CONCEPT
Deux topographies radicalement différentes se fusionnent en un lieu de convergence. Un plan incliné flotte au coeur du site et constitue le mouvement déterminant auquel vient s'ancrer le concept. Ainsi, une prairie flottante et oblique se dépose délicatement sur une topographie complexe et onduleuse. De cette convergence émerge un système complexe de relations spatiales où s'impriment les lieux de commémoration pour les femmes Montréalaises. À travers ces deux strates, un dialogue se construit entre le dessous et le dessus de la Ville créant de nombreux moments intimes et espaces évocateurs, rappelant les subtilités montréalaises, la place de la femme au coeur de l'évolution de la ville et célébrant l'enthousiasme du citoyen qui découvre son histoire et sa culture.
STRATIFICATIONS
Les deux topographies encadrent une série de seuils liés au contexte et attirent le visiteur à la découverte d'un lieu contemporain. Elles forment une armature qui consolide une stratification complexe entre architecture, paysage, artefacts et contexte environnant. Ceux-ci convergent en de multiples expériences nuancées :
La topographie expérientielle
Cette première strate, en réponse à la complexité du site, ondule et module les espaces pour résoudre les enjeux techniques des conditions existantes. La topographie crée un narratif raffiné pour organiser les connexions, lier les espaces et proposer des lieux d'orientation pour les usagers en transit que ce soit les piétons en déplacement, les usagers du métro, les cyclistes ou les voitures. Quatre espaces distinctifs composent ce plan: l'amphithéâtre urbain au sud-ouest le long de la rue St-Antoine, l'esplanade multifonctionnelle le long de l'avenue Hôtel-de-Ville, la forêt le long de l'Avenue Viger et l'axe urbain qui longe le CRCHUM reliant visuellement la rue Gosford et la rue Sanguinet. Au centre de cette strate expérientielle s'insère la deuxième topographie et cinquième espace distinct du site, le plan incliné et son pré fleuri.
Le plan incliné
Le plan incliné constitue le geste conceptuel principal de la proposition. Il est à la fois pré fleuri et espace oblique de déambulation. Le plan s'élève vers le sud pour rejoindre la Cité Administrative par une passerelle qui est à la fois lieu d'arrêt, de rassemblement, belvédère sur la Ville et place de déambulation. Par son échelle manifeste, le plan oblique dialogue avec la composition monumentale du CHUM et CRCHUM et avec le cadre bâti environnant. 400 perforations circulaires, déclinées en 5 formats différents et conçues pour favoriser la croissance des plantes et une floraison en constante évolution, définissent le pré fleuri. L'espace prend la mesure du temps qui passe et permet aux visiteurs de déambuler librement en vivant une expérience à la fois instructive, sensorielle et poétique. Cet objet s'impose dans le paysage et devient un bouquet de fleurs offert en hommage aux femmes ayant marqué l'histoire montréalaise. Le pré fleuri est la signature architecturale de la place, unissant les couches expérientielles en un nouveau lieu identitaire. Il améliore la qualité écologique du territoire environnant, en améliorant la biodiversité faunique, touchant les oiseaux, les abeilles et les papillons, encourageant pique-niqueurs, jardiniers, artistes et tout autre citoyens à s'approprier ce lieu où il fait bon respirer. Sous le plan incliné, un nouvel environnement se dessine. Une topographie inversée et diversifiée interpelle l'automobiliste par un spectacle expérientiel depuis la rue Saint-Antoine et la bretelle de sortie de l'autoroute Ville-Marie dans un mouvement en véritable communion avec la Ville. Le système architectural préconisé offre une expérience cinétique enveloppante et expressive. Au pied du plan incliné, une lame d'eau jaillit du sol pour apporter fraîcheur et animation entre la station de métro et le champ fleuri. La verrière de Marcelle Ferron s'y reflète et le bruit de l'eau adoucit l'ambiance.
