Défis et concept
S'inscrire dans l'existant
composer au temps présent l'esthétique ancienne ; mettre en valeur les volumes de maçonnerie, par la création d'une tension dynamique entre ces masses et celles qui s'y ajoutent ;
donner au théâtre une image distinctive mais toutefois tributaire de la grande composition horizontale du Collège.
Propulser le nouveau théâtre sous les feux de la rampe
créer un lieu qui porte l'émotion encore plus loin
créer un espace où le spectateur vient à la rencontre des musiciens, des comédiens, des magiciens...
donner aux Stars, aux Compagnies et aux Troupes une salle où elles sentiront avant tout la présence de ceux qui ne demandent qu'à être séduits, où elles se sauront épaulées par une technique sans faille
faire de ce théâtre une installation autonome et conviviale pour toute la population du Haut-Richelieu.
Parti
Un théâtre qui s'affranchit désormais de ses liens avec le Collège.
Un théâtre qui conserve cependant la mémoire du lieu, qui mise une compréhension du contexte, sur un dialogue avec l'existant.
Un nouvel espace qui met en présence passé et présent, un vide qui rassemble.
Un lieu de passage qui mise sur des jeux de transparence et de fluidité.
Une salle qui fait peau neuve, rapproche l'acteur de son public, lui donne un instrument adéquat.
Démarche
Au départ, situer l'entrée, la sculpter dans la masse du volume qui abrite les nouveaux services du théâtre, l'orienter en fonction de l'arrivée des spectateurs. En permettre une lecture immédiate en jouant sur le contraste de l'éclairage intense qui jaillit de l'ombre ; un cristal de lumière dans l'écrin de la nuit.
Ensuite, donner forme à cette masse, l'ancrer au lieu par une maçonnerie de terre cuite, gris sombre, qui se détache sur le fond de maçonnerie claire conservée.
Y loger les espaces ancillaires essentiels à la vie du théâtre. Y retrouver l'évocation de la camera obscura, précurseur du théâtre à l'italienne, qu'on retrouvera à l'intérieur.
Puis, derrière la scène, un peu comme les roulottes de saltimbanques, s'accrochent les quartiers des artistes -loges, régies, direction technique- regroupés autour d'un espace de rencontre, le salon vert. Le tout enveloppé d'une maçonnerie qui les lie au bâtiment original, tout en s'en démarquant par le contraste des tonalités.
Entre ces deux masses, une anfractuosité : l'entrée des artistes, l'entrée du personnel de soutien, tout près de la scène. Cette fissure s'ouvre ensuite, révèle un espace segmenté qui longe le mur de pierre du théâtre ; contenu au départ par la masse sombre du bloc ancillaire, cet espace se déploie pour recevoir ensuite l'incursion de la coulisse côté cour et poursuivre sa course vers un espace de lumière, vers le foyer qui s'ouvre sur le campus et la ville.
Une oeuvre d'art, un signal qui veut arrimer aux arts de la scène, l'art de l'espace. Composer avec le jardin et l'entrée des artistes.
Deux paliers, séquence d'espaces fluides, orientent le spectateur vers la salle et lui permettent, le temps d'un entracte, de jouer son propre rôle et qui sait, peut-être d'applaudir au rôle des autres ; le foyer devient une scène ouverte sur la ville.
L'architecture épouse ce mouvement ; légère, vêtue de cuivre, elle encadre des parois immatérielles de verre, soutient le déroulement de cette progression de l'entrée du théâtre à la salle. La géométrie des toits reflète la séquence de ces espaces. Et au-delà des toits, la cage de scène, elle aussi habillée de cuivre, à l'image des flèches, des dômes de l'architecture traditionnelle qui flottent au-dessus des masses.
Le mouvement est dirigé par les escaliers qui infléchissent légèrement le parcours, permettent aux spectateurs du parterre de contourner aisément ceux qui se dirigent vers le balcon. Les circulations sont fluides, vers la salle, vers les services.
La nouvelle salle épouse la forme donnée par la coquille existante. Forme initialement trop guindée, trop étroite, un peu trop allongée, mal habillée. Conserver mais adapter, tirer profit, par petites touches.
Les pentes des planchers tout d'abord, au parterre puis au balcon, pour que la scène soit vue de partout.
La disposition des sièges ensuite, pour éviter au parterre le fractionnement de la salle, cette impression presque déserte que créent des allées centrales dans une salle étroite. Une disposition continentale -près de 600 sièges- qui impose des sorties latérales mais conserve l'entrée à l'arrière de la salle, dans l'axe, comme il sied à un théâtre à l'italienne.
Au balcon, une entrée directement du deuxième niveau du foyer, qui ne donne pas l'impression de nous amener au paradis. Deux cents sièges et un peu plus qui font désormais partie de la salle. Deux cents spectateurs et plus qui participent à la fête sans se sentir exclus par un long parcours obscur.
La salle elle-même revêt de nouveaux oripeaux ; le décor théâtral campe sur la scène mais dans la salle aussi tout est affaire de décor. L' habillage de bois révèle, à l'occasion, l'acier noir des passerelles qui se confond presque avec le ciel de la nuit. Le spectateur n'est pas dupe ; il porte au spectacle toute l'attention que lui permet le confort de la salle mais sait bien la complexité des dispositifs scéniques essentiels à son plaisir et dont on lui dévoile quelques éléments. Tout n'est cependant pas révélé, scène à l'italienne oblige. L'acoustique du lieu aussi.
Côté jardin, au niveau du sol, les livraisons demeurent comme elles l'étaient, mais en version plus facile d'accès et de manoeuvre.
Côté cour, un café, peut-être, pour l'attente avant la levée du rideau, pour les rencontres d'après spectacles. Le lieu s'y prête, l'animation des soirées au théâtre y gagnerait.
(Tiré du texte du concurrent)
Le jury a apprécié l'intervention augmentant l'autonomie du nouveau théâtre par rapport au Cégep. Le parti architectural de la « faille » entre l'ancien et le nouveau laisse transparaître une très grande richesse spatiale. Le jury a également noté la fluidité et la générosité des espaces d'accueil pour le public. Le jury tient également à souligner l'attention apportée à la mise en mémoire du vieux bâtiment du Théâtre grâce à la « promenade archéologique ».
Toutefois, l'envergure et la complexité volumétrique du bâtiment quant à son intégration architecturale au bâtiment actuel n'ont pas convaincu le jury. Le parti scénographique consistant à reconfigurer la salle « à la continentale » a soulevé beaucoup de questionnements. Le dépassement de la superficie proposée ainsi que le budget de la proposition ont également contribué à dissuader le jury de choisir ce projet.
(Tiré du rapport du jury)
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- Planche de présentation
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- Extrait de planche
- Extrait de planche
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