270 jardins des délices pour Métis 2010
par Jean-Pierre Chupin, publié le 2010-02-01
Aux organisateurs du concours international ouvert pour la conception des Jardins de Métis 2010 (Reford Gardens), les 276 équipes en provenance de 34 pays ont répondu avec talent et générosité : chose certaine, ils ne demandent pas à d’autres les clés du paradis, ils en conçoivent les contours, en imaginent les formes, en pressentent les parfums.
Pour cet incontournable et, disons-le d’emblée, foisonnant rendez-vous de la créativité, la question ne manquait pas de piquant : « à quoi ressemble le paradis aujourd’hui ? » Elle appelait en fait un grand remue-méninge sur l’actualité des concepts et des pratiques en matière d’architecture de paysage. Le résultat, ici dévoilé dans sa totalité, s’offre comme une vertigineuse vision kaléidoscopique face à laquelle le travail du jury fut certainement titanesque. Au moins 5 projets en ressortent avec les honneurs. Le Veil Garden des architectes et paysagistes de l’équipe DIGSAU de Philadelphie a misé sur le très ancien mythe des 4 éléments (vent, feu, eau, terre) organisant les espaces d’un enclos de métal perforé. Le projet des Australiens du groupe Habitation joue sur le désir de transgression, sur le besoin d’aller y goûter de l’autre côté de la clôture : une échelle en équilibre permettant de franchir la limite entre deux fonds de scène tapissés de verdure. Quant au troisième projet sélectionné, celui d’une architecte paysagiste canadienne exilée aux Pays-Bas, il nous rappelle, avec humour et sens critique, l’importance de ces petits univers que nous foulons de nos pieds distraits, sur le sol des forêts : ces micronatures (Tiny Taxonomy) devenant autant de petits jardins des merveilles. Le jury a tenu également à mentionner deux autres projets (deux seulement sur 276 ?) : le projet Dirt Roll d’une autre équipe hollandaise, décidément, décline et déroule avec beaucoup d’esprit de système le principe des rouleaux de pelouse, tandis que le collectif rassemblé par et autour du collectif Ekip — bien connu à Montréal et dans ses banlieues — nous rappelle à l’ordre sur « l’envers du paradis », sur ces projets en creux que sont les sites miniers, objets de convoitise et, ne l’oublions pas, de dévastation.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur les centaines d’idées et de points de vue que cette extraordinaire édition de Métis 2010 livre — pour des heures de plaisir — à notre insatiable curiosité. On nous permettra de souligner que le LEAP, qui assure la mise à jour du Catalogue des Concours Canadiens, n’avait, jusque-là, jamais documenté autant de projets pour un même concours. Il a fallu plus de trois semaines de travail aux étudiants/assistants recrutés pour cette tâche pour indexer ces milliers de documents, mais nous tenions à ce que l’intégralité des projets, et donc de l’évènement, soit accessible au plus grand nombre : à ceux qui auront la chance de découvrir de visu les trois jardins sélectionnés, comme à ceux qui ne les découvriront que sur le site du CCC, parfois de très loin du Canada. Rappelons que le site du CCC est fréquenté mensuellement par plusieurs milliers de visiteurs du monde entier et qu’avec cette mise à jour de février 2010 nous atteignons le chiffre de 2000 projets pour 73 concours documentés!
Dans son triptyque intitulé le « Jardin des délices » (1504), Jérôme Bosch, le dernier grand peintre du Moyen Âge, avait imaginé des milliers de formes folles, humaines et fantastiques se déployant entre l’enfer et le paradis : en voici au moins 270 de plus à mettre au compte de ce grand mythe collectif.
Pour cet incontournable et, disons-le d’emblée, foisonnant rendez-vous de la créativité, la question ne manquait pas de piquant : « à quoi ressemble le paradis aujourd’hui ? » Elle appelait en fait un grand remue-méninge sur l’actualité des concepts et des pratiques en matière d’architecture de paysage. Le résultat, ici dévoilé dans sa totalité, s’offre comme une vertigineuse vision kaléidoscopique face à laquelle le travail du jury fut certainement titanesque. Au moins 5 projets en ressortent avec les honneurs. Le Veil Garden des architectes et paysagistes de l’équipe DIGSAU de Philadelphie a misé sur le très ancien mythe des 4 éléments (vent, feu, eau, terre) organisant les espaces d’un enclos de métal perforé. Le projet des Australiens du groupe Habitation joue sur le désir de transgression, sur le besoin d’aller y goûter de l’autre côté de la clôture : une échelle en équilibre permettant de franchir la limite entre deux fonds de scène tapissés de verdure. Quant au troisième projet sélectionné, celui d’une architecte paysagiste canadienne exilée aux Pays-Bas, il nous rappelle, avec humour et sens critique, l’importance de ces petits univers que nous foulons de nos pieds distraits, sur le sol des forêts : ces micronatures (Tiny Taxonomy) devenant autant de petits jardins des merveilles. Le jury a tenu également à mentionner deux autres projets (deux seulement sur 276 ?) : le projet Dirt Roll d’une autre équipe hollandaise, décidément, décline et déroule avec beaucoup d’esprit de système le principe des rouleaux de pelouse, tandis que le collectif rassemblé par et autour du collectif Ekip — bien connu à Montréal et dans ses banlieues — nous rappelle à l’ordre sur « l’envers du paradis », sur ces projets en creux que sont les sites miniers, objets de convoitise et, ne l’oublions pas, de dévastation.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur les centaines d’idées et de points de vue que cette extraordinaire édition de Métis 2010 livre — pour des heures de plaisir — à notre insatiable curiosité. On nous permettra de souligner que le LEAP, qui assure la mise à jour du Catalogue des Concours Canadiens, n’avait, jusque-là, jamais documenté autant de projets pour un même concours. Il a fallu plus de trois semaines de travail aux étudiants/assistants recrutés pour cette tâche pour indexer ces milliers de documents, mais nous tenions à ce que l’intégralité des projets, et donc de l’évènement, soit accessible au plus grand nombre : à ceux qui auront la chance de découvrir de visu les trois jardins sélectionnés, comme à ceux qui ne les découvriront que sur le site du CCC, parfois de très loin du Canada. Rappelons que le site du CCC est fréquenté mensuellement par plusieurs milliers de visiteurs du monde entier et qu’avec cette mise à jour de février 2010 nous atteignons le chiffre de 2000 projets pour 73 concours documentés!
Dans son triptyque intitulé le « Jardin des délices » (1504), Jérôme Bosch, le dernier grand peintre du Moyen Âge, avait imaginé des milliers de formes folles, humaines et fantastiques se déployant entre l’enfer et le paradis : en voici au moins 270 de plus à mettre au compte de ce grand mythe collectif.