DIALOGUES DIACHRONIQUES
Le projet réinterprète de manière contemporaine la stratification historique de l'îlot des Palais. La coexistence des deux palais, qui n'a jamais eu lieu au cours de l'histoire, devient le prétexte à un dialogue contemporain entre les vestiges archéologiques du premier palais de l'intendant, et le volume du second Palais, érigé sur ses fondations d'origine.
Du côté sud, un « bâtiment vitrine » dessine la limite de l'îlot vers la rue Saint-Vallier. Le choix de prolonger le Pavillon Jean-Talon jusqu'à l'alignement ouest du second palais dérice de deux considérations principales. Cette décision se fonde d'abord sur la volonté de redonner à la rue Saint-Vallier une importance qui corresponde à son rôle historique de parcours fondateur de la ville. Ensuite, elle permet d'établir la présence d'une véritable porte cochère, premier élément du système « porte cochère - cour d'honneur - escalier » qui constitue la séquence de transition vers les espaces de représentation prévus à l'emplacement du second Palais. Nous estimons qu'un pôle faible à cette extrémité de l'allée d'honneur prévue dans le programme du projet, compromettrait son identité même.
En face du pavillon Jean-Talon, ce volume au rez-de-chaussée « poreux », vient s'opposer le bloc monolithique du « nouveau Palais ».
Un îlot « ouvert »
Tout le coeur de l'îlot se trouve alors dégagé et trois espaces publics distincts le structurent.
Depuis la rue Saint-Nicolas, un « espace filtre » invite les visiteurs à pénétrer le site en traversant un mur végétalisé et des plantations arborescentes. Ces éléments, conjuguée avec le café du pavillon Jean-Talon, dessinent l'interface entre la rue et l'îlot.
Le deuxième espace, celui de la cour d'honneur, est le véritable coeur de l'îlot. La configuration et le mode d'implantation du pavillon Jean-Talon permettent l'encadrement de cet espace libre, caractérisé par la simplicité et la régularité de sa forme. En guise de revêtement de sol de la cour d'honneur, nous proposons de réutiliser, sous forme de pierre concassée ou de pavage, les briques rouges de l'entrepôt frigorifique de la brasserie Boswell.
Enfin, la portion ouest de l'îlot est occupée par le jardin bleu, un espace planté qui rappelle la position des jardins du palais de l'Intendant.
Une vitrine sur les vestiges
La présence des vestiges du premier palais a guidé la conception du Pavillon Jean-Talon. Le nouveau bâtiment se déploie comme une véritable vitrine qui enveloppe les anciens murs et contribue à instituer un dialogue entre ces éléments et l'espace public.
La mise en valeur des vestiges est accentuée par le système structural envisagé pour le Pavillon Jean-Talon. Des cadres rigides dont les appuis verticaux sont posés à l'extérieur du périmètre des vestiges, viennent supporter la salle multimédia et les espaces d'exposition qui « flottent » au-dessus d'eux. Ce mode d'intervention « léger » assure la protection des vestiges, tout en laissant une grande marge de manoeuvre aux muséologues quant à leur future mise en valeur.
Le volume de bois contenant les espaces d'exposition se superpose à l'empreinte du premier palais. Son traitement évoque divers éléments du bâtiment d'origine (ordonnancement des ouvertures, faîte et brisis de la toiture), alors qu'en vis-à-vis, la peau de verre sérigraphié reproduit l'image que nous en a transmise l'iconographie ancienne.
Le circuit de visite du pavillon Jean-Talon débute dans le hall, à l'extrémité ouest du bâtiment. Les visiteurs montent au premier niveau et traversent au-dessus des vestiges, à l'intérieur de le coque en bois, d'abord dans la salle multimédia puis, dans une première section de l'exposition permanente. Dans ces salles, des ouvertures dans le plancher donnent une vue plongeante sur certaines sections des vestiges. L'itinéraire se poursuit par la descente vers les vestiges de l'ancien palais, en passant d'abord sur le pavage original de 1750 de la rue Saint-Vallier puis, au « coeur » de l'exposition permanente, à travers un système de passerelles et de planchers aménageables selon le concept muséologique retenu. En ressortant de la « salle » des vestiges, on accède à la deuxième partie de l'exposition permanente installée en sous-sol et, éventuellement lors de la phase 2, aux voûtes du second Palais. Le retour vers la sortie se fait en longeant l'extérieur des vestiges côté cour jusqu'à la boutique où l'on remonte finalement vers le hall.
