THERE IS A CRACK IN EVERYTHING, THAT'S HOW THE LIGHT GETS IN .
L'architecture est un art, un art de mouvement, de lumière, de perception. L'architecture sera ici un art de mémoire et d'émotion. Elle supportera la mémoire à travers un parcours sensoriel permettant aux visiteurs de percevoir dans l'intangible leurs émotions. Rien dans le nouveau Musée de l'Holocauste de Montréal ne peut rendre la peur d'un père en voyant sa famille partir, celle d'un enfant dans le noir silencieux, celle d'une mère pressentant l'horreur à venir. En 1975, André Malraux disait que « ... pour la première fois, l'homme a donné des leçons à l'enfer ». Ici l'architecture est mémoire pour se souvenir de ceux qui ont franchi ce seuil, pour leur rendre hommage, pour nous rappeler la fragilité de la vie et que même aujourd'hui, nous sommes exposés aux gestes d'hommes avides. Ce musée permettra, d'être un lieu d'apprentissage, de souvenir et d'espoir en ce qu'il y a de mieux en nous et ce, peu importe l'âge, la foi, le genre ou l'ethnie. Nous croyons que le nouveau musée de l'Holocauste se doit d'exister à travers un parcours émotionnel qui se manifeste dans l'expérience spatiale et physique, voire urbaine.
Le musée se présente à nous sobrement, sans être ostentatoire; une lourde chape de pierre grise de Montréal joue avec la lumière du jour, elle se soulève à quelques mètres du sol, suspendue, et y sont gravés les noms des familles. Le visiteur s'y glisse, la flamme du mémorial extérieur est le signe que le lieu n'est pas celui du commerce mais celui de la mémoire. L'espace extérieur se compresse, s'assombrit et une fois les murs d'acier franchis, nous quittons la vie pour l'inconnu : l'embarquement. Et puis le hall d'accueil blanc, lumineux, au-delà duquel se profile le seuil rouge, celui de la coupure entre la vie d'avant et celle à venir. Les hommes y sont séparés, les femmes et enfants aussi; ils se retrouveront lors de l'ascension vers la salle d'exposition à la première rampe. Leur parcours sera une expérience sensorielle et émotionnelle, un parcours favorisant tantôt la solitude, la méditation, tantôt l'espoir d'une libération, d'une vie meilleure.
Nous ne sommes pas dans un musée ici, nous sommes dans un lieu rédempteur ou se cicatrisent nos blessures, ou se révèlent le courage et la dignité humaine. L'espace ici n'est pas confrontation. Il inscrit doucement le visiteur dans son territoire et dans son histoire. L'espace traduit et rend hommage à la résilience humaine.
Le parcours ouvre des percées subtiles sur la ville et son animation et, tout au long de l'ascension, il nous rappelle ponctuellement la continuité de la vie. La grande salle d'exposition se module en espaces parfois compressés, parfois double hauteur, modulant ainsi notre perception du lieu, pour se terminer dans la salle rouge, qui évoque l'autorité tyrannique avec son espace haut et étroit. Ici, l'homme n'appartient plus à lui-même, il est étroitement contrôlé. S'ouvre par la suite un parcours parsemé de brefs moments d'espoir, ou l'architecture se dilate, s'ouvre et offre un bref moment de verdure... et si la vie continuait tout de même ? L'obscurité, l'inconnu encore une fois, et puis, sans s'y attendre, la lumière...
La lumière chaude et dorée de la libération, le ciel ouvert : l'amphithéâtre est un lieu multiple, espace de représentation certes, mais aussi un moment hommage où les visiteurs peuvent prendre une pause sur les gradins, face au mur doré, gravé des noms des familles brisées. L'espace ici est celui où l'homme peut réfléchir à la beauté de notre monde et à l'espoir. Et ce ne sera qu'une fois arrivé au toit que les visiteurs constateront que la vie est malgré tout résiliente. L'espace se déploie sur le toit jardin, accessible, invitant à la déambulation, véritable ode à la vie. Le jardin se déverse sur le mur du passage des familles qui relie la rue St-Dominique au boulevard St-Laurent, véritable parc linéaire en hommage à ceux qui ont construit la ville, ayant quitté leurs propres racines et origines. Témoin des impacts migratoires de plusieurs grands conflits mondiaux, le boulevard St-Laurent accueillera ce nouveau passage partiellement protégé par le musée et son grand jardin vertical, ouvert sur le ciel, sur l'espoir et sur la vie.
C'est sur ce passage que les visiteurs du musée termineront leur parcours sans avoir à revenir en arrière. Sur ce parvis animé où se déploie la terrasse animée du café, la vie reprend son cours.
L'architecture ici s'efface, elle a joué son rôle : celui d'émouvoir.
(Texte du concurrent)
Le jury souligne son appréciation du texte du projet, qui traduit une bonne compréhension des enjeux, ainsi que le parti architectural proposant une séquence d'espace, une progression. Certaines réserves sont exprimées sur la clarté des diagrammes présentés et notamment en lien avec le manque de définition par rapport à l'insertion au contexte urbain.
(Tiré du rapport du jury)
12 numérisés / 12 accessibles
- Planche de présentation
- Extrait de planche
- Coupe
- Coupe
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Image de référence