La forêt
La forêt qui définit le seuil nord du site et l'entrée depuis l'avenue Viger, ancre la place à l'intérieur de la ville. Cette composante naturelle est un élément important de l'expérience du lieu, invitant les piétons à s'infiltrer dans le site pour rejoindre le métro et offrant des moments de fraîcheur à travers l'ombre qu'elle procure. Les arbres et éléments du mobilier inscrits dans les ponctuations de la matrice d'ensemble offrent des points de repos et d'introspection. La forêt engage un dialogue naturel avec le pré fleuri, évoquant le paysage québécois et les espèces d'arbres emblématiques du mont Royal.
Les objets
Cette stratification est composée d'un ensemble de 3 objets architecturaux symboliques dont, un trouvé, un transformé et un nouvellement créé. L'objet trouvé est la station de métro Champs-de-Mars. Sa forme et sa beauté sont célébrées puisqu'elle est le point de départ de la matrice, dictant la géométrie des aménagements paysagers. Le positionnement du pré fleuri interpelle l'oeuvre de Marcelle Ferron qui est mise en scène dans toute sa splendeur grâce à l'alignement créé. Elle peut être observée de la passerelle depuis le Champs-de-Mars et sa présence accompagne le piéton qui déambule dans le champ puis dans la forêt.
L'édicule du MTMDET est l'objet transformé. Bien qu'il demeure intouché, il est transformé par la présence d'un écran. Il disparait derrière un cylindre iconique, enveloppe architecturale réfléchissante qui brouille sa présence. C'est un moment clé de commémoration, car du côté de la forêt la surface réfléchissante fait face à une clairière intime en mémoire Marie-Josèphe-Angélique où un unique pin blanc y est planté symboliquement. L'oeuvre devient une toile de fond pour les rassemblements et les événements au pied de l'esplanade multifonctionnel, Ce lieu d'attraction relie les différentes composantes du site en un seul geste : la forêt, le champ fleuri et la station.
L'objet nouvellement créé est l'emmarchement de commémoration. Il devient un point de convergence primordial dans l'expérience de la place et émerge du sol pour propulser le visiteur au centre du champ fleuri. À l'échelle urbaine, il met en valeur les vues vers la Cité Administrative au sud, puis vers la station Champ-de-Mars et l'oeuvre de Marcelle Ferron au nord. Le sentier de la passerelle contourne l'emmarchement et l'usager peut choisir sa façon de découvrir l'espace.
COMMÉMORATION
La commémoration des femmes est le thème unificateur pour l'ensemble des strates paysagères. Le narratif qui se dégage de cette composition tient son inspiration du travail typiquement entrepris par les femmes dans l'industrie du textile. Il est caractéristique de cette évolution qui l'a vu quitter le foyer pour s'engager dans l'un des premiers métiers rémunérés, dévolu aux femmes montréalaises. À travers ce tissage, le projet évoque les destins multiples de Jeanne Mance, Marie-Josèphe-Angélique, Idola Saint-Jean, Ida Roth Steinberg, Agnès Vautier, Jessie Maxwell Smith, Myra Cree ainsi que les 14 victimes de l'École polytechnique. Une maille à l'endroit et une maille à l'envers, le maillage du végétal et du minéral crée un lieu symbolique et unificateur, une métaphore qui fusionne paysage, architecture et art dans une expérience de commémoration et de contemplation. Les moments de commémoration s'expriment à travers cette matrice, parfois de façon manifeste et parfois discrètes.
L'imposant emmarchement au centre de la place est le principal lieu de commémoration. Là, s'élèvent gracieusement les noms des 21 femmes, imprimés sur la face verticale de la contremarche. La police DIN text, conçue par un groupe de femme, est utilisée pour l'inscription des noms. L'espace deviendra un lieu naturel de rencontre et permettra aux usagers de s'assoir avec les 21 Montréalaises.
Les perforations circulaires du champ fleuri deviennent un lieu plus subtil pour la commémoration. Des citations, des faits importants, des dates et des anecdotes historiques sont inscrits à l'intérieur de la paroi verticale des perforations. Ces fragments de texte apparaissent et disparaissent au gré des saisons avec la transformation des plantes et des périodes de floraison et suscite la découverte durant les mois d'hiver.