Un jeu de tensions entre les deux « palais »
Le « nouveau palais » reprend la forme dictée par les vestiges archéologiques et les images qui nous en sont parvenues. La présence massive de ce bâtiment, dont l'existence fut la plus rapprochée de notre époque, contraste avec celle avec du premier palais, un « fantôme » évoqué par une construction qui tend vers la légèreté et la dématérialisation.
L'idée de la double peau proposée pour le premier palais est reprise ici, mais le rôle du verre y est inversé. La peau vitrée intérieure constitue la véritable enveloppe du bâtiment et elle est recouverte d'une deuxième strate en pierre. Le traitement subtil des plaques de pierre reprend la forme, les dimensions et le rythme des ouvertures du bâtiment d'origine. La lecture de ce volume sera contrastée et variera selon le moment de la journée: l'éclairage naturel révélera une masse minérale discrètement modulée par l'inclinaison variée des lattes de pierres, alors que de nuit, l'éclairage intérieur artificiel fera nettement apparaître la « trace » des ouvertures de l'ancien palais.
(Tiré du texte du concurrent)
1er prix : 2748-3951, Bélanger Beauchemin, architectes et Anne Vallières, architecte
Ce projet se démarque pour avoir le mieux répondu au plus grand nombre de questions posées par le concours. En première analyse, il est déjà ressorti du lot pour avoir engagé une réflexion sur les rapports entre les deux pavillons et pour avoir considéré le défi du traitement du second palais. Un regard plus poussé sur le projet a confirmé cela, à mesure que se développait l'analyse de l'ensemble des propositions et que progressait le débat, et a permis de faire ressortir le haut niveau de sophistication du projet en dépit d'une expressivité graphique plutôt mitigée. L'articulation des espaces, tant intérieurs qu'extérieurs, et la manière dont ils se complètent pour enrichir les liens visuels entre ce qui se passe dans le centre muséologique et dans l'espace urbain ont séduit le jury. La grande boîte de bois suspendue au-dessus du tracé des bâtiments disparus permet d'une geste d'apporter une réponse convaincante à plusieurs des défis du projet. La séquence de visite est bien maîtrisée et les espaces habilement proportionnés. L'aire de restauration, qui semble à première vue briser la géométrie de l'ensemble, se révèle au contraire être l'un des éléments clés de la composition en réglant les parcours et en cernant les espaces publics les plus importants. La grande visibilité des vestiges, qui sont la première raison d'être du centre muséologique, tant depuis la cours d'honneur que depuis la rue St-Vallier, constitue une avantage appréciable pour l'attraction des visiteurs et l'animation de l'espace public. Corollairement, la lumière naturelle dont bénéficient les vestiges, combinée à la hauteur de l'espace qui les contient, offrira une générosité qui permettra au centre muséologique de se positionner favorablement sur le marché en complément d'autres institutions similaires. Les matériaux choisis et leur utilisation habile contribuent éloquemment à articuler une prise de position claire sur la manière de composer avec l'histoire du site sans s'y enfermer. Toutefois, le peu de considérations pour la mémoire industrielle du site, du reste commune à la majorité des autres projets, et l'expression architecturale peu résolu du second palais ont soulevés des inquiétudes. La légèreté de la structure et le traitement de la toiture, très visible depuis les fortifications, sont deux aspects du projet qu'il faudra particulièrement soigner. Enfin, le jury est d'avis que le projet pourra être amendé sans problème et même se bonifier dans son développement, sans devoir remettre en cause ce qui en fait les qualités.
(Tiré du rapport du jury)
17 numérisés / 17 accessibles
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Perspective
- Plan d'implantation
- Extrait de planche
- Plan
- Axonométrie
- Élévation
- Coupe
- Coupe
- Perspective
- Coupe
- Plan
- Plan
- Plan
- Élévation
- Élévation