Castel Jardin
"Dans le coeur de tout homme, de toute femme, il y a des forces créatrices qui sommeillent, qui originent de la tendre enfance et qui se manifestent par le rêve." - Georges Brossard
Stimuler par l'espace ces forces, ces rêves n'est pas tâche facile : sur-planifier l'espace d'apprentissage peut rapidement étouffer l'instinct créatif, tandis que trop de flexibilité spatiale perturbe la concentration nécessaire aux formes d'attention requises. Afin de naviguer cette délicate balance, cette poésie qui entremêle rigidité et imprévu, nous proposons la judicieuse alliance de deux modèles pédagogiques historiques : l'Académie et le Jardin.
Le premier modèle est rigide, clair, épuré et structuré. C'est l'Académie. Telle qu'instaurée par Platon, elle s'établit loin du tumulte urbain afin de se libérer des distractions du quotidien pragmatique de la vie sociétaire. C'est un centre de théorie qui mise sur une pédagogie formelle et qui permet le partage d'un langage, de méthodologies et de technologies en un espace commun. La force de l'Académie est d'instituer une structure à la concentration, prémisse à l'absorption de connaissances et au développement de compétences. Ce cadre structuré est imagé dans le projet sous forme de castel pavillonnaire, véritable établissement d'une oasis de paix mentale et d'un enclos de concentration.
Or, il existe historiquement un alter-égo à l'Académie, un deuxième modèle pédagogique aux formes plus fluides, aux lignes joueuses et au plaisir dansant ; le Jardin d'Épicure. Prenant d'assaut le modèle de Platon, les enseignements trouvés au Jardin sont dénués de structure formelle, misant sur l'idée que l'apprentissage se fait dans le quotidien de l'existence. Intuitif, invitant, informel. Stimulant les sens et les sensations de l'esprit créatif, le Jardin est empreint de lucidité. Il est ludique, coloré, vivide et vivifiant.
Ci-git l'enjeux central du projet : miser sur le développement de connaissances et de compétences sans pour autant brimer les forces créatrices sans borne de l'enfant rêveur. En d'autres mots, actualiser l'alliance entre Académie et Jardin. Par celle-ci, le cadre traditionnel de l'architecture scolaire se voit éclaté et mis en suspens. Ainsi, le jardin peut s'immiscer dans le castel et nourrir les rêves de l'enfant.
L'école s'auréole autour d'une cour intérieur poreuse. Elle s'établit lourdement sur le site autant par sa volumétrie que sa matérialité, tout en maintenant une délicate légèreté émanant de son jeu de volume, d'échelle et de gravité. Son allure évoque la force temporelle des corps géographiques opérant sur l'édification des masses. Elle se présente à la fois rigide et agitée, solide et effluvée, mais surtout, épurée et lumineuse. Elle se marie à la nature par étreinte, par embrasse, par opposition, mais par amour, laissant ses pavillons s'entrelacer de végétation, de culture maraîchère, de potagers, de jardins floraux et de verdoyantes verdure.
La complexité de l'expérience spatiale permet à l'enfant de constamment découvrir et redécouvrir son milieu. La déambulation stimule l'esprit vif, défie la monotonie qu'offre l'académie seule et offre une structure à la rêverie. À tous moments, enfant, édifice et nature forment un triptyque symbiotique.
D'abord, l'enfant arrive à l'école par un sinueux chemin à travers le boisé, étreinte naturelle. S'ouvrent ensuite les portes du Castel et le rêveur se voit plongé dans un vaste espace de rassemblement lumineux et coloré. La distribution vers les différents pavillons se fait par une cour intérieure, centrale à l'esprit communautaire du milieu scolaire. Le jeu de porte-à-faux et d'angles déstabilise et propose un questionnement, demande concentration et octroie à la rêverie une raison d'être. Parsemés d'espaces commun de collaboration, d'apaisement et de concentration, chacun des pavillons offrent une variété de typologies d'expériences. Les classes sont modulables, flexibles et axées sur une interaction entre elles, offrant une variété d'enseignements. À l'extérieur, la ligne brisée de toiture offre la possibilité d'y accéder par une longue rampe, y habiter et y cultiver son potager.
L'orientation de l'école tire avantage des vues à l'est. Sa coupe étagée permet aux volumes ouest de voir au-delà des volumes est, vers le Mont Shefford. L'axe d'orientation est légèrement pivoté afin de maximiser ces vues. En plaçant les programmes publics vers l'est, l'école présente son gymnase, son espace cafétéria ainsi que sa cuisine au publique ainsi qu'au futur centre communautaire.
Les principes de dualité et de fructueuse tension, intrinsèque à l'alliance de l'Académie et du Jardin, demeurent inhérents à toutes expériences vécues à l'école. À travers le Jardin, elle accepte la rêverie comme principe premier à la créativité et à l'innovation. Et l'Académie offre la structure nécessaire à la concentration requise pour le développement de compétences afin de réaliser ces rêves.
(Texte du concurrent)
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- Planche de présentation
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- Photographie de maquette
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