Le champ fleuri est un élément de commémoration plus nuancé et subtil. Il permet une expérience très différente de l'emmarchement central. Les plantes incarnent le passé, le présent et le futur. Le champ incarne les montréalaises et leur contribution à l'histoire de la Ville, à travers une sélection de 21 plantes, soit une par femme. La découverte du pré fleuri s'effectuera à la fois en ravivant la mémoire de ces femmes significatives au coeur des citoyens de la ville et en éveillant la curiosité pour ces espèces végétales indigènes qui viennent enrichir nos espaces verts dans une perspective durable. Le projet embrasse le futur, investissant dans la richesse écologique et la biodiversité de la ville.
Un lieu de tension s'inscrit entre la forêt et l'écran réfléchissant cylindrique en acier inoxydable poli et devient l'espace dédié à Marie-Josèphe-Angélique. Sur la paroi de cet écran, sont inscrits les mots 'L'Avatar Immortelle de Libération', devenant le point de départ d'une oeuvre d'art, gravée et sculptée en français, anglais et mohawk pour symboliser la diversité culturelle des Montréalaises. Une application créée pour les appareils intelligents permettra aux visiteurs d'approfondir leurs connaissances sur l'histoire de chacune des femmes honorées.
ESPACES ET MOMENTS
Le nouveau lieu, de vie et de transit, propose un nombre infini de moments intimes à même la place, et un geste iconique à l'échelle de la Ville. Une programmation distincte animera les cinq espaces en proposant des activités à différentes échelles pour créer des moments remplis de signification.
(Tiré du texte du concurrent)
Étape 1
Une identité forte et une écriture éminemment contemporaine caractérisent ce projet. La place amène une forme de sérénité, de calme et de poésie au milieu de l'agitation de la ville. Elle invite à la contemplation.
Le propos lié à la commémoration est bien articulé, tant au plan des gestes conceptuels que de la symbolique du pré fleuri. Il y a une volonté de raconter l'histoire des femmes et de les honorer. Bien qu'elle soit encore à raffiner, beaucoup de sensibilité se dégage de l'approche de commémoration.
La proposition se démarque au plan de ses qualités expérientielles et perceptuelles. Le champ fleuri agit comme belvédère et offre une multitude de vues vers le centre-ville et la Cité administrative. L'expérience de déambulation et d'immersion sur le plan incliné est riche.
Au plan de l'intégration, cette prestation est la seule qui permet de réparer réellement la cicatrice laissée par la construction de l'autoroute Ville-Marie et sa bretelle de sortie. Malgré l'abandon du projet de recouvrement partiel de la bretelle Saint-Antoine par la Ville, l'équipe a en effet su maintenir l'idée maitresse de sa proposition de l'étape 1 et atténuer nettement la présence de la bretelle par la construction du plan incliné « qui flotte » au-dessus de celle-ci.
La topographie oblique qui permet de retisser les liens nord et sud est innovante mais présente plusieurs défis techniques et administratifs/normatifs, principalement en lien avec les autorisations qui seront requises auprès du ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports (MTMDET). Les membres du jury soulignent également que l'imposant plan incliné, bien qu'il contribue nettement à la qualité expérientielle et au rayonnement de la place, limite les possibilités d'appropriation du site (sur le pré fleuri et sur les autres espaces adjacents).
Un réel projet de paysage émane du projet lauréat. Son identité forte et contemporaine, l'intégration réussie de la bretelle, de même que le riche propos de commémoration faisant de ce lieu « la place des Montréalaises » sont au nombre des points ayant milités en sa faveur.
Étape 2
- Approfondir rapidement la conception du plan incliné pour amorcer les validations/négociations avec le MTMDET. Cet aspect constitue le principal défi du projet.
- Présenter le cylindre iconique entourant l'édicule technique au MTMDET pour amorcer les validations/négociations.
- Évaluer la taille minimale requise pour les perforations circulaires du pré fleuri. Un mètre de diamètre apparait trop petit compte tenu des enjeux de durabilité et d'entretien en toutes saisons des végétaux. Procéder aux validations en prototypage si nécessaire et proposer un plan d'entretien en toutes saisons.
