Inspiré par la notion de montage développée par Walter Benjamin dans Das Passagen-Werk, le projet propose un assemblage de fragments joints dans l'élaboration d'un artefact portant les traces de la riche histoire du site. Par l'assemblage des divers fragments d'histoire invisible à l'oeil contemporain, enfouie dans la mémoire collective, ARTEFACT DES POSSIBLES interroge le présent afin d'adresser le futur.
Le site, sur lequel la nature a repris ses droits, conserve les traces palpables de son passé. Témoins muets et acteurs majeurs de cette histoire, les imposants monolithes de calcaire qui jonchent le sol rappellent l'époque où le site alimentait la construction montréalaise. À leurs côtés, la carcasse imposante et décharnée de l'ancien incinérateur s'offre comme une toile de fond pour une réinterprétation de son rôle à l'échelle de la communauté. Ancienne manifestation de l'industrie et de l'utilité fonctionnelle, l'incinérateur devient aujourd'hui un espace d'exploration et de réflexion. Altéré par son nouvel usage, il présente de nouvelles ouvertures, perçant son enveloppe et ses planchers, laissant entrer lumière, nature et visiteurs, symbole de la porosité entre les temporalités et les usages du site. Autrefois fermé, rigide et utilitaire, il s'ouvre maintenant aux éléments extérieurs, marquant une nouvelle phase dans sa propre histoire.
Les subséquentes strates spatio-temporelles du site s'effondrent et se superposent dans la création d'une nouvelle composition articulée et jointe par une série de passages métalliques. Ainsi, la notion de montage ne se limite pas à une juxtaposition matérielle ou formelle, elle est aussi conceptuelle. La série de passages reliant les fragments constitue une « articulation » au sens où Benjamin l'entend : ces éléments créent des parcours flâneurs, libres et ouverts, où les visiteurs réinventent leur propre rapport au site et à son histoire. En écho à la figure du.de la flâneur.se, ces derniers prolongent l'expérience poétique, urbaine, quotidienne et libre du Champ des Possibles à proximité. Chaque passage devient un lien non seulement spatial mais aussi temporel, un pont entre les différentes époques du site.
(Tiré du texte du concurrent)
La proposition a retenu l'attention du jury pour la programmation architecturale à fort caractère sensoriel. L'incinérateur des Carrières est ainsi traité à la manière d'une sculpture urbaine entrecoupée de temps de pause par la déambulation. Cette promenade végétalisée intérieure-extérieure met de l'avant le bien-être de l'usager urbain qui exploite à son rythme chaque instant du lieu, le tout empreint d'un dialogue poétique entre les ouvertures unissant le retour de la nature et les points de médiation en dialogue avec le monumental. Les intentions formelles de la proposition offrent une résolution architecturale de calibre et complètent très bien celles évoquées dans le texte, ce qui en fait une proposition convaincante et cohérente.
(Tiré du rapport du jury)
3 numérisés / 3 accessibles
- Planche de présentation
- Perspective
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