Recréer le logement social
Le
CCC présente ce mois-ci les projets et les lauréats du concours du LEAP intitulé « Repenser et redéfinir le logement social au centre-ville » centré sur des sites montréalais. Ce concours s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche-création intitulé « Le logement social comme espace de création, d’innovation et de critique dans les centres-villes canadiens » subventionné par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada dans le cadre de son programme d’appui à la recherche-création, un programme qui contribue au renouveau et à la dynamisation de la recherche et dont nous déplorons la suspension. Cette suspension est d’autant plus malheureuse qu’il s’agisse du seul programme national favorisant la collaboration entre chercheurs et créateurs. Rappelons que la recherche-création est une recherche directement liée à un travail de création artistique ou littéraire, qui en favorise l’avancement ou l’évolution et qui contribue à la formation des étudiants.
Tout comme le premier concours du LEAP lancé en 2006, ce second volet vise à explorer les idées nouvelles que peut engendrer l’implantation de logement social en centre- ville et à initier une réflexion architecturale, urbaine et politique sur la définition des centres-villes en proposant, cette fois-ci, une ville et un lieu, soit Montréal et le secteur limité par les rues Guy, Sainte-Catherine, Peel et par le boulevard René-Lévesque. Ce secteur se trouve à la jonction de zones significatives dans la définition du centre-ville, soit la Cité de la technologie, l’Université Concordia, la grande artère commerciale de la rue Sainte-Catherine, le centre des affaires et à proximité de deux importants musées, le Musée des Beaux-arts et le Centre Canadien d’Architecture. Considérablement déstructuré au cours des quarante-cinq dernières années, il est aujourd’hui principalement constitué de lots non construits occupés par des stationnements. À l’heure où le centre-ville de Montréal connait le retour des mieux nantis et se transforme peu à peu sous l’effet de la construction de condominiums de luxe, le secteur mis à l’étude dans le cadre du concours semble constituer un terrain d’essai idéal.
Les résultats de cette recherche-création offrent un portrait pan canadien saisissant de l’état de la réflexion des étudiants en architecture sur le logement social et la ville. Curieusement, dans le premier concours, comme dans le second, le travail sur la forme urbaine a généralement primé sur l’étude fine des espaces de vie, comme si l’espace domestique n’offrait qu’un champ de recherche et de création limité et, particulièrement dans le second concours, comme si l’importance de la problématique urbaine et le désir de transgresser l’ordre établi des alignements, des gabarits et des reculs avaient monopolisé toutes les énergies des concurrents.
Plusieurs des propositions au second concours du LEAP témoignent d’une transgression de la trame existante et ont recours à une architecture modulaire qui pourrait être inspirée des grands projets d’Archigram ou de
Team Ten en reprenant certaines des idées qui se sont concrétisées dans la réalisation d’Habitat 67. On pourrait également évoquer ici le socle urbain des Îlots Saint-Martin, les redents de
Benny Farm et les grands espaces des Habitations Jeanne- Mance, des dispositifs revisités avec grand enthousiasme par une nouvelle génération férue d’écologie et qui a de la vie urbaine, de la mixité sociale et d’un certain chaos, une vision apparemment plus sereine que celle de ses ainés. En fin de parcours, le jury aura surtout été séduit par un projet sensible, imaginatif, et somme toute, modeste, qui traite du logement à l’échelle du quartier montréalais et qui, par son traitement graphique, fait oublier l’ubiquité du numérique.
Le concours Repenser et redéfinir le logement social en centre-ville est un projet de
recherche/création qui vise à explorer des idées nouvelles pour le logement social dans les centres-villes des grandes métropoles canadiennes. Le but de ce projet est de provoquer chez les étudiants une réflexion critique portant sur la construction de nos centres-villes et de les amener à soulever des questions et à formuler des propositions, tant pour les spécialistes que pour l'ensemble des citoyens.
Les architectes peuvent et doivent avoir une influence sur la forme que prennent les villes ainsi que sur les modes de vie de leurs habitants. Ce concours est donc l'occasion de démontrer comment de nouveaux lieux redéfiniront par exemple :
- Le statut de l'individu dans la ville
- L'idée de l'habitat, de ses fonctions, de son esthétique et de ses formes
- La notion de collectivité et de mixité dans l'habitat
- La vie culturelle dans la ville
- Des espaces sécuritaires pour tous
- Un habitat durable et renouvelable
- L'interface entre domaine privé et domaine public.
Chacun de ces aspects est relié, de près ou de loin, au thème du logement social.
L'équipe du L.e.a.p. cherche à déterminer comment les défis posés par la vie urbaine peuvent être relevés par une architecture innovante et critique afin de démontrer qu'il est possible de créer des espaces pour tous dans nos centres-villes et d'en enrichir ainsi la structure.
Des projets tels Nemausus réalisé par l'architecte Jean Nouvel à Nîmes en France ou encore Rural Studio à Auburn University's aux États-unis sont des exemples contemporains d'une remise en question d'enjeux sociaux par le biais de solutions architecturales inspirées et innovantes. Le projet de Nouvel, un édifice de logements sociaux sur quatre étages, fait usage d'un langage tectonique non traditionnel et crée des espaces flexibles et accueillants pour ses habitants. Les étudiants en architecture ayant participé au projet de Rural Studio ont, quant à eux, remis en question les besoins locaux tout en brisant les stéréotypes associés à la pauvreté : ils ont dessiné, créé et construit tout en vivant au sein même d'une communauté défavorisée. Dans le même esprit, le concours du L.e.a.p. vise à dépasser les limites de la création en proposant l'architecture comme véhicule du changement.
