a) L'Espace Muséal, L'Axe Muséal et les réserves : horizontalité
Il s'agit, dès le hall principal, d'installer des dispositifs spatiaux qui invitent les visiteurs à saisir le sens constructif et mystique du lieu, soit d'indiquer le chemin ainsi que de donner un sens au parcours.
Le premier geste consiste à affirmer le point d'ancrage. La promenade périphérique au musée, l'axe muséal et l'organisation physique de ces espaces sont organisés autour de par l'axe de la nef de la basilique situé au-dessus et la vue du point de concentration de l'Axis Mundi, au coeur des réserves. Depuis le hall principal du niveau 159, le visiteur est déjà imprégné de la présence muséale et invité à emprunter une galerie périphérique qui intègre des artefacts et des photos mettant en contexte les récits de la fondation du lieu. Elle est baignée d'une lumière naturelle et offre des vues sur la cime des arbres.
Cette circulation introduit le propos du parcours muséal du pèlerinage intérieur. L'axe principal de la nef de la basilique, matérialisé par la présence de ses piliers, se confirme par une transparence depuis le hall, vers l'espace muséal et ultimement vers le coeur de la réserve, tel un cabinet de curiosités. Une vitrine sur celle-ci souligne la valeur symbolique et historique du lieu et marque, par une « colonne lumineuse » l'Axis Mundi : l'ancrage du parcours ascendant.
Le concept muséal soutient ce thème de l'ancrage à la terre, au statut archéologique et fondateur du lieu par un traitement des surfaces de plancher avec une matière minérale et des socles à même cette matière brute et pouvant recevoir vitrines ou autres artefacts. Une allée de vitrines centrales dégage et renforce l'axe horizontal du lieu Ce sol se prolonge vers les circulations périphériques et unifie l'espace muséal et la salle d'exposition temporaire. Installé au centre des espaces muséaux à accès contrôlé, les parois périphériques se soulèvent et dégagent des vues cadrées, niches et vitrines qui animent la circulation des visiteurs à l'allée et au retour. Au plafond, la structure de béton est exposée et un gril technique suspendu reçoit l'éclairage muséal. Un plancher surélevé et accessible loge les services électriques et data, tout en ajoutant une grande flexibilité aux aménagements.
b) L'Entrée, la Procession et le Promontoire : passage initiatique entre horizontalité et verticalité
L'ascension par l'Entrée logée dans la tourelle Nord est privilégiée. Cet escalier de plus de 190 marches comporte des moments interprétatifs sur lesquels les visiteurs sont invités à prendre une pose, à s'asseoir et observer le paysage environnant. Ces moments s'ouvrent parfois vers des cavités intérieures qui mettent en valeur l'expression structurale des piliers du dôme.
L'arrivée au niveau de La Procession (197) est caractérisée par une mise en valeur du système constructif et de la vision de l'architecte Dom Bellot.
À partir de ce « moment» à la base du tambour, une scénographie s'orchestre par le paysage intérieur préexistant, révélé par des composantes minimales et un éclairage approprié. Ce lieu est marqué par une introversion périphérique et par une transparence vers le vide de la basilique. Une interprétation muséale et de la poésie constructive du lieu s'installent. La lumière naturelle haute souligne ses effets par la modulation des membrures structurales. Une transmutation de la lumière brute se produit par le filtre des vitraux de couleur orangée. Les visiteurs sont invités à parcourir cette marche circulaire à la rencontre d'anciens pèlerins, les Miraculés du Saint-Frère André. Ce lieu d'interprétation met l'emphase sur un environnement sonore qui évolue au passage des pèlerins présents. Des témoignages des miraculés, accompagnés par des sons de pas, sont disposés le long du parcours et symbolisent la présence de chacun d'eux avec le visiteur. Au niveau du Promontoire (mezzanine), l'espace se retourne vers l'extérieur et les vues possibles vers le paysage environnant. Un nouveau balcon, suspendu vers le vide de la coupole, souligne l'axe de la nef et, offre une vue imprenable sur l'Autel en contrebas.
