L'industrie de la construction - parmi les plus polluantes - est au premier plan des acteurs dont les habitudes ont un impact direct sur la crise environnementale en cours. Au Québec, elle génère à elle seule 1,3 million de tonnes de déchet(1) et 12,1 millions de tonnes de CO2 annuellement(2).
Le secteur de la construction présente toutefois un énorme potentiel de réduction de ses émissions, en misant notamment sur des matériaux durables et le réemploi des matières existantes. Si l'inefficacité de nos méthodes de recyclage est flagrante, le réemploi et la valorisation de matières bien présentes à Montréal - la brique et le verre - sont à portée de main. Nous proposons donc de réactiver les sites des incinérateurs des Carrières et Dickson en les convertissant respectivement en centres de transformation du verre et de la brique, permettant à la fois de conserver leur caractère industriel, mais également leur vocation de gestion des déchets.
En exposant la gestion des déchets vers une revalorisation au coeur de quartiers habités, nous imaginons une prise de conscience sur le cycle des matériaux, sur les conséquences des déchets et sur leur potentiel de réemploi. Les méthodes actuelles de collecte et d'évacuation de déchets en milieux urbains rendent difficile pour la communauté citoyenne de mesurer l'ampleur de cette entreprise. Les ordures disparaissent simplement vers on-ne- sait-où, contribuant ainsi à une déresponsabilisation généralisée sur le traitement des matières résiduelles.
Le verre est une matière recyclable à l'infini, mais dont le cycle s'essouffle souvent au bout d'une seule utilisation. Dans les dernières années, plusieurs innovations concernant le réemploi de la poudre de verre ont vu le jour, notamment son utilisation dans la fabrication de béton, où elle peut remplacer jusqu'à 30% de ciment, participant à réduire de 20% les quantités de GES émises par la fabrication de cette matière(3). Cette innovation technologique québécoise permet la fabrication d'un béton plus résistant, durable et imperméable, en plus d'offrir un débouché de surcyclage pour le verre.
La brique, quant à elle, est un déchet de construction qui est plus difficile à réemployer, considérant le caractère irréversible de l'argile cuite et la tendance à démolir les ouvrages plutôt qu'à les déconstruire. Toutefois, un procédé entièrement québécois a récemment vu le jour : La technologie Brique-Recyc permet le réemploi de briques en bon état en « nettoyant » le mortier de l'ancien assemblage, ramenant les briques proches d'un état d'origine(4).
Dans l'idée qu'un bâtiment n'est vivant que s'il a un usage, s'inscrire dans l'histoire du site en préservant sa vocation industrielle de gestion des déchets constitue une manière innovante de préserver à la fois ses qualités patrimoniales et son importance dans le développement urbain de Montréal.
En misant sur la conservation des rares espaces industriels encore présents au coeur de la métropole et sur la mise en valeur des expertises technologiques québécoises, Montréal est faite de briques et de fêtes invite à un changement d'habitudes et de regards posés sur les matières qui nous entourent. Appelant ainsi à imaginer le potentiel de ce que nous considérons à tort comme des déchets.
1. Dubé, I. (2022, 6 septembre). On jette de bons matériaux aux ordures. La Presse. https://shorturl.at/Pytbx
2. Institut de la statistique du Québec. (2023).Première estimation de l'empreinte carbone de la société québécoise et de l'empreinte carbone des exportations. https://shorturl.at/jj4Xc
3 et 4. Équiterre. (2023). Béton et poudre de verre : une innovation québécoise qui pourrait réduire les GES de 20 %. https://shorturl.at/CHFvO
(Tiré du texte du concurrent)
3 numérisés / 3 accessibles
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