Des idées, du vinyle et des jeux panaméricains à Toronto
par Georges Adamczyk, publié le 2013-01-25
Les jeux panaméricains auront lieu en 2015 à Toronto. Les athlètes de plus d’une quarantaine de pays des Amériques seront réunis, un an avant les Jeux olympiques de 2016 à Rio de Janeiro. Le secteur de la ville choisi pour ces jeux se trouve à l’est du centre-ville, prolongeant le renouveau urbain déjà engagé depuis plusieurs décades dans le quartier du marché Saint-Laurent et le quartier de la distillerie. Ce secteur se trouve immédiatement au nord du grand projet de réaménagement des rives, lequel a donné lieu à plusieurs grands concours d’architecture de paysage urbain.
Prenant ces jeux panaméricains comme contexte, un concours international d’architecture pour les étudiants a été organisé en 2010 par l’AIAS (American Institute of Architecture Students) et il a été soutenu par deux commanditaires: The Vinyl Institute et l’ACIP (l’Association Canadienne de l’Industrie des Plastiques). L’objet du concours était la conception d’un pavillon de cérémonie en plein air, offrant des sièges pour 4000 personnes et capable d’accueillir 7000autres personnes dans un espace ouvert prolongeant cet amphithéâtre extérieur. L’ampleur de la scène avec son proscenium était fixée à 4400 pieds carrés. À cela, s’ajoutaient des salles techniques, des vestiaires et des services divers. Parmi les critères principaux annoncés pour le jugement des projets soumis sous forme de planches graphiques complétées par une vidéo de 30 secondes, il faut noter les suivants :
• Utilisation intelligente et appropriée de produits (non restreinte à ceux qui seraient disponibles sur le marché) et exploration du potentiel des nouvelles applications du vinyle comme matériau de construction ;
• Application des principes de conception soutenable et universelle pour le développement du bâtiment et du site ;
• Capacité de proposer un concept original.
Dans le secteur prévu pour les jeux panaméricains, les concurrents devaient choisir d’intervenir sur l’un des trois sites proposés, de part et d’autre de l’autoroute Gardiner. Ces trois sites étaient identifiés ainsi :
• Le Village des athlètes ;
• Les terrains d’athlétisme ;
• Les rives – Toronto Waterfront.
On comprend la complexité du concours, combinant enjeux d’échelles, innovations industrielles, recherche d’originalité et exigences logistiques. Ceci expliquerait peut-être que hormis les sept lauréats, les projets des autres concurrents ne soient pas disponibles à la consultation, faute, sans doute, d’avoir répondu à toutes les questions posées.
Deux des sites proposés se sont avérés plus attrayants pour les concurrents. Le Village des athlètes imposait de penser à long terme l’aménagement de ce nouveau quartier de Toronto et l’implantation d’un équipement plus durable. Il a été choisi par deux des lauréats.
Le site du Waterfront, géographiquement ouvert sur le port et le grand large, était capable d’inspirer des créations plus symboliques et plus autonomes, à l’échelle de la métropole. Ce dernier a été choisi par cinq des lauréats. Des sept propositions que nous sommes en mesure de présenter, la proposition lauréate ayant obtenu le premier prix, est sans conteste la plus originale, rencontrant très bien les trois critères principaux. Étudiants de Suisse, les concepteurs de TKARONTO, le nom d’origine de Toronto, s’inspirent des arbres et fabriquent une sorte de canopée faite de ballons météorologiques gonflés à l’hélium. Cette proposition évoque l’Architecture de l’air de Yves Klein des années 50 ou encore l’Instant City de Ron Herron et Peter Cook dans les années 60, sans oublier le Pavillon américain à l’exposition universelle d’Osaka en 1970 et toutes ces architectures légères et suspendues de Yona Friedman, Frei Otto et Hans-Walter Müller. Les concurrents n’hésitent pas à retourner au temps de Vers une architecture en utilisant le silo de la Victory Soya Mills comme grand signal. Cette architecture d’air et de lumière, flottant entre terre et ciel, d’où émerge le grand silo, est tout à fait « intelligente et appropriée » dans ses applications ready-made du vinyle comme dans la mise en valeur d’un objet trouvé sur un site exceptionnel.
Les autres propositions peinent souvent à aménager le site choisi en s’engageant dans des manoeuvres complexes de terrassement, remblai ou déblai, souvent trop importantes pour un tel projet. On retiendra surtout, pour trois projets, le recours à des images s’inspirant soit des tensions musculaires, des parcours circulatoires ou en encore de la grâce des outardes en vol. Deux projets choisissent d’explorer la structure légère, l’une plus classique, mais répondant bien, par son jeu de pièces à la Renzo Piano, aux exigencesdu montage et du démontage, l’autre, plus exploratoire, s’inspirant du Diagramme de Voronoï et de son calcul algorithmique. Finalement, un projet nous ramène aux recherches d’architectures cinétiques, très prisées dans les années 70, alors que l’on découvrait avec fascination l’avion de chasse F-111 aux ailes transformables, juste avant que Goldorak entre en scène à la télévision japonaise en 1975, suivi des Transformers en 1984 aux É.-U., comme avatars animés des architectures métaboliques.
