Stepping stones
Pas japonais
Traditionnellement au Japon, le « pas japonais » (passe-pied en pierre imaginé au XVIe siècle par les maîtres de la cérémonie du thé) était disposé dans les jardins, au sol, afin de relier, sans salir son kimono, le pavillon du thé et la résidence. Disposés au rythme des pas humains, on empruntait ces allées facilement, sans craindre de trébucher.
Aujourd'hui, l'autoroute Ville-Marie est une entrave majeure dans la découverte de la ville, de la cité administrative et du Vieux Montréal. Notre proposition d'aménagement de la place s'appuie sur la juxtaposition de différents paliers l'échelle du lieu, assurant une transition douce vers le Champs de Mars (environ 5m à franchir), créant ainsi autant de points de vue choisis sur la ville.
Sur ce site très contraint, le défi est de concevoir une place pour vous, les Montréalaises. Celles reconnues, les bâtisseuses, et celles, anonymes, oubliées des textes historiques. Mais au-delà de ce cahier des charges, il s'agit d'imaginer une « place pour toutes et tous», afin de commémorer et célébrer la féminité montréalaise.
En apparence fragmenté, le projet de paysage nait d'un système constructif de passerelle ou « franchissement urbain » imbriqués, permettant de cicatriser l'espace public dans un cheminement continu, reliant l'avenue Viger Est et la place Vauquelin. On propose aux usagers différents parcours, en les invitant à emprunter des marches très généreuses, des pas d'âne, des gradins ou des rampes, afin de franchir la rue St-Antoine Est sans effort.
En partie centrale, dans le prolongement de la place Marie-Josèphe Angélique, une grande esplanade aux dimensions visuelles prolonge la place Vauquelin.
Ici, nous proposons la tenue de grandes manifestations. La place peut accueillir des kiosques urbains, mais nous profitons de l'effet de « terrasse » de la place haute pour loger deux cellules bâties discrètes, totalement intégrées. L'une devant la station de métro accueille un café ou salon de thé et bénéficie d'une terrasse exposée plein Ouest. La seconde, située au Sud-Est, en bordure de l'esplanade et du Jardin des Fraîcheurs, abrite le Pavillon des Montréalaises et sert de point d'informations, d'accueil du public, relais du réseau de location vélos Bixi. Un troisième espace de services permet d'intégrer visuellement l'édicule de la sortie de secours et loger : toilettes publiques, poubelles, stockage.
Rayonner par des
interventions artistiques
La topographie douce des courbes des paliers du franchissement urbain rappelle la gestuelle de l'oeuvre de Marcelle Ferron (verrière). La disposition et la mise à distance des gradins (espace de rencontre) libèrent un espace central en continuité de la station de métro. Il est possible d'admirer ses détails, tout en longeant un jardin humide composé de deux volumes de rétention (bassin de bio-rétention) qui tamponnent et créent un parcours de prétraitement des eaux de ruissellement de la place.
Nous proposons quatre nouvelles pistes d'intervention artistique et commémorative
1 • Une première oeuvre photographique numérique accompagne les différents balcons sur la ville (incrustation d'images de regards dans les garde-corps en verre de la passerelle et de la place haute) et fait référence à l'oeuvre puissante « parfum » de Geneviève Cadieux. Son travail autour du corps-paysage immerge le spectateur à travers des thèmes chers à l'artiste l'aveuglement, la blessure traumatique, la cicatrice...
2 • La seconde oeuvre concerne le recouvrement de la dalle béton. Il est proposé d'équiper certains pavés ronds translucides par des leds actionnés par le flux des véhicules transitant sous la place. Cette oeuvre interactive et allégorique simule par des ondes lumineuses le passage de l'ancienne rivière St-Martin qui traversait jadis le faubourg.
3 • D'une grande sobriété, les gradins en pierre sont support de plaques commémoratives des montréalaises ayant contribué par leurs actions à l'histoire de la ville.
4 • Une nouvelle place-jardin à la mémoire de Marie-Josèphe Angélique célébrée sur un socle surélevé (empruntant aux formes des paliers intermédiaires) et composée de massifs fleuris. La part végétale participe au paysage urbain fertile du projet, planté de fruitiers et notamment d'arbres à noix.
Vers une démarche durable
La place des Montréalaises est située en bordure Est de l'hyper centre de la ville, là où la biodiversité est quasi inexistante. Pourtant, la ville offre de nombreuses possibilités de développer des biotopes. Nous prônons le concept de «ville-rocher», une métaphore urbaine où des vallées et des canyons minéraux (les rues), des sommets plus ou moins plats (les bâtiments et édicules) sont traversés par une trame verte et bleue comme support de ce changement.
La présence de la dalle n'est pas une contrainte pour développer la biodiversité (exemple des toits cultivés du Palais des Congrès).
Nous proposons de poursuivre ce travail, sous forme d'associations végétales (phytosociologie) et de gestion hydraulique douce s'appuyant sur deux concepts : la fragmentation et la connectivité.
(Tiré du texte du concurrent)
7 numérisés / 7 accessibles
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Plan d'implantation
- Coupe
- Schéma