C'est l'archétype même de la scène de rue montréalaise, le souvenir, réel ou fantasmé, qui hante l'esprit de tous ceux qui ont grandi ou vécu à Montréal : ignorant les « Rentrez là! Le souper va r'froidir! » et les « Y commence à faire noir, le Bonhomme Sept Heures va v'nir vous chercher! » qui fusent des balcons qui les entourent, des enfants, rose aux joues et morve au nez, disputent un furieux match de hockey « bottine » dans la ruelle d'un quartier populaire. Au-dessus de leurs têtes, comme une parodie des fanions de vainqueurs de la Coupe Stanley qui pendent au plafond du vieux Forum, la lessive de la journée achève de sécher sous les derniers rayons du soleil.
L'Esplanade Clark devrait pouvoir reproduire la chaleur et l'intimité des ruelles montréalaises. Pour y arriver, nous misons sur une évocation des cordes à linge chargées de lessive en dressant, au-dessus de la place un réseau de câbles métalliques qui auraient pour fonction de supporter le mobilier et qu'on pourrait, au besoin, démonter. D'accès facile, ces éléments de mobilier pourraient être déplacés aisément le long des câbles.
Fabriqués en kevlar très résistant et imperméable, ils seraient pliables et dépliables sous différentes formes que l'usager pourrait créer au gré de sa fantaisie et de l'usage qu'il voudrait en faire. Il pourrait aussi réunir et assembler plusieurs pièces afin de produire des meubles plus grands, des bateaux, des formes abstraites...
Au centre de la terrasse, nous souhaiterions installer un carrousel gardant les propriétés originales de ce type de manège, donc qui tournerait, serait composé d'animaux et diffuserait une musique caractéristique.
Composé de figures animales, cet appareil serait lui aussi, à l'instar du mobilier, suspendu à des câbles. Ces figures seraient fabriquées dans un tissu photoluminescent bleu clair, une couleur qui nous semble associée à l'histoire de Montréal. Afin de les rendre pérennes et propres à un usage public, les figures drapées de tissu bleu seraient recouvertes d'une coque souple de vinyle transparent rappelant ainsi les caparaçons qui protègent les chevaux. Elles seraient aussi dotées de véritables selles pour plus de confort. Pour assurer la photoluminescence des figures après le coucher du soleil, ces dernières seraient soumises à des périodes d'éclairage intense de 5 minutes chacune qui produiraient, une fois la noirceur revenue, des phases de luminescence de 5 minutes. Nous pensons que cette conception d'un éclairage cyclique de 10 minutes imposerait une temporalité et aurait pour avantage de permettre une meilleure gestion du temps d'utilisation du carrousel.
Actionné manuellement de l'intérieur par les usagers, le mécanisme engendrerait, dans son mouvement rotatoire, une mélodie produite par un système qui s'apparenterait à celui des boîtes à musique mécaniques. Nous souhaiterions que cette mélodie soit exclusive au carrousel et que les Montréalais·e·s finissent par la reconnaître et l'identifier au lieu.
En saison estivale, nous voudrions offrir un rideau d'eau et un brumisateur. La technologie du rideau d'eau permet d'inscrire dans la « trame » du filet d'eau des motifs ornementaux, des messages, une horloge numérique, de la publicité, etc. Pour enrichir l'expérience, les usagers pourraient, pendant le jour, faire glisser des meubles sous la fontaine et s'amuser avec les éclaboussures et, le soir venu, des ''sculptures'' de mobilier pourraient être fixement disposées sous le rideau d'eau et créer des combinaisons infinies en y ajoutant des concepts d'éclairage et de projection.
Les câbles seraient fixés à des mâts disposés de part et d'autre de la terrasse. Leur forme rappellerait le système d'éclairage du Quartier des spectacles et l'emblématique mât du Stade olympique. Les mâts seraient soutenus par des estrades pyramidales accessibles au public qui serviraient de lestage, fabriquées dans le même béton que celui de la terrasse.
L'hiver, le parvis pourrait lui aussi être surplombé par des câbles parallèles auxquels seraient suspendues des figures semblables à celles du carrousel. Munies de guidons, ces figures destinées à glisser le long du câble pourraient servir de tuteurs pour les apprentis patineurs ou alors offrir l'occasion de courses endiablées entre différentes «montures».
(Tiré du texte du concurrent)
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