Haut lieu d'un silence habité
La beauté seule du site et de son paysage lui confère le statut de haut lieu. L'aspiration qu'entretient cette communauté d'atteindre ici, mieux qu'ailleurs, un rapport à soi, au divin en consolide le fait. Acte mentalement structuré par l'homme, la fondation du monastère se doit d'investir ce lieu vrai, qui possède déjà une vie, en étroite relation avec le paysage et le ciel, non seulement en juxtaposition, mais en interaction avec les éléments du territoire.
Le projet naît de l'émergence d'un massif de pierre profondément ancré à la terre, immuable au milieu de la forêt qui devient lui-même cloître. Elle enrobe et protège, dissimule même, ce lieu de silence et de recueillement, de spiritualité. Il faut donc l'altérer au minimum, juste ce qu'il faut pour s'implanter. Seule une bande sur l'axe nord-sud, entre le patio et le belvédère est substantiellement déboisée en s'ouvrant sur la vallée, créant un parcours à travers ce qui devrait être le jardin des moines; idéalement un potager, illustration de la nourriture du corps nécessaire à celle de l'esprit, du labeur et du cycle de la vie.
L'appropriation du lieu qui s'opère part évidemment du socle, sculpté, dégrossi pour en faire ressurgir l'âme. L'église abbatiale type, représentation du corps de Dieu et le cloître, inscrit autour d'un carré parfait ouvert au ciel, est créé par soustraction. La matière s'élève pour laisser place à l'espace, à la lumière.
Outre sa partie haute transparente, immatérielle, en émergence par rapport au reste du monastère, l'église est totalement introvertie. Implantée sur l'axe est-ouest, elle divise, en quelque sorte, le bâtiment en deux, créant une faille qui se dresse autant comme lien unificateur que comme limite entre le privé et le public, les moines et leurs hôtes. L'autre limite, la clôture monastique, matérialisée par une corde de bois, dessine une large ellipse qui love l'abbaye en englobant, au passage, une portion des sentiers existants.
Sur les façades, des brèches apparaissent, représentation de la projection des arbres sur la masse. Expression de la jointure entre nature et culture, les ouvertures qui en découlent s'ouvrent « sur la terre comme au ciel » et permettent une pénétration de la lumière en profondeur. Ces bandes verticales alliées aux plans de façade décalés suggèrent des cascades d'eau en palier.
La simplicité des lignes, des volumes, l'utilisation d'une matière unique contribuent au silence de l'architecture comme élément essentiel et favorable au travail spirituel et à la fondation.
(Extrait du texte du concurrent)
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