« Les peuples se ressentent toujours de leur origine. Les circonstances qui ont accompagné leur naissance et servi à leur développement influent sur tout le reste de leur carrière. »
Alexis de Tocqueville
« Québec a d'abord été un point d'arrivée, ensuite un port d'entrée, pour enfin devenir un lieu de visite. »
Luc Noppen
Parant de ces lectures de quelque 400 ans d'histoire que l'on s'apprête à célébrer, notre proposition vient consolider l'îlot des Palais et se conçoit en tant que lieu d'animation et de découverte.
De même, elle prend acte d'un renversement des perceptions opéré au XIXe siècle. Le Cap Diamant en tant que lieu n'est alors plus seulement un site que l'on voit de loin, mais bien aussi un lieu d'où l'on observe. Ce développement inédit, la proposition cherche à en magnifier la portée. Elle évoque les Chemins de Ronde, ces emplacements aménagés autour de places fortes ou au sommet de fortifications. Ainsi, le projet s'articule autour de trois parcours de natures différentes qui réunissent les composantes du programme fonctionnel.
Côté Remparts une longue paroi vient délimiter d'est en ouest la limite sud de l'îlot. C'est une palissade perméable qui contribue à marquer le seuil de l'îlot. Contre cette paroi on devine trois grands pôles du projet:
A. Pôle d'accueil et d'animation (rue Vallière)
B. Pôle de découvertes des vestiges (Côte de la Potasse)
C. Pôle d'interprétation (rue St-Nicolas)
Une brèche dans cette palissade marque l'axe central; par là on découvre la Cour d'honneur et éventuellement le Second palais (rue des Prairies), soit:
D. Pôle protocolaire du Centre d'archéologie et d'histoire.
Les trois Chemins de Ronde constituent autant de manières d'appréhender le site. Ils mettent en scène les quatre pôles du Centre toujours en lien visuel avec la Cour d'honneur :
1. Parcours extérieur de la Place, le plus libre (des niveaux 6.0 à 8.3 à 12.4) : l'îlot peut être traversé au gré du promeneur
2. Circuit intérieur de la découverte des vestiges (niveaux 5.6 et 8.3) : essentiellement l'exploration muséologique du Centre
3. Promenade aérienne (niveau 16.8) : un chemin de ronde en surplomb de la Cour d'honneur qui longe la Palissade et traverse les pôles
Au terme de la phase 2 du projet, chacun des Chemins décrit une boucle de déambulation.
Cette inscription dans le tissu de la ville s'est tout naturellement imposée à nous. Pourtant, en un retournement non anticipé, cette organisation générale fait singulièrement écho au « Plan, de l'Intendance de Québec » (vers 1750).
PARTI ARCHITECTURAL
En concentrant les nouvelles constructions aux extrémités est et ouest, le projet parvient à dégager une place à l'échelle de l'îlot. Il privilégie un parcours provenant du Vieux-Québec, longeant les Remparts, empruntant la future Porte du Palais, et enfin corrige le tracé de la rue St-Nicolas pour diminuer la vitesse de la circulation automobile. La place est perméable des quatre côtés du site. Elle contribue à la vie quotidienne des résidents et anticipe le développement touristique de la rue St-Paul et du secteur de la Gare.
Premier geste important : le Premier Palais ne fait pas l'objet d'une reconstruction hors-sol. Les vestiges le long de l'ancienne rue St-Vallier sont recouverts d'une dalle à longue portée. Sa toiture prolonge le niveau de la Côte de la Potasse, qu'elle réconcilie à la cour d'honneur par un large escalier et une série de gradins.
Second geste déterminant : l'immeuble de la brasserie Boswell est conservé. Il contribue ainsi à une lecture plus large de l'esprit du lieu où toutes les époques cohabitent ; ce parti offre des avantages pragmatiques indéniables dans l'exécution de la commande.
Ce faisant le Second Palais retrouve la proéminence souhaitée et peut même être perçu dans son entièreté depuis la promenade des Remparts.
MATÉRIALITÉ :
Mettant à profit un registre limité de matériaux contemporains, la proposition privilégie des lectures en transparences des pourtours et du cœur de l'îlot.
* Palissade :
série de lames de zinc qui rythment l'enceinte en écho aux Remparts. Entre ces lames, la surface est parfois ajourée, parfois vitrée pour circonscrire des espaces intérieurs (pôle d'accueil; pôle d'interprétation).
* Façades sur parvis :
la lumière qui pénètre les pôles d'animation et d'interprétation est filtrée par une maille Métallique sur laquelle sont projetées des images évocatives.
* Premier Palais :
sa trace se manifeste par une plantation d'orge sur le parvis, puis de houblon grimpant sur la paroi verticale de la palissade.
* Multimédia :
revêtement de feuilles de zinc avec de larges ouvertures vers la cour d'honneur vis-à-vis les circulations.
* Second Palais:
l'ossature de la construction est reconstituée et son gabarit mur / toiture recréé par une résille métallique aux perforations variables (plus grandes là où fenêtres par exemple). Les espaces protocolaires sont logés dans une nouvelle construction lumineuse en retrait des alignements anciens. Au gré des éclairages, le volume du Second Palais surgit, un peu à la manière de ces projections mystérieuses que sont les hologrammes.
FAISABILITÉ DE LA PROPOSITION
En choisissant une évocation subtile du Premier Palais, les contraintes structurales de construire par-dessus ses vestiges s'en trouvent réduites. De même, la rénovation d'une partie déjà peu utilisée de l'actuelle caserne (l'immeuble Boswell) et présentant des caractéristiques de hauteurs de salles adéquates permet d'accélérer l'exécution du chantier. Plantations des toitures et recyclage inscrivent la proposition dans une logique de développement durable.
La proposition minimise les chevauchements entre les phases 1 et 2, permettant ainsi de dépenser efficacement les budgets. Il serait même possible dans une première phase de relier sous la place, dans le prolongement de la salle multimédia, les vestiges déjà exposés dans les fondations du Second Palais. La configuration de la Place (Cour d'honneur + parvis) se prête aux activités d'animation.
Généreux et variés, les espaces extérieurs n'en sont pas moins sécuritaires. Bien qu'ils soient largement ouverts sur le quartier, les accès à la Cour d'honneur peuvent facilement être contrôlés lors de la tenue d'événements protocolaires. La promenade aérienne est en accès libre aux heures d'ouverture du Centre et offre un potentiel additionnel de découverte et d'animation de l'îlot.
(Tiré du texte du concurrent)
8 numérisés / 8 accessibles
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Perspective
- Extrait de planche
- Extrait de planche
- Extrait de planche
- Extrait de planche
- Coupe