Dans le cadre des célébrations du 400e anniversaire de la fondation de la Ville de Québec, la mise en valeur du site de l'îlot des Palais constitue un outil socioculturel et récréotouristique formidable pour dynamiser le quartier des palais et diffuser la valeur historique et patrimoniale exceptionnelle des lieux. La réalisation de ce projet s'avère d'autant plus intéressante qu'il présente des enjeux et des défis stimulants sur le plan urbanistique, architectural, historique et socio-économique. De par le caractère unique du site, le concept choisi rappelle non seulement l'histoire, mais participe aussi à son évolution.
CONCEPT :
LES TRACES DU PASSÉ
Les bases du concept proposé reposent sur les notions d'archéologie et sur une lecture approfondie de l'évolution historique des constructions comme traces du passé. Ainsi, l'analyse de l'occupation démontre distinctement au fil des transformations de l'îlot des empreintes distinctives sur l'ensemble du site. Certes {es bâtiments qui jadis s'érigeaient fièrement sur le site sont réduits à de simples vestiges, mais la force que présente la science de l'archéologie est d'alimenter l'imaginaire collectif et de faire éclore une meilleure compréhension des chemins qu'a pris l'histoire de la ville.
STRATIFICATION
Toute la richesse historique de l'îlot des Palais est également mise en lumière par une stratification du site, une notion inhérente à l'archéologie. Les différentes couches présentes dans un sol riche en histoire demeurent souvent le seul témoin des différentes époques pour assurer l'interprétation des vestiges archéologiques. De surcroît, l'îlot des Palais présente une stratification horizontale forte : la bande du premier palais, la bande du second palais et la bande industrielle. Dans ce contexte, le projet utilise ces strates distinctives afin de consolider le décalage spatio-temporel entre les différentes époques.
Dans le cadre d'une approche allégorique, il est proposé de figer dans l'espace et le temps le vide laissé par les constructions significatives disparues au lieu de reconstruire le volume du premier palais. Dans ce contexte, le nouveau musée ceinture partiellement l'empreinte tridimensionnelle et il définit, à l'aide de ses contours et de ses ombres, le volume symbolique observé historiquement. Cet espace extérieur perméable, animant à la fois l'environnement urbain et le parcours muséal des usagers, constitue le noyau autour duquel gravitent toutes les composantes architecturales du projet. Celles-ci se structurent en différentes strates intercalées entre elles, lesquelles permettent de définir le volume symbolique, d'encadrer la cour d'honneur et de mettre en valeur la composition symétrique du second palais de l'intendant. Ce dernier est mis à profit comme outil d'interprétation au même titre qu'un artéfact en s'inspirant du bâtiment d'origine. Enfin, l'aménagement du site se structure à l'aide de grandes strates longitudinales qui découlent des spécificités du site (topographie, implantation des bâtiments, système routier). Dans certains cas, elles intègrent et renforcent les diverses bandes architecturales du projet et, dans d'autres cas, elles évoquent l'implantation plus récente des constructions industrielles.
PAVILLON JEAN-TALON :
Gravitant autour du volume symbolique, les fonctions ont été regroupées selon leur nature à t`intérieur de différentes strates. De cette manière, toutes les grandes salles d'exposition sont inscrites dans une première bande le long de l'ancienne rue Saint-Vallier. Cette bande abrite à la fois la salle des vestiges surmontée du volume symbolique, la maison Fraser accueillant l'administration et les autres salles d'exposition. L'organisation des différentes salles offre de multiples expériences aux utilisateurs. D'une part, les salles d'exposition possèdent des dégagements appropriés pour les fonctions qu'elles renferment et, d'autre part, la visite des vestiges s'effectue dans un espace réduit en hauteur, rappelant aux visiteurs la nature souterraine de fouilles archéologiques. Ce sentiment est renforcé par la mise en place d'un toit végétal, assise du volume symbolique dont la finalité est précisée par une toiture aux structures de bois évoquant la volumétrie des combles des constructions antérieures. Cet espace urbain protégé et aménagé à l'aide d'une reproduction des traces du premier palais de l'intendant demeure accessible par les promeneurs du quartier et les utilisateurs du centre d'archéologie puisque ouvert sur les aménagements de la cour d'honneur.
Une seconde bande d'exposition et d'accueil joue un rôle d'interface entre la première bande, les aménagements extérieurs et le second palais de l'intendant. À l'instar de la charpente de la toiture extérieure, l'ossature principale de ce secteur du musée est proposée en bois d'oeuvre afin de créer une ambiance conviviale et enveloppante. Les entrées principale et de groupe postées à chaque extrémité dirigent les usagers en son centre, lieu de départ de la visite et assise de l'allée centrale qui conduisait à la porte principale du palais. De ce point, une vue parfaitement axiale de la façade du second palais est offerte et renforcée par sa réflexion dans un plan d'eau linéaire. Les étages supérieurs pleinement fenestrés sont, quant à eux, dédiés à l'exposition permanente. Ce filtre allégorique, en relation visuelle directe avec les vestiges, les cours et le second palais, proposent aux visiteurs une remontée dans le temps où l'interprétation des artéfacts se mêle à la contemporanéité des nouveaux ouvrages évoquant les 400 années d'histoire de la ville de Québec. A l'extrémité ouest de cette deuxième bande, un élément signal vertical signalant l'entrée principale suggère l'ancienne tour du premier palais, symbole incontesté des lieux de pouvoir. Cette composante architecturale se conjugue ainsi avec le volume symbolique de la cour des vestiges.
