1. Postulats et personnages conceptuels
La première image mentale à s'être formée sur notre rétine lorsque nous nous sommes affairés à réfléchir sur le projet du planétarium est celle de ce personnage nomade du nord qui, protégé par un habit performant de peaux et de fourrures, avance lentement dans la neige. Le soir venu, il s'arrête pour se reposer de sa longue marche. La vision qu'il a du ciel est incomparable. Aucune pollution lumineuse ni même les quelques flammes de son feu de camp ne viennent entraver cette vision privilégiée qu'il a de l'univers. Les aurores boréales, la voie lactée, les étoiles et les planètes s'offrent à lui dans toute leur splendeur. Sa vision de l'univers n'a de limite que celle de sa propre vue, que celle des capacités physiques de ses propres yeux.
À ses cotés, le personnage en complet, l'homme de la ville, demeure aveugle. Il surnage dans une lumière blanche qui lui bloque l'accès à cette vision claire de l'univers qui, en retour imprègne peu son quotidien. Le paysage électrique et lumineux formé par les tours à bureaux et l'amalgame de quartiers résidentiels et commerciaux provoque de la pollution lumineuse, une forme de cécité blanche.
La seconde image à s'être formée dans notre esprit est celle de cet astronaute anonyme, séparé du vide par sa formidable combinaison spatiale et flottant au bout d'un cordon ombilical technique qui le rattache à sa station de travail. En 1961, Youri Gagarine, en devenant le premier homme à voyager dans l'espace, inaugure une nouvelle vision privilégiée de l'univers. Pour la première fois, la terre et l'univers sont vus par un humain d'une position autre que terrestre. Les missions Apollo dont Neil Armstrong demeure la principale figure héroïque et les premières images photographiques de la terre semblent marquer profondément la sensibilité humaine : « Elle était si loin, une petite boule dans l'obscurité de l'espace. Cela vous fait quelque chose à l'âme. (...) Nous sommes tous revenus philanthropes. (...) Nous avons vu à quel point notre planète était fragile, et pourtant si belle. Nous avons compris qu'il nous fallait apprendre à travailler ensemble, à nous aimer les uns les autres » (James B. Irwin, astronaute d'Apollo). Par sa petite taille, son allure bleutée sur fond nacré et sa fragilité, elle impose aussi le respect.
À des centaines de kilomètres au dessus de l'homme nomade, un nombre très restreint d'individus a toutefois accès à la clarté de cette vision. Bien qu'aujourd'hui, à l'intérieur de la civilisation médiatique, les images de la terre et de l'univers se multiplient rapidement, il n'en demeure pas moins qu'aux cotés de l'astronaute, l'homme de la ville demeure toujours aveugle. Il est noyé dans cette multitude d'images qui se neutralisent et dissipent l'effet de l'expérience directe sur sa sensibilité.
La troisième image mentale qui se présente à nous est plutôt floue et difficile à saisir. Il s'agit en réalité d'une atmosphère du passé, d'une explosion d'effervescence si forte que des fragments de celle-ci planent encore un peu partout sur la ville. Nous nous retrouvons le 17 juillet 1976 alors que s'ouvrent à Montréal les Jeux de la XXIe Olympiade. Dans ce gigantesque univers blanc, tourné vers l'avenir, le rêve olympique se concrétise. Le maire Drapeau reçoit une ovation monstre de la foule et, quelques jours plus tard, Nadia Comaneci éblouit tout un peuple en obtenant une première note parfaite de l'histoire aux barres asymétriques. Sur le podium olympique dansent les couleurs multiples des drapeaux, des uniformes de sport des athlètes amateurs et des milliers de spectateurs. La détermination triomphe, l'idéal se réalise, la perfection est momentanément atteinte.
Les personnages conceptuels du nomade, de Jean Drapeau, de Nadia Comaneci et de Youri Gagarine, chacun à leur façon marquent par leur présence symbolique profonde l'imaginaire poétique du projet et orientent le développement de ce dialogue, de ce nouveau planétarium, en milieu urbain et, par-dessus tout, inséré dans le podium olympique.
À ces personnages conceptuels issus de notre mythologie personnelle entourant la réflexion sur le projet du planétarium vient s'ajouter celui, bien réel de l'astronome. Outre les clichés qui entourent son aura de scientifique, l'astronome, les deux pieds bien sur terre, semble avoir compris que ce qui est incompréhensible, c'est que le monde soit (par moments) compréhensible (Einstein), qu'il s'agit d'une affaire de perspective et de relations.
2. Positions formelles et organisation de l'espace
Le projet s'inspire d'abord des données contextuelles du site. À travers le réseau complexe d'axes composant les structures en place, le planétarium s'insère en ton sur ton dans l'univers blanc des installations olympiques. Seulement au lieu d'être opaque et mat comme le béton qui forme le stade et l'ancien vélodrome, le planétarium est, par contraste, légèrement translucide et laiteux; Il laisse la couleur l'envahir et le teinter de l'intérieur; Il multiplie les surfaces polies et réfléchissantes comme le verre opalescent, l'acier inoxydable, l'aluminium blanc lustré, le panneau d'aluminium perforé blanc et le verre céramifié. Ce dernier réduit également la surchauffe intérieure en agissant comme de multiples micros pare-soleil. L'enveloppe du bâtiment acquiert ainsi une fonction à la fois symbolique et technologique similaire aux habits de Youri, du nomade et de Nadia. Tout en provoquant un contraste léger et délicat, l'enveloppe du bâtiment poursuit l'idée de cécité blanche et de ville lumineuse. Ce n'est qu'une fois à l'intérieur de ces volumes que la volumétrie du bâtiment, l'articulation des espaces et les Théâtres des étoiles - prévus pour être recouverts d'aluminium couleur laiton dépoli et perforé - commenceront à offrir une vision claire de l'objet du musée.
