Le TROU NOIR...
L'inconnu
Le Planétarium est un lieu formidable, il offre à travers un espace défini, la possibilité de voir l'infiniment grand tout comme l'infiniment petit. Cette relation entre l'homme et l'univers permet aux visiteurs de porter un regard différent sur notre univers tout en participant à sa découverte, mais principalement de le vulgariser et de tenter d'en comprendre son infinité. Dans le cadre de notre existence, il s'agit de poser un repère dans l'évolution de la compréhension de cet infini, un simple repère, qui numériquement n'est qu'un simple pixel dans la vaste image de l'univers connu. La découverte récente d'objet céleste de tailles encore insoupçonnée telle Himiko, objet céleste encore méconnu, nous donne une mesure infime de ce rapport que nous avons avec l'inconnu.
C'est dans la mesure de cette immensité, de la relation de l'homme à l'univers, dans l'émerveillement de notre monde intimement petit et de notre univers infiniment grand, que nous avons abordé le projet du Planétarium. C'est avec un regard d'enfant, un regard d'adulte, avec une compréhension actuelle ou future de l'univers que notre projet s'est développé...
Notre approche a été dictée par diverses considérations : celle de ne pas inscrire un objet articulé dans un site déjà fortement marqué par la présence de bâtiments existants, celle ne pas entrer en conflit avec les lieux existants mais plutôt d'y ajouter un édifice qui y contribuerait, tel un noyau central unificateur, celle de créer un lieu d'émerveillement, de découverte, de stimulation, d'apprentissage et ce, même en dehors des limites du bâtiment.
L'exploration
Absence et présence. Notre approche est de ne rien introduire sur le site, au niveau du piéton et d'en améliorer la perméabilité et les conditions d'appropriation du parvis pour tous les visiteurs ( Biôdome, Stade, Planétarium etc.. ). Notre objectif étant de favoriser la création de sous-espaces et de lieux confortables pour que cette vaste esplanade puisse être utilisée lors des activités au stade et devenir une vaste piazza. Une nouvelle esplanade en sous-espace est créée, dans la continuité du terrain de sport.
Mais dès lors, que faire pour le bâtiment ? Toutes les spéculations sont permises...
Notre solution est de matérialiser le projet dans un objet, qui par sa grande simplicité apparente, deviendrait tout aussi fort et marquant que la présence des édifices voisins. Objet fort mais également immatériel, à la fois présent et absent, objet mystérieux et intrigant comme l'est l'infinité de l'espace. Objet qui force le visiteur à s'approcher et à s'éloigner pour en comprendre le mécanisme, pour changer sa perception, pour le découvrir.
Ici, le Planétarium n'emprunte en rien le vocabulaire du stade ou de son environnement, il se doit d'être totalement intemporel. Le temps à l'échelle de l'univers n'est-il pas infini ? Marquer un temps dans cette évolution, reprendre un vocabulaire ou une lecture d'un lieu serait nier l'infini. Il se doit d'être un objet intrigant, tout en respectant l'approche organique moderne de l'oeuvre de Taillebert.
Objet céleste parmi les plus mystérieux, mais aussi l'un des objets célestes les plus puissants : un trou noir...
Trou noir, car cela représente l'inconnu absolu, l'une des forces ultimes de l'univers, mais principalement parce que son existence est liée à une non existence, et qu'à travers l'espace, il est objet attractif... Voilà qu'à travers une non existence, le lieu devient fort, stimulant, et présent...
La découverte
Ce trou noir, se matérialise en un simple cube, recouvert sur toutes ses faces d'un parement noir lisse, réfléchissant son contexte. Capteur de l'espace, la lumière glisse sur lui ou semble être totalement absorbée par lui selon l'approche du visiteur ou le moment de la journée. L'objet fait événement et amène déjà les premières réflexions du visiteur. L'objet ne touche pas au sol, il se détache complètement du grand parvis, dans un état de quasi apesanteur. Le travail sur le verre du basilaire permet de jouer sur la perception du volume. Dès l'arrivée au site, l'objet témoigne de sa fonction et se laisse découvrir. Le monolithe pourtant se déforme, inexorablement attiré vers les forces intérieures, celles des théâtres. Ses façades se replient à certains endroits engageant alors ainsi un dialogue subtil avec l'intérieur et le contexte voisin. Elles captent alors la lumière différemment et elles réfléchissent ou absorbent le contexte. Tout en demeurant inscrites dans le cube, les déformations s'inscrivent dans le contexte.
La position du projet ainsi que ses déformations permettent le renforcement des corridors visuels, tant depuis l'arrivée du stationnement est, que depuis l'arrivée au sud. Tout en demeurant un objet marquant, sa forme encadre et dirige les visiteurs. Le dégagement visuel vers l'entrée du stade est renforci, tout comme l'accès au Biodôme, le retrait du Planétarium vers la portion nord du site permet de conserver le maximum d'ensoleillement sur le parvis tout au long de la journée.
Le parvis est organisé comme une immense piazza. Sous le cube, toutes les fonctions publiques viennent participer à l'animation d'une place actuellement trop vide. Les fonctions d'accueil ont été positionnées de manière à contribuer au lieu et en favoriser l'appropriation. En plus de contribuer à l'animation urbaine, cet espace offre une grande flexibilité pour les fonctions qu'il abrite. Sous l'immense monolithe, le soir venu, selon les activités s'y tenant, le volume du café s'illumine, contribuant ainsi à marquer le lieu. La boutique agit de la même manière, aucune autre lumière n'émane des lieux, la simplicité de la mise en lumière permet de créer une scénographie lumineuse dès la découverte du projet.
