L'école de rang naît au Québec durant le 19ème siècle, lorsqu'un grand mouvement éducatif traverse la province et ses campagnes. Située au plus proche des terres, elle s'apparente à une petite maison généreusement fenestrée. Des enfants de tous âges y apprennent respect et autonomie en étroite proximité avec la nature. Ce sont ces valeurs, plus que jamais pertinentes, que notre projet veut encenser.
Si l'école de rang constitue un fort élément d'inspiration, il s'agit bien de réinterpréter l'archétype avec les techniques d'aujourd'hui. Chacune des seize classes prend ainsi la forme d'une petite maison implantée en harmonie dans le paysage. L'ancrage au territoire et la relation serrée au contexte retrouve l'esprit d'origine du modèle, alors que des équipements sophistiqués en rejouent les codes, citons l'exemple du puits d'aération se substituant à la cheminée traditionnelle.
La préfabrication d'un grand nombre de modules permet de compenser l'augmentation d'isolation engendrée par l'important développement des façades - une exigence pour un contact maximal avec l'extérieur ! Chaque maison est assemblée hors site et livrée pour installation. Ses murs de béton et sa toiture de métal en font un objet résolument contemporain, dont les lignes strictes contrastent avec l'aspect chaleureux du bois habillant les surfaces intérieures, et bonifiant l'acoustique.
Ce bois est celui de la pinède, qui trouve une seconde vie au sein même des classes : les grands troncs sont équarris et manufacturés durant le développement du projet pour réintégrer le site une fois mis en oeuvre dans les constructions. De nouvelles plantations pourront toutefois réveiller sa mémoire sur une autre partie du terrain. La présence du matériau sous différentes formes constituera une vraie plus-value didactique, les enfants découvrent de leurs propres yeux le cycle de transformation d'une ressource renouvelable.
Afin de générer le sentiment de communauté, l'image du grand bâtiment institutionnel est remplacée par celle d'un milieu humain à l'échelle de l'enfant. Aussi, les quatre cycles scolaires sont considérés comme autant de pavillons, chacun regroupant quatre classes indépendantes et non moins reliées. L'ensemble forme un microcosme dont tous les éléments sont libres, bien qu'appartenant à un même réseau avec lequel ils communiquent activement, tant visuellement que physiquement.
Les classes, à la fois très semblables et subtilement différenciées par certains détails, tels que l'orientation ou le dessin des ouvertures, marquent toutes les étapes du parcours de l'enfant qui se voit invité à une appropriation personnelle des lieux. Ce sont des «communautés d'apprentissage», des gradins habités ou encore une passerelle aux milles usages qui jalonnent quotidiennement son expérience du bâtiment; soit des espaces modulables, généreusement dimensionnés et éclairés, qui éveilleront chez les petits et les grands le sentiment d'appartenance à une collectivité.
Coeur névralgique de tous ces lieux, la cour constitue le principal élément rassembleur. Des escaliers extérieurs la relient directement à chacun des pavillons, qui gravitent autour de la large passerelle surplombante, protection supplémentaire à la couverture périphérique qui rend la cour praticable en toutes saisons. Entourée en «U» par les espaces partagés (salle à manger, gymnase et ateliers), cette dernière se prolonge en pente douce vers le boisé adjacent dessinant une limite naturelle.
Les classes extérieures s'implantent parmi les arbres du boisé et sont accessibles via des sentiers serpentant depuis la cour. Leur similarité affirme clairement leur appartenance à la communauté scolaire, leur position marque davantage leur lien à la nature. Observation de la faune et de la flore, abri en cas d'intempéries, point de ralliement des camps : ces classes ne manqueront pas d'animer le programme pédagogique !
La topographie du terrain est travaillée de telle sorte que seul le niveau supérieur émerge des terres. L'écolier retrouve les petites maisons à son arrivée depuis le quartier résidentiel, alors que le passant en provenance de la route 112 découvre la partie haute du gymnase. L'élément programmatique public se trouve ainsi en dialogue avec l'axe le plus fréquenté, et pourra même se connecter directement au futur centre communautaire grâce à un large corridor déambulatoire.
Sans avant ni arrière, l'école possède une infinité de dedans et de dehors en constante interaction. Si l'entrée principale s'affirme à travers l'aménagement d'un parvis couvert menant à l'un des deux gradins habités, les accès n'en sont pas moins permis depuis toutes les directions, les vestiaires de chaque pavillon sont ouverts sur le dehors. Une aubaine pour les activités de plein air qui pourront s'organiser spontanément et en tout point, la richesse du site y incitant pleinement.
Vivante et vibrante, l'école de Shefford se réinvente à toutes les saisons en puisant son inspiration dans la mémoire collective québécoise.
(Texte du concurrent)
5 numérisés / 5 accessibles
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Photographie de maquette
- Photographie de maquette
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