Le soir venu, la paroi perforée agit également comme filtre contre la pollution lumineuse. Elle contient une partie de la lumière intérieure en laissant couler des petits fragments de celle-ci permettant ainsi de faire vibrer légèrement les formes du bâtiment. Bien que ne pouvant éliminer la pollution lumineuse et atteindre le ciel noir du nomade, le bâtiment tente d'y contribuer le moins possible d'autant plus que le projet propose divers espaces d'observation aux visiteurs, amis du planétarium et scientifiques: la cour d'observation offre, au-delà du biodôme, un horizon plein sud alors que la terrasse du niveau 200 offre un bel horizon est et la toiture offre quant à elle un horizon de 360 degrés. Pour ce faire, le projet propose de placer entre la paroi musicale perforée du bâtiment et la paroi étanche, un éclairage LED pouvant passer du blanc laiteux au rouge léger afin de transformer le bâtiment en lieu d'observation urbain, véritable laboratoire photo extérieur en pleine ville.
Inspirée par les bouleversements climatiques actuels et la fonte des glaciers dans l'arctique, le bâtiment se présente comme un grand volume rectangulaire tourmenté et craquelé qui s'enfonce lentement du coté du stade olympique tout en se relevant de l'autre dans un équilibre précaire. De ce volume se détache et dérive déjà une partie que nous nommons la lanterne-iceberg. Cette prise de position formelle permet à la fois de maintenir les vues et perspectives sur le mât du stade tout en entretenant un dialogue avec celui-ci en offrant un objet fuyant dans la direction opposée. Les tourments imposés à cette forme auront permis de dégager des éléments et espaces clés comme une importante terrasse verte, noyée dans cet univers blanc, un toit de verre offrant une surface quadrillée de ciel, un espace extérieur en gradins ainsi que cette grande lanterne-iceberg flottant sur un mince film d'eau de forme irrégulière dont la base est nacrée. Ces deux derniers éléments servant à inonder de lumière du jour les espaces situés au-dessous du niveau du sol. De l'extérieur, on ne distingue pas formellement les théâtres des étoiles. Seules leurs ombres projetées sur l'enveloppe au gré de la lumière intérieure réfléchie sur le laiton ainsi que certaines ouvertures ciblées nous en révèlent la présence.
3. Une architecture verte
Le projet proposé se conformera aux exigences de la certification LEED tel que requis dans le programme du concours. C'est d'abord en constituant lui-même un exemple que le bâtiment ainsi que les projections et expositions qu'il pré¬sente, que l'idée de respect discutée plus haut se poursuivra. C'est sur cette base de respect naturel de la planète bleue que se construit notre philosophie de développement durable, pensée comme une responsabilité fondamentale à la base de la conception.
L'analyse du site et de son orientation sont à la base même du parti volumétrique du projet et concrétise sa quête de lumière naturelle en lien avec son environnement immédiat. Le projet intègre une série de principes de base tels que l'orientation solaire, la prise en compte des vents dominants, l'éclairage naturel, et s'inspire des réalités climatiques pour suggérer des solutions adaptées. Les stratégies simples sont des incontournables et forment les assises d'une approche écologique sérieuse. Bien qu'appuyé par la grille LEED, le projet concentre judicieusement ses efforts sur l'utilisation de l'eau, la performance énergétique, l'utilisation de matériaux qui implique et stimule l'industrie locale ainsi que sur la grande qualité des environnements intérieurs de l'édifice.
(Tiré du texte du concurrent)
Forces :
Le jury reconnaît l'originalité du concept muséologique ouvert et flexible.
Le gabarit du volume est à l'échelle du site et le traitement de l'enveloppe est élégant.
Faiblesses :
La qualité et la cohérence de la présentation laisse à désirer.
La métaphore de la lanterne et du lien lanterne/iceberg est peu convaincante et peu évocatrice.
Le double langage formel est dérangeant.
L'équipe manque de cohésion avec deux chargés de projet.
L'orientation et le traitement de l'enveloppe génèrent des gains solaires importants, en plus de nuire à l'animation et à la muséologie.
Le plan du niveau 100 semble empiéter sur les entrepôts du Biodôme, le planification du projet est confuse et génère trop de parcours de visite.
(Tiré du rapport du jury)
56 numérisés / 46 accessibles
- Diagramme
- Coupe
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- Diagramme
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- Élévation
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- Schéma
- Planche de présentation
- Perspective
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- Photographie de maquette
- Plan
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- Coupe
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- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Planche de présentation
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- Schéma
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- Perspective
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- Axonométrie
- Plan
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