En constituant une structure de grande capacité, le projet de l'École d'Architecture du Nord de l'Ontario (ÉANO) invente un dispositif capable de créer un ensemble de situations riches et diverses. Ayant pour toile de fond un regard nouveau sur un terrain qui s'inscrit à l'intérieur d'une succession de vides incrustés au coeur du tissu urbain de la ville de Sudbury, le projet cherche à interpréter la mise en commun de trois entités indissociables et essentielles à la naissance de l'ÉANO soit, les cultures : autochtone, anglophone et francophone. Traité à la base conceptuellement comme des polygones identiques qui, au fur et à mesure de transformations, s'agencent et se structurent pour former un tout. À l'image des trois cultures, ces formes sans être identiques demeurent semblables, partagent une inspiration commune : la pérennité architecturale.
L'architecture qui s'en dégage permet d'installer généreusement les espaces dédiés au programme et créer un système propre à leur évolutivité future. Aux espaces du programme, dans le cas des studios par exemple, sont associés d'amples volumes aux fonctions non attribuées, dont les façades transparentes captent les apports solaires et assurent un climat intérieur et une luminosité propice à la création physique et virtuelle. À l'initiative des étudiants, professeurs ou des visiteurs, ces espaces deviennent des lieux d'appropriations, d'événements et de programmations possibles. L'ÉANO à tout moment propose et permet un environnement où de nouveaux enjeux et leurs reconversions futures sont de l'ordre du possible. À l'inverse du réseau de chemin de fer au sein duquel elle s'érige et qui exporte de la matière première en périphérie de la ville, l'ÉANO stimule l'importation d'une nouvelle matière première symbolique, celle de la culture de l'éducation et de l'architecture. Après avoir tant donné au niveau de l'industrie, l'ÉANO permet de recevoir de nouvelles richesses certes moins tangibles mais au combien précieuses.
L'ÉANO se structure à partir de principes et méthodes apprises par le passé.
L'école et la forme architecturale qui s'en dégage est le résultat de l'utilisation du lègue de générations de bâtisseurs venues avant elle et qui aujourd'hui placé dans un autre contexte, permet l'élaboration d'une spatialité différente. L'architecture proposée est ici transparente non seulement sur le plan de sa forme physique construite, mais aussi par le fait qu'elle se dévoile et qu'elle expose ce qu'elle est fondamentalement. Elle invite ainsi à ce qu'on l'a comprenne, l'étudie, qu'on s'y attarde. Elle présente sa structure, ses intérieurs, les gens qui l'animent, elle éduque. Elle permet la mise en scène de l'artiste technicien qu'est l'étudiant en architecture dont les studios s'élèvent. Le projet et ceux qui le façonne s'ouvrent, se tournent et portent un regard commun, empreint d'avenir, sur son environnement, Sudbury.
Par l'utilisation massive du bois et de son alliance avec l'acier, l'ÉANO est un exemple des dernières évolutions du matériau bois qui sert pour la construction et par le fait même à l'architecture. Le projet exprime les possibilités infinies en s'affranchissant du sens des fibres du bois. La matière ligneuse subit donc de nouveaux traitements, apparaît sous une nouvelle synthèse, ce qui lui confère stabilité et résistance.
L'ÉANO propose un contact sensé face au sol et induit une inscription autre dans le site. À l'instar de l'arbre qui s'enracine dans le sol, l'utilisation du béton au sein des fondations d'où s'élève le projet est constitué de résidus issus de la carbonisation du bois. Ainsi, la quantité de poudre de ciment contenue habituellement dans le béton est remplacé jusqu'à 50% par la réutilisation de résidus résultant de la combustion au charbon.
Les essences de bois utilisées sont celles que l'on retrouve au coeur même de la forêt boréale. L'épinette noire, le pin gris, le sapin baumier et le mélèze. À l'intérieur de l'ÉANO, le mélèze, aussi appelé Tamarack, est utilisé pour ses qualités apparentes à celle du cèdre. Lors de l'élaboration des éléments verticaux en façade, le mélèze est volontairement brûlé afin de le protéger contre différents éléments tels la pluie, la pourriture, les insectes et même le feu. Ce processus ancestral et rudimentaire donne au bois une texture reptilienne noirée qui apporte ainsi une nouvelle lecture à l'ensemble du projet où l'expression tectonique est marquante. D'autres processus en accord avec l'environnement prennent forme dans l'ÉANO, notamment par l'utilisation de goudron végétal appliqué à diverses composantes extérieures du projet, donnant ainsi à la matière vivante un aspect métallique aux reflets bleutés.
Finalement, il en résulte une solution architecturale sensible, honnête et porteuse d'avenir face au développement des étudiants, de la population, des communautés, des cultures, d'une ville.
(Texte du concurrent)
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- Planche de présentation
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- Croquis de conception
- Perspective
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- Plan
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- Coupe
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