Ce concours constitue une occasion unique pour les étudiants de contribuer à promouvoir, par l'architecture, une plus grande mixité sociale en centre-ville.
Ce concours vise à renouveler la réflexion sur le logement social en centre-ville. Ainsi, les participants sont invités à développer leur propre questionnement. La liste suivante n'est pas exhaustive :
- De quelle façon le logement social peut-il transformer la structure des centres-villes?
- Comment le logement social peut-il répondre aux besoins d'une clientèle diversifiée?
- Comment assurer la pérennité des logements ?
- Comment l'architecture peut-elle être socialement inclusive?
- Comment un espace de bureau, un stationnement ou encore un trottoir peuvent-ils être multifonctionnels? (Pensez à la simultanéité et à la temporalité.)
- Comment utiliser à bon escient les « maigres » subventions allouées au logement social?
- Jusqu'à quel point faut-il prendre en compte le soutient aux sans-abri dans la conception du logement social?
- Comment le logement social peut-il s'adapter aux strictes règles de l'économie et du zonage des centres-villes?
- Comment la créativité et l'innovation dans la création de logement social peuvent-elles rejoindre ou détourner les motifs qui dirigent l'économie des villes ? (Pensez à l'évolution des villes dans les 5, 10 ou 15 prochaines années.)
- Comment l'architecture peut-elle combler les désirs des populations urbaines?
- Comment le bâti peut-il influencer les interactions sociales dans les centres-villes?
- Comment le logement social peut-il être intégré aux centres-villes au-delà de l'optimisation de la productivité et de l'occupation? (Pensez aux flux des travailleurs.)
* De quelle façon le logement social peut-il informer et influencer les politiques publiques?
* Comment la philanthropie peut-elle former et moduler l'espace social?
* Comment l'architecture peut-elle créer un noyau utopique dans les centres-villes?
* Comment l'architecture, l'habitat urbain et les espaces vacants des centres-villes peuvent-ils contribuer à assurer l'autosuffisance de ses habitants? (Pensez à l'agriculture urbaine.)
L'opinion des étudiants est unique et pertinente. Ils et elles ne sont pas entravés par les limites de la profession, par ses codes, ses lois, ses intentions, ses stigmates ou ses attentes. Ce concours les invite à repousser les limites de leurs habiletés techniques et de leurs ambitions créatrices afin de renverser le statu quo du développement de nos centres-villes et de les transformer en espaces inclusifs et stimulants.
En octobre 2006, le jury évaluera les 15 propositions et décernera des prix. Les prix seront attribués sur la base de la contribution des projets à la création, à l'innovation et à la critique architecturale et urbaine dans le contexte de l'intégration du logement social en centre-ville.
Le jury final se compose comme suit:
Président:
Georges Teyssot, architecte, historien et critique, professeur titulaire à l'École d'architecture de l'Université Laval, Québec
Membres:
- Raouf Boutros, architecte, Boutros & Pratte architectes, Montréal
- Francine Dansereau, sociologue, professeure honoraire à la INRS-Urbanisation, Université du Québec, Montréal
- Édith Girard, architecte, professeure à l'École nationale supérieure d'architecture de Paris-Belleville, Paris
- Oliver Lang, architecte, Lang Wilson Practice in Architecture Culture et professeur à UBC, Vancouver
- Ian Macburnie, architecte, professeur au Department of Architectural Science, Ryerson University, Toronto
Dans l'évaluation de chacun des projets, les membres du jury tiendront compte, entre autres, des critères suivants :
- Le renouveau de la créativité et de la responsabilité sociale en architecture urbaine.
- Le potentiel de stimulation d'un débat public sur la redéfinition du logement social et sur son intégration en centre-ville du projet.
- La pertinence de l'exploration typologique, esthétique, tectonique et urbaine.
Ce concours de recherche/création entend répondre au mandat que s'est donné l'équipe du LEAP en contribuant à l'avancement du processus de pensée créative en architecture. Ayant pour objectif la promotion des activités de recherche et des projets de développement scientifique, le LEAP cherche à multiplier les occasions de création d'une architecture potentielle de qualité.
(Tiré du règlement du concours)
10 avril 2006 : Lancement officiel du concours et appel aux étudiants participants
11 avril 2006 : Ouverture de la période de questions
3 mai 2006 : Fermeture de la période de questions de présélection
10 mai 2006 : Date limite de dépôt des dossiers de présélection - doit être envoyé avant le 10 mai et doit être reçu par L.e.a.p. avant le 17 mai
Du 17 au 24 mai 2006 : Examen des portfolios et sélection des 15 équipes retenues pour la suite de la procédure
25 mai 2006 : Les équipes seront informées si elles ont été sélectionnées pour passer à la phase I ou non.
26 mai 2006 : Ouverture de la période de questions de la phase I
3 août 2006 : Clôture de la période de questions de la phase I
15 août 2006 : Date limite pour la soumission finale de la phase I - le cachet de la poste doit être apposé avant le 15 août et la soumission doit être reçue par L.e.a.p. avant le 22 août
13 octobre 2006 : Délibération du jury
14 octobre 2006 : Présentation des projets des lauréats, séance de discussion publique et exposition des 15 projets sélectionnés
14 octobre 2006 : Lancement de la publication web sur le catalogue des concours canadiens
(Traduction automatisée non officielle)