La stratégie adoptée dans le cadre de ce projet va au-delà de l'évocation formelle, tout en ayant recours à la mémoire du lieu. Évoquer la mémoire d'un lieu, et plus particulièrement d'un bâtiment nous apparaît comme une tâche délicate. En travaillant à partir d'éléments immatériels et invisibles spécifiques au site à un moment très précis de son histoire, le projet génère un lieu nouveau et dynamique, rempli de la présence symbolique d'un bâtiment disparu. C'est en projetant les ombres au sol du Premier Palais le jour de sa disparition et en imprimant sa forme dans une matière contemporaine que ce dernier pourra reprendre vie.
Aménagement du site
La restructuration de l'Îlot des Palais proposée désenclave le centre de l'îlot afin de mettre en valeur la cour d'honneur et de créer du même coup un parcours piétonnier entre les rues Saint-Nicolas et Vallière. La nouvelle cour d'honneur prend la forme d'une plaque surélevée par rapport à son niveau d'origine de manière à niveler et relier la rue Saint-Vallier, l'entrée du Pavillon Jean-Talon et l'entrée du Second Palais. L'axe central protocolaire reste dégagé et accessible à partir d'un escalier depuis la Côte de la Potasse. Du côté de la rue Saint-Nicolas, à l'emplacement actuel de la caserne de pompiers qui sera bientôt relocalisée, est aménagé un petit amphithéâtre extérieur où pourront se produire des artistes de la scène. Un parc d'agrément, constitué de feuillus et de plantations d'orge rappelant de manière symbolique les périodes brassicoles du site, vient délimiter la portion nord-est de l'îlot. Du côté de la rue Vallière, là où les autocars feront descendre les visiteurs, une rampe insérée dans une zone en terre battue fait monter les piétons vers la plaque de la cour d'honneur à partir de laquelle ils pourront accéder au Pavillon Jean-Talon et au Second Palais.
Pavillon Jean-Talon
Pour le futur musée d'histoire et d'archéologie, le parti consiste à construire un objet de verre - tantôt translucide, tantôt opaque - flottant au-dessus des vestiges du premier Palais de l'intendant. Sa définition formelle est guidée par deux éléments : les ombres projetées de l'ancien palais le jour de l'incendie qui l'a détruit et la soustraction de son fantôme.
C'est le 7 janvier 1713 que le premier Palais de l'intendant fut dévasté par les flammes. Bien que cet événement ait impliqué plusieurs autres phénomènes, nous étions particulièrement intéressés à découvrir le tracé des ombres qu'un moment aussi éclectique pouvait projeter sur le site. À partir d'un modèle numérique, une étude d'ensoleillement a été réalisée à la date du 7 janvier entre 10h00 et 15h00, soit la courte fenêtre d'exposition du bâtiment aux rayonnements solaires étant donné la proximité de la falaise. Le soleil étant très bas durant la période hivernale québécoise, les ombres élancées du bâtiment s'étiraient jusqu'à la limite nord-est de l'îlot actuel. Ces ombres créées par la clocher et les nombreuses lucarnes de l'ancien palais revêtent un caractère dramatique, comme si l'on assistait à la dématérialisation du bâtiment. Ce constat a dicté l'élancement morcelé de la volumétrie de la partie supérieure du projet, où apparaissent de grandes tranchées apportant vues et lumière à l'aire de repos. Par ailleurs, l'ombre de l'ancien palais est marquée au sol par un changement de matière, tant sur la cour d'honneur que sur le parc d'agrément et son amphithéâtre extérieur.
Dans un deuxième temps, la volumétrie du premier palais a été soustraite à cet objet blanc fait de verre sérigraphié rappelant la texture de la neige, symbole culturel régional. L'espace issu de cette opération, une fois superposé aux ruines, fait réapparaître l'intérieur évidé du premier palais, comme si son fantôme s'imprégnait dans la masse de neige de la nouvelle construction. Le volume fantomatique de l'ancien palais est ensuite matérialisé par une coquille de verre teinté aux couleurs d'acier oxydé. Dans cet espace, un système de rampes et de passerelles y est aménagé et constitue le circuit principal du musée à partir duquel on pourra observer les vestiges de divers points de vue. Ainsi, le visiteur pourra emprunter le parcours scénographique du musée qui le fera descendre par la salle multimédia, après le visionnement d'une présentation multi-sensorielle, vers le niveau de l'exposition permanente et des vestiges pour ensuite entreprendre l'ascension vers la salle d'exposition temporaire et l'aire de repos. Celui-ci pourra également monter directement aux étages supérieurs grâce à un ascenseur accessible à partir du hall.
Nouveau Second Palais
La volonté de la Ville de reconstruire le Second Palais de l'intendant à l'identique nous semble judicieuse, dans la mesure où la juxtaposition d'une construction contemporaine pour le Pavillon Jean-Talon à une plus ancienne pour le Second Palais produira un contraste d'époques. Cependant, nous croyons que cette reconstitution devra tout de même conserver certains indices permettant de l'identifier comme un bâtiment construit au 21e siècle. Dans ce sens, une matérialité extérieure très proche de l'ancienne construction malgré une certaine abstraction est souhaitable. Par contre, à l'intérieur, des volumes contemporains marqueront le présent. Certains éléments de circulation viendront perforer la façade de maçonnerie reconstituée et établiront un dialogue avec le Pavillon Jean-Talon en utilisant le même vocabulaire formel et matériel. Au niveau des voûtes, un lien sera établi entre les deux salles d'exposition permanentes de manière à assurer un parcours continu entre les fonctions muséales.
C'est donc dans cet esprit que le projet marque ce lieu historique au caractère exceptionnel afin d'en assurer la pérennité pour les générations futures.
(Tiré du texte du concurrent)
7 numérisés / 7 accessibles
- Planche de présentation
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- Extrait de planche
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