c) Le Sentier : verticalité
Une rampe s'insinue à partir de la tour des escaliers et ascenseur de l'entre-dômes. C'est l'ascension; un sentier paysage serpentant jusqu'au sommet de la colline _ une expérience associée au pèlerinage. Le sentier agit tel un condensateur du paysage intérieur, comme une carte, comme un interprète qui préserve et rehausse l'interprétation du lieu : Une série de tableaux vivants, offrent des points de vue vers un paysage de nature imaginaire inédit et spectaculaire, qui accompagne le parcours. La voûte du dôme extérieur, laissée telle quelle, reçoit les ombres projetées des visiteurs et autres projections subtiles et quelques fois abstraites de la forêt d'origine; analogie du rapport à la nature et aux humains qui y ont déambulés. Quelques assises ponctuelles permettent aux visiteurs de s'offrir un moment de pause et d'observer le spectacle ambiant. Elles alternent et se superposent, nous absorbant dans ces histoires passées en attente de la mise en valeur de la Percée, qui elle, irradie, soutenue par une mise en valeur de l'architecture du lieu.
Le rituel des lieux s'affirme par l'expression de la lumière naturelle - la Procession et la Cime - et aussi par la lumière scénique, combinée à l'éclairage proprement architectural. La production des ombres projetés vers la coupole intérieure de l'entre-dômes, à partir de la rampe circulaire et de la tour centrale, animent avec subtilité et mysticisme le lieu avec les moyens d'éclairage minimum pour un effet maximal. La rampe en spirale révèle le passage de la périphérie (tambour et mezzanine) vers le centre de l'Axis Mundi. Elle ralentit le mouvement et apaise. Elle aiguise notre sensibilité au mouvement. Elle magnifie le passage initiatique depuis le tambour vers la révélation complète de l'entre-dôme. Le franchissement d'un seuil horizontal se produit graduellement par le parcours en vrille ascendante. L'émotion principale provient de la vision synthétique de l'espace de l'entre-dômes et de l'appel de la plateforme de la Percée (l'oculus), qui matérialise le point focal de l'axe vertical au croisement du transept de la Basilique.
d) La Percée : base de La Montée
Traité ici tel un prisme de verre, sans ossature apparente, l'oculus irradie dans un entre-deux formé par le sommet du dôme intérieur et la plateforme flottante de la tour centrale. Tel un observatoire, moment d'arrêt privilégié, il s'ouvre généreusement sur son périmètre. L'expression de cet espace constituée de surfaces lisses et réfléchissantes dématérialise les éléments tectoniques et structuraux, dans une volonté de faire léviter la tour. Un escalier oriente, d'un côté, le parcours ascendant et, de l'autre, celui du retour des visiteurs, vers l'ascenseur et les escaliers localisés en périphérie.
e) L'Essor : plateforme flottante
En contraste avec le caractère éclatant, ouvert horizontalement et miroitant de l'oculus, la plateforme flottante à la base de la tour est traitée avec des surfaces absorbantes et par un haut garde-corps et un banc continu en plaque d'acier. L'obstruction horizontale du garde-corps oriente le regard vers le haut. L'emphase est mise sur un environnement sonore en support émotif au scénario lumineux qui nous raconte, en murmures, le bruissement de la nature et le silence d'abord, puis laisse place aux orgues et aux chants religieux de la basilique. L'accès à la tour offre un espace plus généreux du côté ouest, le retour des visiteurs n'y interfère pas. Ce palier et celui de l'oculus sont agrandis afin de loger les personnes en attente de l'ascension finale et de conformer un disque parfait.
