ET LUX IN TENEBRIS LUCET
-Viktor E. Frankl
Dans notre ère troublante de montée du populisme, de l'extrémisme de droite et de la montée de l'antisémitisme, l'architecture ne doit pas aborder la conception du musée de l'Holocauste seulement comme un arrière-plan pour la diffusion de connaissances factuelles. La connaissance doit aussi être corporelle. Nous devons littéralement la ressentir dans nos os. En tant que telle, notre proposition cherche à générer des expériences perceptives viscérales qui évoquent des souvenirs et des associations significatifs. Ces expériences sont mises en place par des espaces figuratifs convaincants qui utilisent les matériaux et la lumière avec franchise et sincérité.
Agora : L'Agora a été conçue comme un lieu d'origine. Sa grande voûte évoque une forme architecturale primitive tandis que son utilisation généreuse du calcaire de Jérusalem adouci évoque les racines anciennes du judaïsme. C'est un lieu de tranquillité qui à ses extrémités, est baigné de façon spectaculaire par la lumière naturelle du ciel.
Et en parallèle, la configuration lamellaire de la voûte permet à une lumière artificielle uniforme et diffuse de pénétrer l'Agora. Bien qu'elle ne soit pas visible dans notre rendu, la circulation publique le long du périmètre de la voûte au deuxième niveau du musée offre aux visiteurs une transparence important à travers la construction. Cela favorise donc la connexion humaine avec l'Agora (d'en haut) tout en préservant l'aspect figuratif de la voûte (d'en bas).
Comme prévu au plan, cette voie de circulation forme un anneau qui relie toutes les fonctions publiques du second niveau (espaces d'exposition, salle multifonctionnelle et salle commémorative) dans une boucle opérationnelle sans faille.
Le Grand escalier/mur : Une cage d'escalier linéaire et son mur urbain de 27m de long bordant la rue Saint-Laurent ont été conçus comme des instruments pour générer des qualités urbaines positives. D'un grand geste, la cage d'escalier s'élève du niveau le plus bas jusqu'au sommet du musée. Dans son intention initiale, il crée un tampon programmatique qui isole la ville des Salles d'exposition opaques et donc muettes de la "boîte noire". Les volées d'escaliers relient la Salle(s) d'exposition(s) temporaire(s) située au rez-de-chaussée à l'Espace d'exposition Jeunesse et l'Espace d'exposition principal à l'étage avant de rejoindre la seconde partie de l'Espace d'Exposition principal à l'étage supérieur.
Au niveau de la rue, les fenêtres permettent une communication directe avec l'intérieur du musée, avec des vues sur certaines des oeuvres présentées sur le mur opposé. Aux deux niveaux d'exposition supérieurs, de généreuses galeries de repos et de repos donnent sur l'espace de la cage d'escalier. Le grand mur de fenêtres triangulaires perforées élimine les problèmes de surchauffe associés aux murs-rideaux de verre; crée un jeu dramatique de lumière colorée projetée; et estompe des vues moins convaincantes des propriétés voisines et du stationnement en face.
Les escaliers en calcaire de Jérusalem et ses murs en granit cambrien québécois évoquent les liens historiques entre le Judaïsme et le Québec et son ascension vers le renforcement.
Façade: La façade de cette cage d'escalier est percée de nombreuses fenêtres triangulaires en verre coloré et de panneaux surdimensionnés en verre plat qui articulent la section du bâtiment. Elle est également articulée par de subtils plis verticaux qui subdivisent la longueur de la façade en segments de 9m - comme pour les lots typiques de la rue Saint-Laurent.
Cette face et le reste du revers d'élévation de la rue Saint-Laurent sont faits de béton préfabriqué dont les surfaces sont bouchardées et la coloration correspond à celle de la pierre grise de Montréal.
Le centre symbolique: Le centre symbolique de notre proposition comprend une relation de section entre la Salle d'hologramme " Dimensions in Testimony " au rez-de-chaussée, l'Espace commémoratif hexagonal immédiatement au-dessus au deuxième étage et enfin au niveau du toit, une proposition pour ce que nous appelons le Jardin de résilience.
La Salle d'hologramme " Dimensions in Testimony " est le lieu du témoignage. L'Espace commémoratif offre le repos pour se souvenir de la vie de ceux qui ont péri. Et le Jardin de résilience célèbre la vie de ces milliers de survivants résilients de l'Holocauste qui ont reconstruit leur vie à Montréal. C'est une cour intime comme un espace - ouverte sur le ciel et encadrée sur ses deux longs côtés par des murs de granit portant les noms de ces mêmes survivants. L'espace est en outre marqué par une étoile de David haute, vitrée et extrudée de manière volumétrique qui fournit un éclairage spectaculaire à la salle commémorative ci- dessous. Nous espérons que cette relation architecturale /commémorative entre les survivants et les victimes sera convaincante.
(Texte du concurrent)
Le jury apprécie beaucoup le riche symbolisme lié au judaïsme et à l'histoire, présenté au texte et intégré au projet. Toutefois, le jury a des réserves sur plusieurs aspects du projet, notamment le manque de lumière naturelle, l'organisation générale des espaces et l'intégration au contexte de la façade très graphique. Il est souligné que le parcours muséal mise beaucoup sur le grand escalier, ce qui n'est pas en adéquation avec la grande volonté d'accessibilité universelle, résultant de la mission du Musée.
(Tiré du rapport du jury)
7 numérisés / 7 accessibles
- Planche de présentation
- Extrait de planche
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Plan
- Axonométrie