Fraîcheur des firmes, opacité du jugement
par Konstantina Theodosopoulos, publié le 2013-02-22
En tant que métropole, Montréal offre très peu d’espaces non aménagés. La création d’un nouveau parc public représente donc une opportunité pour les firmes d’architecture de paysage de se pencher sur des questions telles que la lutte aux îlots de chaleur, les lieux de rencontre ou encore les stratégies de circulations, ainsi que de redéfinir l’aménagement d’un espace vert contemporain. Pour les futurs designers comme pour les étudiants, tout concours peut devenir une leçon. Encore faut-il qu’elle soit pédagogique et transparente.
Trois firmes d’architecture de paysage ont été retenues pour le concours d’architecture de paysage Place de l’Acadie, lancé en 2010, organisé par l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, autour de la problématique de l’aménagement des espaces verts en milieu urbain : NIPpaysage, le consortium Version Paysage + Vlan paysages, et Groupe Rousseau Lefebvre. Le programme du concours formulait pour objectif la création d’une « place de fraîcheur » qui contribuerait à la lutte contre les îlots de chaleur. Le défi consistait en l’aménagement d’un terrain d’environ 3200 m2 situé au sud-ouest du croisement des boulevards de l’Acadie et d’Henri-Bourassa, à proximité de plusieurs parcs, d’arénas et de développements résidentiels. Ce concours s’inscrivait dans le contexte plus large de la rénovation des places de l’Acadie et Henri-Bourassa, y compris la démolition et la reconstruction de logements considérés insalubres.
Les trois équipes concurrentes, aux visions diversifiées, ont développé des propositions d’aménagement étonnamment différentes. Le projet lauréat, de NIPpaysage, définissait le parc par un parcours radial menant à une place publique centrale. Le projet de Version + Vlan paysage proposait quant à lui un parcours linéaire dans le parc, tandis que le Groupe Rousseau Lefebvre présentait un parcours en boucle, centré sur l’eau, élément fondamental dans l’histoire de l’Acadie. Ce parcours circulaire et fluide offrait la mise en valeur de l’eau sur le site, notamment comme élément rafraîchissant, contrairement au projet de Version + Vlan Paysage présentant un parcours linéaire à travers le site, appelé « barre paysagère » et s’étendant au-delà des limites du site pour venir toucher l’échelle urbaine.
Nous l’avons dit, le projet lauréat de NIPpaysage misait plutôt sur une circulation radiale conduisant à un point de rencontre focal. Intitulé « Mosaïques », on remarquera qu’il présente une « île coupe-son », c’est-à-dire un endroit protégé des bruits provenant des deux grands boulevards adjacents par l’aménagement de buttes en périphérie du parc. Le projet offre une variété d’expériences aux futurs usagers du parc avec notamment la plantation d’une végétation variée et l’intégration d’une variété de dispositifs, dont une glissoire insérée dans une pente, une patinoire (en saison hivernale), des brumisateurs animés d’un jeu de lumière (en saison estivale), un rocher d’escalade, une aire de jeux pour les enfants, des espaces jardinés, des bancs de pierre et même un amphithéâtre. Plusieurs éléments font également écho au passé de l’arrondissement et les planches de présentation démontrent un processus de conception qui est particulièrement intéressant. Le rapport du jury précise que le projet s’est démarqué par rapport aux demandes dans le règlement du concours par « la variété, la qualité et la cohérence des lieux proposés, l’intelligence de la réponse du concept en regard du contexte, la performance potentielle en terme de production de fraîcheur, la sensibilité des ambiances de par l’approche humaniste du concept, la subtilité et la qualité évocatrice des éléments commémoratifs, la convivialité des espaces de rencontre, la faisabilité technique et la viabilité du concept notamment quant à son adaptabilité en vue des étapes subséquentes » (tiré du rapport du jury).
Cependant, tandis que le document officiel, mais succinct intitulé « rapport du jury » se limite à révéler les qualités du lauréat, il n’offre aucun commentaire sur les forces et faiblesses des deux autres projets. Il ne s’agit pas d’un rapport, mais simplement d’un communiqué du résultat et force est de constater que les organisateurs nous laissent sur une énigme qui ouvre sur au moins trois questions :
• Trois réponses à une question posée suffisent- elles afin de bien débattre de cette même question ?
