèque d’origine et d’une matérialité distincte par son usage du bardage de bois. Après coup, on constate que les différences entre ces quatre projets sont assez nettes, mais que tous insistent sur l’importance de l’accueil du public, de la rencontre des individualités en un même lieu.
La publication de ce concours sera notre dernière proposition pour 2007. Elle coïncide avec un évènement que nous jugeons très important pour le rayonnement de l’architecture canadienne contemporaine. En effet, la belle exposition analytique organisée pour le LEAP par Denis Bilodeau avec la collaboration du Centre de Design de L’UQAM sera présentée au Pavillon de l’Arsenal à Paris pendant tout le mois de décembre. Les projets culturels issus des concours lancés entre 1991 et 2005 seront alors soumis à l’esprit critique du public parisien et la réflexion sur la cohérence de cette nouvelle territorialité culturelle suscitée par ce grand rassemblement de projets devrait assurément faire l’objet d’un intérêt marqué dans un pays où il s’organise annuellement plus de 1000 concours.
Pour 2008, nous réservons deux surprises aux internautes intéressés par les travaux et activités du LEAP. En janvier, nous devrions enfin pouvoir mettre en ligne le site de la base de données documentaire que nous avons conçue pour l’organisation Europan France (une des plus importantes institutions de concours), tandis qu’en mars, dans le cadre d’une collaboration entre plusieurs écoles canadiennes, nous lancerons un grand forum sur la place des conceptions environnementales dans l’éducation architecturale : une autre de ces durables bibliothèques !
Une fois de plus, car une des caractéristiques majeures de l’architecture contemporaine de ces dernières années est certainement le soin apporté par les architectes à la réécriture de ces programmes et de ces espaces que l’on croyait définitivement formulés. Mais une bibliothèque ne se réduit ni à une boîte de livre, ni à un salon de lecture, encore moins à un comptoir d’emprunt. Une bibliothèque publique est d’abord et avant tout un lieu « public », comme en témoigne le succès envahissant de la Grande Bibliothèque du Québec.
Si l’architecture contribue à cet engouement, la réussite doit aussi être partagée avec les bibliothécaires qui ont su renouveler leurs pratiques et avec les décideurs politiques qui tablent encore sur l’épanouissement intellectuel des citoyens. Mais rien n’est jamais définitivement gagné.
S’il est loin le temps où les rois d’Europe s’inquiétaient du succès de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert et où le Vatican décidait de mettre à l’index la diffusion du savoir et la liberté des idées, l’emphase mise aujourd’hui sur la rentabilité économique des lieux du savoir et de la culture cache d’autres formes de gouvernance et de censure. Il va certainement se trouver quelqu’un bientôt pour demander que l’on compare le coût d’une bibliothèque et celui d’une base de données d’ouvrages numérisés, pour s’appliquer à donner raison à la prédiction de W. J. Mitchell.
Dans un même ordre d’idées, notons tout d’abord que les finalistes du concours pour l’agrandissement de la bibliothèque Montarville-Boucher-de la Bruère sont connus depuis le 28 novembre 2007. Il s’agit de : les Architectes Faucher Aubertin Brodeur Gauthier, Brière, Gilbert + Associés, architectes (FABG) et de Manon Asselin architecte (TAG).
Le concours pour l’agrandissement de la Bibliothèque Félix-Leclerc que nous présentons dans cette mise à jour du CCC fut quant à lui organisé en 2006, sous la supervision de Jacques White, mais le besoin s’en faisait déjà sentir en 1998, soit dix ans après sa construction qui date du milieu des années 1980. Le programme concernait certes un agrandissement, mais s’adressait aussi à la question du développement durable. Le projet de l’architecte Anne Carrier, fort d’une modernité aussi élégante que conventionnelle, a su convaincre le jury. Sa forme prolonge et rééquilibre l’organisation de l’édifice existant sans le gommer. Le projet de l’équipe Big City jouait la carte de la « mise au vert », insistait sur l’environnement naturel et du parc, tout en réunifiant la bibliothèque et son extension dans une nouvelle image. Le projet de Boutros et Pratte forçait, pour ainsi dire, l’insularité de l’édifice et proposait d’en faire un point de ralliement et de convergence. Le quatrième projet, celui de Croft Pelletier architectes, tentait une nouvelle morphologie, à la fois enveloppante pour la bibliothèque d’origine et d’une matérialité distincte par son usage du bardage de bois. Après coup, on constate que les différences entre ces quatre projets sont assez nettes, mais que tous insistent sur l’importance de l’accueil du public, de la rencontre des individualités en un même lieu.
La publication de ce concours sera notre dernière proposition pour 2007. Elle coïncide avec un évènement que nous jugeons très important pour le rayonnement de l’architecture canadienne contemporaine. En effet, la belle exposition analytique organisée pour le LEAP par Denis Bilodeau avec la collaboration du Centre de Design de L’UQAM sera présentée au Pavillon de l’Arsenal à Paris pendant tout le mois de décembre. Les projets culturels issus des concours lancés entre 1991 et 2005 seront alors soumis à l’esprit critique du public parisien et la réflexion sur la cohérence de cette nouvelle territorialité culturelle suscitée par ce grand rassemblement de projets devrait assurément faire l’objet d’un intérêt marqué dans un pays où il s’organise annuellement plus de 1000 concours.
Pour 2008, nous réservons deux surprises aux internautes intéressés par les travaux et activités du LEAP. En janvier, nous devrions enfin pouvoir mettre en ligne le site de la base de données documentaire que nous avons conçue pour l’organisation Europan France (une des plus importantes institutions de concours), tandis qu’en mars, dans le cadre d’une collaboration entre plusieurs écoles canadiennes, nous lancerons un grand forum sur la place des conceptions environnementales dans l’éducation architecturale : une autre de ces durables bibliothèques !