L'expérience
Dès l'entrée des groupes au niveau 100, véritable lien entre le Planétarium et le biodôme, le visiteur sera immédiatement plongé au coeur d'une expérience immersive. Dépassant le simple lien fonctionnel, ce parvis de l'homme au coeur de la terre, est un véritable lieu d'apprentissage. Le visiteur se trouve alors face à la grande vitrine verte du LIVING MACHINE TM, à la fois poumon et système de traitement des eaux grises.
Un immense escalier monumental amène le visiteur au parvis de Copernic intérieur, sous le grand volume. Spectaculaire, cet accès permet de quitter le monde de la terre pour s'approcher de celui des étoiles. Le parvis intérieur, en compression étant cette transition, une interface, entre les deux mondes.
De là, sous le cube, le visiteur est irrémédiablement attiré vers la lueur d'un immense vortex reliant l'espace intérieur à l'espace extérieur : importante dilatation de l'espace et du temps où le toit du cube et le plafond du parvis se replient, s'interconnectant ensemble et éliminant ainsi toute limite. Ce vortex s'oriente vers l'étoile polaire à travers l'ensemble du cube. Son effet attractif, dû à son côté spectaculaire et intrigant, permet de rassembler les visiteurs naturellement à proximité des services d'accueil du Planétarium, (billeterie, boutique, etc.). Le regard du visiteur s'engouffre immédiatement vers les étoiles, à travers cette interconnexion qui sera présente tout au long de sa visite. Lever les yeux au ciel pour voir plus loin, ce que nous oublions si souvent de faire.
À l'intérieur, l'expérience du visiteur se continue lorsqu'il découvre la rampe circulaire et l'espace boutique. Cet objet coloré induit le visiteur à continuer son expérience spatiale en le faisant pénétrer à l'intérieur du cube. Dès lors, il quitte le monde terrestre pour pénétrer dans un lieu excitant, s'engouffrant dans l'inconnu. Cette progression, de l'extérieur vers l'espace du cube, permet une transition lumineuse entre les deux univers et ce, de manière graduelle. Nous sommes embarqués ! Le processus d'exploration entamé, longue promenade architecturale, permet d'amener le visiteur dans un état d'émerveillement, voir d'apesanteur. Dès qu'il franchit la limite du plafond du basilaire au niveau 200, il est accueilli par des projections au plafond où déjà, les notions de limites de l'espace ne sont plus les mêmes. Il longe la première sphère - théâtre; sphère réfléchissante à travers une étroite rampe qui le projettera dans le coeur du cube, en total immersion dans l'espace où l'homme est au coeur de l'univers.
Toute l'approche découverte est basée sur la notion d'immersion, en ce sens qu'il est important pour nous que les lieux ne soient pas une succession de salles ou d'espaces, mais un vaste lieu interconnecté, à l'image de l'univers. Une longue scénographie pouvant être modifiée, adaptée aux activités s'y tenant.
La matière
La matérialité du projet doit absolument contribuer à l'expérience du visiteur. Ici, elle porte la réflexion sur la notion du vide, de l'importance de la lumière et du regard. Elle contribue donc à cette importante fiction en la définissant elle-même. C'est pourquoi tout le volume est traité d'un parement d'aluminium satiné noir, permettant de saisir dans toute sa mesure l'importance de la lumière. Noir, car l'objet semblera disparaître à certains moments, car l'objet réfléchira la lumière du soleil selon l'angle auquel s'effectuera l'approche. Noir, car cela laisse place à l'imagination et à la découverte mais aussi, car ce noir permet l'installation d'une vaste scénographie d'exposition intérieure où se mêleront projections et lumière. Noir, car depuis le stade, le Planétarium devient un simple cube, monolithe, petit pixel de vide à découvrir un jour, comme le petit point sombre au coeur de la photographie d'une galaxie qui un jour, se révèlera peut-être un trou noir, ou un formidable univers, qui sait ?
(Tiré du texte du concurrent)
Forces :
La création d'une boite noire propose une belle transition entre la clarté du jour et la noirceur de la voûte céleste.
Le jury souligne la qualité spatiale exceptionnelle de même que la qualité sculpturale et sa réponse spectaculaire au site.
Le traitement de l'enveloppe du bâtiment offre un potentiel intéressant de jeux de luminosité, selon l'heure et l'ensoleillement.
La transparence du niveau 200 contribue au dynamisme de la planification au sol. Quoique discutable, la symbolique du trou noir est audacieuse et bien résolue à ce stade du projet.
La salle d'exposition, éclatée sur plusieurs niveaux, ajoute à la qualité spatiale.
Le jury souligne la maturité de l'équipe et la qualité de la présentation.
Faiblesses :
Du parti architectural découle la prépondérance de l'architecture sur l'expérience muséologique; il impose une approche rigide, tout en créant une contrainte majeure pour l'animation du Planétarium.
La séquence obligée de circulation de visite entre les deux Théâtres contraint la programmation et l'opération des deux Théâtres.
L'intercommunication et l'ouverture des espaces dans le volume intérieur posent de graves problèmes de traitement acoustique lors de la visite de groupes et pour l'animation.
Au plan du développement durable, plusieurs stratégies sélectionnées sont discutables dont le «Living Machine» en raison de la présence de services municipaux, de même que les points d'innovation.
Le parti ne propose aucune restauration de l'espace végétal du site, déjà déficient.
(Tiré du rapport du jury)
54 numérisés / 33 accessibles
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Photomontage
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Schéma
- Plan
- Plan
- Plan
- Plan
- Plan
- Axonométrie
- Coupe
- Coupe
- Élévation
- Élévation
- Élévation
- Élévation
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Plan
- Plan
- Plan
- Plan
- Coupe
- Coupe
- Axonométrie
- Fiche descriptive