Les méthodes de gestion des déchets à Montréal se sont réinventées à plusieurs reprises depuis le début de l'industrialisation. L'enfouissement en ville et l'incinération, pour leur impact néfaste sur la santé et la qualité de vie des citoyens, ont laissé place à l'enfouissement en banlieue, laissant les incinérateurs Dickson et des Carrières vacants. Vestiges industriels, ces bâtiments monolithiques et leurs cheminées emblématiques sont devenus des points de repère importants dans le paysage montréalais. Ces infrastructures fonctionnalistes, par leurs grands volumes et leur robustesse, se prêtent toujours bien à la transformation de déchets, ramenant en ville ce processus délocalisé depuis longtemps. Pour que la requalification de ces centres soit un succès, l'activité industrielle doit profiter à la communauté au lieu de lui être délétère.
La proposition est une conversion de l'incinérateur des Carrières en usine de biométhanisation permettant de traiter les résidus alimentaires montréalais, une solution pouvant aussi s'appliquer à l'incinérateur Dickson. Le bâtiment conserve sa logistique de réception et d'expédition de matière, mais au lieu de rejeter des substances toxiques, le nouveau processus produit du compost et de l'énergie sous forme de méthane. Le projet vise à ramener le déchet au rang de ressource. En effet, une infrastructure de ce volume peut traiter plus de 31 000 tonnes de déchets organiques par an, engendrant ainsi plus de 25 000 mètres cube d'engrais liquide et environ 2 700 000 mètres cubes de méthane, ce qui équivaut à 13,5 GWh d'énergie.
Le geste s'inscrit dans un plan d'économie circulaire en redonnant à la ville l'énergie et le fertilisant contenu dans ses déchets alimentaires. La circularité s'opère également à l'échelle du bâtiment. Des serres en toiture sont fertilisées par le compost de l'usine. Un restaurant directement à côté des serres permet aux citoyens de savourer les produits maraîchers poussant sur le toit. La terrasse du restaurant permet de profiter de la vue imprenable sur le Mont-Royal et le centre-ville qu'offre la toiture de l'incinérateur des Carrières. Tout au long de leur ascension vers le toit, les visiteurs découvrent en direct le processus de gestion des déchets organiques dans une logique de sensibilisation. Malgré sa fonction industrielle, le projet sert directement la communauté.
Construire des liens communautaires forts et pérennes implique une interdépendance qui nous relie à une forme universelle de proximité. À la fois bâtie et sociale, elle guide notre appréhension de l'environnement et la participation active que nous avons dans celui-ci. Ce projet de réadaptation s'inscrit dans un profond désir d'unifier technologie, économie et écologie à une échelle tangible pour tous.
(Tiré du texte du concurrent)
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