UNDERLAND
Quelque temps après les premiers flocons timides, lorsque l'hiver montréalais s'établit avec acharnement, les trottoirs et les espaces publics du centre-ville et du Quartier des spectacles se vident, pour faire place à un désert blanchâtre. Les distances s'allongent et les vides s'agrandissent. L'extérieur devient un lieu aride ou l'existence et l'essence s'endorment. C'est à ce moment que les utilisateurs retrouvent le confort du réseau souterrain de la ville. Montréal subit ainsi une hibernation partielle, où ses activités passent d'un extérieur chaud et festif, à un intérieur climatisé et labyrinthien.
Ce système est un réseau où fourmille une masse importante de personnes. Toutes les facettes de la ville y coexistent. L'économie, la culture et les transports s'y entremêlent. C'est à travers ce RÉSO que l'hiver montréalais se vit. Un système méconnu qui est le plus grand de ce genre au monde
C'est dans cette optique que le projet Underland exploite les températures hiémales. Il utilise les entrailles de la ville pour lui permettre d'extérioriser ses pulsions et d'ainsi réchauffer ses espaces extérieurs. La métropole, qui se recroqueville normalement durant la période hivernale, s'émancipe. L'immensité et la méconnaissance de l'étendu nerveux de Montréal sont, à travers Underland, exploitées et ramenées de manière mystérieuse à la surface. Le projet met en lumière la complexité et la richesse programmatique du RÉSO, afin de l'exposer publiquement et de l'offrir à diverses perceptions intrinsèques.
Le système communique avec la surface à l'aide de tuyau faisant référence directement aux infrastructures enfouies. Ces extrusions du sous-sol montréalais amènent avec eux des bruits échos qui s'échappent et font dialoguer les deux mondes. La nuit tombée, les entrailles montréalaises immanentes soulignent leur présence d'un flux lumineux blanchâtre et épuré, symbolisant l'infinité, l'éruption et le mystère des souterrains, tout en perçant la pénombre de manière franche.
Dialoguant avec le monde des ombres, les structures d'Underland sont d'une couleur ténébreuse : le mauve. Cet assemblage de bleu et de rouge est la jonction idéale entre l'énergie vibrante et l'insularité relaxante de Montréal. Couleur de la créativité, le mauve s'inscrit aussi adéquatement dans le cadre du Quartier des spectacles et son inventivité bouillonnante. Cette couleur, qui apaise et revigore l'esprit, s'impose le jour par son contraste avec la neige et se dissipe dans la noirceur du soir. Elle fait ainsi place aux lumières blanches qui accentuent l'atmosphère hivernale énigmatique.
C'est donc après plusieurs décennies de renfermement durant la saison froide que la ville de Montréal utilise Underland, tel un geste d'émancipation et d'extériorisation, tel un cri d'existence, dans le but de reconquérir sa surface et d'installer son souffle à l'extérieur, afin de se réapproprier ses espaces et de briller pour ses résidents et ses visiteurs.
(Tiré du texte du concurrent)
6 numérisés / 6 accessibles
- Planche de présentation
- Perspective
- Plan d'implantation
- Détail de construction
- Schéma
- Schéma