- Prévoir une accessibilité universelle sur le pré fleuri : la possibilité de déambuler dans l'espace doit être possible pour tous. La configuration des perforations/espaces libres doit être revue pour permettre au moins un cheminement alternatif accessible à tous (incluant les parents avec poussette et les personnes en fauteuil roulant / AMM). Un seul cheminement universel ne suffit pas au projet afin d'éviter que les personnes à mobilité réduite ne soient limitées qu'à traverser la place des Montréalaises sans s'y arrêter.
- Faire un ou des prototypes à l'échelle 1:1 du plan incliné (dans sa partie sud) pour valider notamment la qualité de finition du béton et l'accès à la structure. La sous-face est aussi importante que la surface. Le plan incliné constituant le geste conceptuel fort du projet, la Ville se doit d'être exigeante quant à la qualité de sa conception/exécution.
- Élargir les espaces de circulation, de déambulation et d'appropriation depuis la sortie de métro à l'est, et plus particulièrement le passage (corridor) entre la façade sud de l'édicule de la station de métro et le début du plan incliné/lame d'eau.
- Raffiner l'interface (le point de contact) entre le plan incliné/passerelle et le Champ-de-Mars. L'atterrissage de la passerelle sur le Champ-de-Mars doit se faire avec délicatesse.
- Approfondir et améliorer l'interface avec la rue Saint-Antoine dans la portion sud de la place en raison notamment de la présence imposante de la structure du plan incliné. Cette section est une faiblesse du projet : cul-de-sac et espace morcelé à l'est près de Saint-Antoine, espace à l'abri des regards et possiblement sombre sur le trottoir Saint-Antoine (sous le plan incliné), partie en contrebas dans la partie sud-ouest. L'insertion d'un bâtiment de services dans cette section assure une animation partielle du lieu, mais éloigne les services de l'espace central de la place, situé du côté nord de la bretelle. Une réflexion est attendue à ce sujet. Le site près de la rue Saint- Antoine doit être convivial, sécuritaire et favoriser une appropriation maximale pour éviter les incivilités et les occupations non désirées. À cet effet, le jury recommande de se référer au Guide pour un aménagement urbain sécuritaire et de consulter les groupes de Montréalaises qui oeuvrent à augmenter la sécurité des femmes dans les espaces publics.
- Raffiner l'aspect commémoratif et assurer qu'il soit perceptible en toutes saisons, ainsi que l'aspect culturel (vitrine artistique) avec les services de la Ville et les organismes concernés (dont le Conseil des Montréalaises).
- Intégrer, comme la Ville de Montréal s'y est engagée, une analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle de la place des Montréalaises tout au long des étapes de conception, plans et devis, mise en oeuvre et suivi du projet. Cela permettra, entre autres, de rendre accessible à tous et toutes l'aspect commémoratif et l'appropriation de la place des Montréalaises, par exemple en prévoyant une lecture en braille des noms des femmes commémorées, en ajoutant un sentier dans le pré-fleuri pour que tous et toutes puissent s'y rendre, etc.
- Rendre davantage minéral l'espace multifonctionnel adjacent à l'avenue de l'Hôtel-de-Ville. Cet espace devrait être retravaillé pour permettre la tenue d'activités libres, spontanées ou organisées. En contrepartie, rendre d'autres zones du site plus perméables et végétalisées pour en varier l'expérience et les possibilités d'appropriation autour du pré fleuri, en particulier dans la forêt.
- Prévoir l'installation de mobilier urbain mobile sur la place, pour favoriser les rassemblements collectifs et la flexibilité.
(Tiré du rapport du jury)
53 numérisés / 53 accessibles
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Perspective
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Plan d'implantation
- Perspective
- Coupe
- Perspective
- Axonométrie
- Perspective
- Schéma
- Perspective
- Schéma
- Perspective
- Schéma
- Perspective
- Schéma
- Perspective
- Schéma
- Perspective
- Schéma
- Perspective
- Plan d'implantation
- Coupe
- Coupe
- Axonométrie
- Axonométrie
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Croquis
- Photographie de maquette
- Photographie de maquette
- Photographie de maquette
- Photographie de maquette
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