f) La Montée : vers La Cime
La Montée tel un véritable résonateur de l'entre-dômes, constitue un lieu de convergence qui marque la verticalité du lieu. Les deux escaliers distincts autorisent la séparation de l'aller-retour. La structure d'acier existante de la tour est revêtue de tulles ignifuges à mailles serrées. Ce tissu est tendu dans un cadre métallique et agit comme écran de projection. Ce revêtement est appliqué sur les deux faces principales, laissant les paliers complètement ouverts vers l'entre-dômes. Entre ces escaliers, une paroi acoustique opaque et continue limite les interfaces entre les visiteurs. Un recouvrement des marches et paliers en béton contribuent à une ambiance feutrée. Au retour, deux paliers agrandis permettent des moments de pause et de partage dans lesquels certains dispositifs reprennent l'acte d'allumer un lampion de dévotion (sans feu) ou de s'asseoir vers le spectacle du lieu parcouru.
g) La Cime : observatoire
Parvenu au sommet de l'entre-dôme, sur la plateforme, le visiteur est à la fois dedans et en présence du dehors d'où provient la lumière naturelle de l'observatoire. Cette plateforme, activateur de la promenade ascendante, magnifie le caractère mystique du lieu. Les portions de plancher en projection de la tour sont en verre, laissant filtrer la lumière naturelle vers le bas. Des plaques lumineuses DEL sont installées dans la cavité circulaire de l'escalier en colimaçon, afin d'augmenter l'appel lumineux de la lumière naturelle. L'aboutissement du parcours constitue cet observatoire octogonal, plus haut point de vue, offrant une vue panoramique vers le paysage montréalais. Des indications sont inscrites au plafond et au bas des fenêtres en guise de repères pour réorienter les visiteurs et leur faire découvrir ces points de vue unique sur la ville de Montréal.
Notre objectif premier est de rendre l'édifice lisible et faire du mouvement la composante structurante d'une architecture expressive et surtout adaptée à son usage muséal et interprétatif. Entre dispersion et concentration, entre individualité et collectivité, entre recueillement et partage, entre nature et bâti.
(Texte du concurrent)
Commentaires initiaux
Le concept repose sur la volonté d'adapter les interventions selon les éléments existants, dans le but de respecter le lieu; une approche d'une grande simplicité. Celle-ci se traduit par une variété d'interventions, à caractère multiple. A cela se greffe une compréhension des enjeux de mise aux normes. Le circuit de visite propose des temps d'arrêt et des expériences différentes dans la montée, et dans la descente, par l'ajout d'une passerelle, la modification de l'escalier menant au lanternon et celle de la tour 'nord'; ceci démontre une bonne perception de l'effort du visiteur. Le musée est ceinturé de circulations.
Le jury apprécie l'approche conceptuelle simple qui découle d'une grande connaissance de la restauration; il remarque toutefois la diversité dans le langage architectural, ce qui nuit à la perception d'une identité et d'une continuité conceptuelle entre le musée et l'entre-dôme. Le traitement des parcours, proposant des temps d'arrêt est une qualité distinctive du concept. Le musée propose une idée flexible, du fait que toute la surface respecte les conditions muséales; l'exploitation de la réserve est un atout. Le dédoublement des circulations réduit toutefois la surface disponible pour les expositions. La position de la boutique est questionnée si tous les visiteurs proviennent du grand hall. Au plan mécanique, la présentation a clairement démontré une profondeur dans l'analyse des contraintes.
Commentaires journée du 15 mai
Très bonne approche patrimoniale, profonde et sensible au niveau technique; légère teinte spirituelle. Proposition efficace au plan fonctionnel, bon circuit de visite où on joue entre voir et être vu. La diversité des traitements crée un flou conceptuel, un manque d'unité architecturale; bonne stratégie d'interventions mais déficience du langage architectural. La partie mécanique est une copie de l'étude de faisabilité.
(Tiré du rapport du jury)
59 numérisés / 58 accessibles
- Planche de présentation
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- Perspective
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- Plan
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- Coupe
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- Coupe
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- Élévation
- Axonométrie
- Axonométrie
- Détail de construction
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- Détail de construction
- Détail de construction
- Détail de construction
- Détail de construction
- Détail de construction
- Photographie de maquette
- Photographie de maquette
- Schéma
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- Croquis
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