• La sélection de trois concurrents sur dossier contribue-t-elle ou au contraire nuit-elle à la pertinence du principe de jugement par concours ?
• Quelles étaient les forces et les faiblesses des deux autres projets soumis au concours ?
Trois firmes d’architecture de paysage ont été retenues pour le concours d’architecture de paysage Place de l’Acadie, lancé en 2010, organisé par l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, autour de la problématique de l’aménagement des espaces verts en milieu urbain : NIPpaysage, le consortium Version Paysage + Vlan paysages, et Groupe Rousseau Lefebvre. Le programme du concours formulait pour objectif la création d’une « place de fraîcheur » qui contribuerait à la lutte contre les îlots de chaleur. Le défi consistait en l’aménagement d’un terrain d’environ 3200 m2 situé au sud-ouest du croisement des boulevards de l’Acadie et d’Henri-Bourassa, à proximité de plusieurs parcs, d’arénas et de développements résidentiels. Ce concours s’inscrivait dans le contexte plus large de la rénovation des places de l’Acadie et Henri-Bourassa, y compris la démolition et la reconstruction de logements considérés insalubres.
Les trois équipes concurrentes, aux visions diversifiées, ont développé des propositions d’aménagement étonnamment différentes. Le projet lauréat, de NIPpaysage, définissait le parc par un parcours radial menant à une place publique centrale. Le projet de Version + Vlan paysage proposait quant à lui un parcours linéaire dans le parc, tandis que le Groupe Rousseau Lefebvre présentait un parcours en boucle, centré sur l’eau, élément fondamental dans l’histoire de l’Acadie. Ce parcours circulaire et fluide offrait la mise en valeur de l’eau sur le site, notamment comme élément rafraîchissant, contrairement au projet de Version + Vlan Paysage présentant un parcours linéaire à travers le site, appelé « barre paysagère » et s’étendant au-delà des limites du site pour venir toucher l’échelle urbaine.
Nous l’avons dit, le projet lauréat de NIPpaysage misait plutôt sur une circulation radiale conduisant à un point de rencontre focal. Intitulé « Mosaïques », on remarquera qu’il présente une « île coupe-son », c’est-à-dire un endroit protégé des bruits provenant des deux grands boulevards adjacents par l’aménagement de buttes en périphérie du parc. Le projet offre une variété d’expériences aux futurs usagers du parc avec notamment la plantation d’une végétation variée et l’intégration d’une variété de dispositifs, dont une glissoire insérée dans une pente, une patinoire (en saison hivernale), des brumisateurs animés d’un jeu de lumière (en saison estivale), un rocher d’escalade, une aire de jeux pour les enfants, des espaces jardinés, des bancs de pierre et même un amphithéâtre. Plusieurs éléments font également écho au passé de l’arrondissement et les planches de présentation démontrent un processus de conception qui est particulièrement intéressant. Le rapport du jury précise que le projet s’est démarqué par rapport aux demandes dans le règlement du concours par « la variété, la qualité et la cohérence des lieux proposés, l’intelligence de la réponse du concept en regard du contexte, la performance potentielle en terme de production de fraîcheur, la sensibilité des ambiances de par l’approche humaniste du concept, la subtilité et la qualité évocatrice des éléments commémoratifs, la convivialité des espaces de rencontre, la faisabilité technique et la viabilité du concept notamment quant à son adaptabilité en vue des étapes subséquentes » (tiré du rapport du jury).
Cependant, tandis que le document officiel, mais succinct intitulé « rapport du jury » se limite à révéler les qualités du lauréat, il n’offre aucun commentaire sur les forces et faiblesses des deux autres projets. Il ne s’agit pas d’un rapport, mais simplement d’un communiqué du résultat et force est de constater que les organisateurs nous laissent sur une énigme qui ouvre sur au moins trois questions :
• Trois réponses à une question posée suffisent- elles afin de bien débattre de cette même question ?
• La sélection de trois concurrents sur dossier contribue-t-elle ou au contraire nuit-elle à la pertinence du principe de jugement par concours ?
• Quelles étaient les forces et les faiblesses des deux autres projets soumis au concours ?