Lumière, lumineuse, illuminée
La Place Eugène Lapierre est constituée de l'espace résiduel compris entre le boulevard de Maisonneuve et l'avenue Président Kennedy. Toutefois elle abrite un potentiel caché en étant située au coeur d'une zone culturelle d'ampleur nationale. De plus, le fait que la place n'ait eu qu'un rôle de stationnement depuis sa création, donne une justification supplémentaire au projet de réaménagement dans l'enceinte du Quartier des spectacles. Une continuité de la promenade verte, amorcée par la Place Domtar, la Place Président Kennedy et la Place Albert Dusquesne , serait donc très propice (le stationnement formant ici une rupture dans cette promenade).
Aussi les mezzanines du métro relient toutes les sorties les unes aux autres, ce qui leur confère un caractère plus public. Ainsi elles constituent, en quelque sorte, une rue intermédiaire entre le niveau du sol et les quais. Mais elle est dépourvue de toute activité mercantile, publicitaire ou civique, ce qui rend la circulation piétonnière des plus ennuyeuse. Il serait intéressant d'offrir une alternative au grand nombre de passants et d'utilisateurs du métro. Finalement le site est localisé à un point de transition important entre la zone culturelle publique et la zone résidentielle plus privée. Le design devrait prendre en compte qu'il est nécessaire d'apposer des limites et des ouvertures visuelles en concordance au passant qui déambule à travers notre espace.
Entre la forme rectangulaire régulière de la Place Domtar (représentative de la trame montréalaise) et la forme triangulaire inhabituelle de la Place du Président Kennedy, se glisse notre site caractérisé par une forme transitionnelle. Les deux rues longeant le site (Maisonneuve et Président Kennedy) semblent vouloir se fusionner à un moment mais sont repoussées et prennent des directions divergentes. Toutefois, pour les empêcher de continuer leur chemin de cette façon, le boulevard Maisonneuve doit être redirigé selon la trame orthogonale de la ville. Apparaît alors l'îlot sur lequel nous basons notre projet, par rapport auquel la rue est ramenée à une position parallèle à l'avenue Président Kennedy. La continuité de la promenade verte ainsi que celle de la circulation piétonnière, suivant l'axe créé, sont coupées brutalement par l'édifice Domtar. L'alignement des places publiques crée une porte d'entrée dans le Quartier des spectacles. La circulation, aux deux extrémités de notre site, fusionne en un unique corridor le long du banc en zigzag. Ce banc est la représentation des murs du métro émergeant symboliquement à la surface. Par conséquent, en réunissant toutes ces idées génératrices, nous créons une circulation centrale entre la structure de l'axe et l'accordéon. Ces séparations sont aussi identifiables aux différents revêtements de sol, illustrant le contraste entre la vie de quartier plus chaleureuse et la vie urbaine plus animée.
Plus précisément, le banc en zigzag peut être compris comme une transgression de l'infrastructure du métro (cf. plus haut). Les gens ont la liberté de s'asseoir de part et d'autre, soit en faisant face aux murs illuminés ou peut-être interagir avec les gens allongés sur l'herbe. La forme des bancs ajoute au dynamisme de la circulation centrale.
Les murs illuminés, composés de verre translucide, marquent l'axe d'un rythme régulier par leur espacement et leur largeur. Ils servent aussi de limite à la circulation principale en encadrant les deux ouvertures aux extrémités du site. Ils sont érigés vers le ciel en rappelant la verticalité des bâtiments environnants. Leur aspect lumineux attirerait les passants et serait alors immédiatement considéré comme point de repère de la ville. Les murs peuvent aussi servir de dossier aux bancs de l'esplanade. À l'occasion d'un festival ou d'une célébration publique, la couleur de la lumière pourrait éventuellement être changée en concordance, ou pourrait devenir le fond de scène d'une performance artistique.
Les différents matériaux utilisés comme revêtement de sol sont simplement placés en trois stratifications. Le granité pâle de l'esplanade représente la pénétration du trottoir de la ville dans le site, et le lie à l'allée de la Place Domtar. Le gravier rougeâtre, rappelant la texture de brique de bâtiments, indique l'importance que nous accordons à la zone où la circulation devrait se concentrer, où les deux atmosphères entre en collision (granité froid / herbe chaleureuse). L'herbe amène de la végétation au centre-ville de Montréal qui sera sûrement grandement appréciée, autant par les résidents que les passants. Une rangée de larges arbres au feuillage dense suivant le trottoir de l'avenue Président Kennedy et quelques arbres décoratifs plus petits fournissent l'ombrage sur la zone gazonnée.
(Tiré du texte du concurrent)
Voici sans doute le projet le plus efficace, le plus maîtrisé (compte tenu du temps imparti). Le jury a unanimement apprécié la hiérarchie des trois types d'espaces publics du plus minéral au plus végétal. La claire répartition géométrique de ces placettes et la force du marquage vertical établi par cet alignement de grandes stèles lumineuses. Au nord, la rangée d'arbres existants est habilement et simplement préservée et l'on introduit une rupture, un zigzag en apparence insolite mais qui se révèle en deuxième lecture comme un écho de la paroi en forme de paravent du couloir du métro que la place surplombe. Certes, il restera bien des aspects techniques à préciser ou à requalifier. Les bornes lumineuses seront elles faites de verre uniquement? Trouvera-t-on le gravillon dont la couleur et la texture seront suffisamment nobles, marquantes et sonores pour une place publique aussi importante? Somme toute rien pour disqualifier ce projet, mais beaucoup de questions à travailler pour qu'il puisse livrer son potentiel dans une réalisation. Le jury était toutefois en mesure d'apprécier, par la qualité des documents présentés, que le mélange d'affirmation et de retenue était propice à une bonne réalisation. Il s'agit là d'une place dans laquelle il fera bon se reposer quelques minutes des longues marches urbaines touristiques, une place que l'on pourra parcourir avec précipitation ou en toute flânerie. En résumé, suffisamment de bonnes qualités pour en faire le projet lauréat de ce concours.
(Tiré du rapport du jury)
17 numérisés / 13 accessibles
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Plan
- Coupe
- Coupe
- Schéma
- Croquis
- Image de référence