Ce type de concours étudiants a le grand mérite d’ouvrir à la pensée tout un imaginaire architectural qui ne demande qu’à être recyclé. Les concurrents sont bien loin d’une vision vinylique du monde et l’utopie qu’ils redécouvrent est plutôt joyeuse et rassurante. Sans aucun doute, aussi farfelues soient-elles, toutes les autres propositions auraient mérité d’être rassemblées par l’AIAS et offertes à la réflexion de tous les étudiants des écoles d’architecture.
Prenant ces jeux panaméricains comme contexte, un concours international d’architecture pour les étudiants a été organisé en 2010 par l’AIAS (American Institute of Architecture Students) et il a été soutenu par deux commanditaires: The Vinyl Institute et l’ACIP (l’Association Canadienne de l’Industrie des Plastiques). L’objet du concours était la conception d’un pavillon de cérémonie en plein air, offrant des sièges pour 4000 personnes et capable d’accueillir 7000autres personnes dans un espace ouvert prolongeant cet amphithéâtre extérieur. L’ampleur de la scène avec son proscenium était fixée à 4400 pieds carrés. À cela, s’ajoutaient des salles techniques, des vestiaires et des services divers. Parmi les critères principaux annoncés pour le jugement des projets soumis sous forme de planches graphiques complétées par une vidéo de 30 secondes, il faut noter les suivants :
• Utilisation intelligente et appropriée de produits (non restreinte à ceux qui seraient disponibles sur le marché) et exploration du potentiel des nouvelles applications du vinyle comme matériau de construction ;
• Application des principes de conception soutenable et universelle pour le développement du bâtiment et du site ;
• Capacité de proposer un concept original.
Dans le secteur prévu pour les jeux panaméricains, les concurrents devaient choisir d’intervenir sur l’un des trois sites proposés, de part et d’autre de l’autoroute Gardiner. Ces trois sites étaient identifiés ainsi :
• Le Village des athlètes ;
• Les terrains d’athlétisme ;
• Les rives – Toronto Waterfront.
On comprend la complexité du concours, combinant enjeux d’échelles, innovations industrielles, recherche d’originalité et exigences logistiques. Ceci expliquerait peut-être que hormis les sept lauréats, les projets des autres concurrents ne soient pas disponibles à la consultation, faute, sans doute, d’avoir répondu à toutes les questions posées.
Deux des sites proposés se sont avérés plus attrayants pour les concurrents. Le Village des athlètes imposait de penser à long terme l’aménagement de ce nouveau quartier de Toronto et l’implantation d’un équipement plus durable. Il a été choisi par deux des lauréats.
Le site du Waterfront, géographiquement ouvert sur le port et le grand large, était capable d’inspirer des créations plus symboliques et plus autonomes, à l’échelle de la métropole. Ce dernier a été choisi par cinq des lauréats. Des sept propositions que nous sommes en mesure de présenter, la proposition lauréate ayant obtenu le premier prix, est sans conteste la plus originale, rencontrant très bien les trois critères principaux. Étudiants de Suisse, les concepteurs de TKARONTO, le nom d’origine de Toronto, s’inspirent des arbres et fabriquent une sorte de canopée faite de ballons météorologiques gonflés à l’hélium. Cette proposition évoque l’Architecture de l’air de Yves Klein des années 50 ou encore l’Instant City de Ron Herron et Peter Cook dans les années 60, sans oublier le Pavillon américain à l’exposition universelle d’Osaka en 1970 et toutes ces architectures légères et suspendues de Yona Friedman, Frei Otto et Hans-Walter Müller. Les concurrents n’hésitent pas à retourner au temps de Vers une architecture en utilisant le silo de la Victory Soya Mills comme grand signal. Cette architecture d’air et de lumière, flottant entre terre et ciel, d’où émerge le grand silo, est tout à fait « intelligente et appropriée » dans ses applications ready-made du vinyle comme dans la mise en valeur d’un objet trouvé sur un site exceptionnel.
Les autres propositions peinent souvent à aménager le site choisi en s’engageant dans des manoeuvres complexes de terrassement, remblai ou déblai, souvent trop importantes pour un tel projet. On retiendra surtout, pour trois projets, le recours à des images s’inspirant soit des tensions musculaires, des parcours circulatoires ou en encore de la grâce des outardes en vol. Deux projets choisissent d’explorer la structure légère, l’une plus classique, mais répondant bien, par son jeu de pièces à la Renzo Piano, aux exigencesdu montage et du démontage, l’autre, plus exploratoire, s’inspirant du Diagramme de Voronoï et de son calcul algorithmique. Finalement, un projet nous ramène aux recherches d’architectures cinétiques, très prisées dans les années 70, alors que l’on découvrait avec fascination l’avion de chasse F-111 aux ailes transformables, juste avant que Goldorak entre en scène à la télévision japonaise en 1975, suivi des Transformers en 1984 aux É.-U., comme avatars animés des architectures métaboliques.
Ce type de concours étudiants a le grand mérite d’ouvrir à la pensée tout un imaginaire architectural qui ne demande qu’à être recyclé. Les concurrents sont bien loin d’une vision vinylique du monde et l’utopie qu’ils redécouvrent est plutôt joyeuse et rassurante. Sans aucun doute, aussi farfelues soient-elles, toutes les autres propositions auraient mérité d’être rassemblées par l’AIAS et offertes à la réflexion de tous les étudiants des écoles d’architecture.