SECOND PALAIS DE L'INTENDANT :
Le second palais de l'intendant intègre les activités protocolaires aux étages et complémente les espaces d'exposition du pavillon Jean-Talon par l'entremise de salles voûtées au sous-sol. La reproduction historiquement plus fidèle du palais offre, par sa volumétrie et la composition de ses façades, un important contraste avec le pavillon Jean-Talon. Dans ce contexte, il assure son rôle de bâtiment dans lequel s'organisent symétriquement les composantes du programme et participe à l'interprétation du site à titre d'artéfact. L'harmonie architecturale des deux pavillons est toutefois assurée par t'utilisation de matériaux de charpente et d'enveloppe identiques, ainsi que par la mise en oeuvre de détails d'assemblage contemporain.
Dans les deux cas, une structure de béton et de bois, un parement de pierre aux textures et formats actuels et un revêtement de cuivre dans la composition des toitures unissent leur facture architecturale. Un passage éclairé par le plan d'eau vient de plus relier les deux phases.
AMÉNAGEMENT DU SITE :
La proposition d'aménagement du site étroitement liée à l'organisation architecture du projet soutient la nouvelle fonction de pôle culturel et touristique de l'îlot des Palais. Au départ senti comme un site enclavé, il s'ouvre et participe désormais à l'environnement urbain dans lequel il s'inscrit. L'aménagement débute par le jardin des vestiges, espace protégé au coeur du pavillon Jean-Talon, ouvert sur la côte de la Potasse et la promenade des fortifications. II se poursuit avec le développement de la bande principale au centre du site qui rappelle les traces des bâtiments industriels. Sa topographie variable englobe sous une toiture végétale le restaurant ouvert sur la cour d'honneur tandis qu'elle dégage en contrebas de l'autre côté de la cour une zone de vestiges extérieure. Bordée par des voies de circulation et les deux pavillons, cette bande assure donc l'accessibilité continue à la cour d'honneur et lui procure un microclimat à l'abri du vent et des longues périodes d'ensoleillement. Enfin, l'aménagement du site se termine par la mise en place d'un axe de pénétration au site en provenance de la place de la gare.
CONCLUSION :
Le concept présenté s'articule ainsi sur les traces significatives du passé et sue la stratification des composantes du site. Il génère un projet structurant pour le quartier et la nouvelle fonction du site en tant que pôle socioculturel et récréotouristique. Le vide symbolique du premier palais mis en lumière dans la proposition, juxtaposé à la cour d'honneur, offre désormais une perméabilité et une visibilité du site historique qui fut trop longtemps légué à l'oubli. Par les nouvelles fonctions muséales que la ville met de l'avant, il est certain que les traces, témoins importants de l'histoire de la ville de Québec, participeront dorénavant à l'imaginaire collectif.
(Tiré du texte du concurrent)
2e prix : 2748-3951, Gagnon Letellier Cyr Ricard Mathieu architectes (S. Brochu et F. Paradis)
Le concept proposé par les auteurs de ce projet, soit de représenter par le vide les bâtiments disparus du pavillon Jean-Talon, a séduit plusieurs membres du jury. D'emblée, le plan d'ensemble, les coupes et les perspectives témoignent d'une position franche à cet égard, supportée par un graphisme et des rendus appropriés. La transparence et la perméabilité visuelle du projet ont également été soulignées. La superposition d'une surface de représentation des vestiges donnée au public à l'extérieur, pour mieux les découvrir ensuite dans leur réalité depuis l'intérieur, est apparue comme une stratégie pleine de promesses malgré le débat qu'elle force à engager sur la vérité. Une analyse plus poussée du projet a mis en évidence que la crypte muséologique n'aurait qu'une hauteur réduite qui en limiterait l'appréciation et que le grand vide créé au-dessus des vestiges est finalement disproportionné par rapport au peu de visibilité du côté sud du site et la proximité de la tenaille. Aussi, ce grand vide extérieur qu'il faut construire entraîne des coûts supplémentaires importants pour un bénéfice limité à l'intérieur et fait pression sur le programme qui doit ainsi être repoussé vers la cour d'honneur, dont le dégagement est réduit en conséquence. Le projet présente des géométries claires et des parcours directs, mais il n'offre pas la finesse de l'articulation spatiale ni la richesse des parcours du projet précédent. Le raccord à la toiture de la maison Fraser est apparu douteux. Pour plusieurs membres du jury, le traitement du second palais est indéfendable dans la facture proposée.
(Tiré du rapport du jury)
15 numérisés / 15 accessibles
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Perspective
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- Plan
- Coupe
- Plan
- Coupe
- Élévation
- Perspective
- Perspective
- Plan
- Plan
- Élévation
- Coupe