Espiritus loci
Comment exister dans un lieu où la beauté et le calme naturel dominent paisiblement et simplement? Cette question élogieuse propose qu'on y inscrive une poésie complémentaire à celle existante depuis des millénaires en érigeant un projet empreint de clarté et de délicatesse.
L'organisation du site respecte les formes paysagères et favorise l'entrée dans l'univers monastique. L'accès au site adopte le tracé sinueux du chemin existant. Les visiteurs s'arrêtent d'abord au stationnement situé dans un ancien banc d'emprunt et poursuivent à pied le parcours vers l'abbaye. Le sentier, également accessible aux véhicules, mène à une série de débarcadères. L'église et l'hôtellerie structurent l'aire d'accueil. Les ateliers rémunérateurs se trouvant dans ce secteur, en partie nord-est, profitent « d'une distance rapprochée » à l'abbaye. Des brèches dans le boisé accueillent les jardins des moines et des hôtes ainsi que le parvis. Au sud, les fonctions privées et une série de sentiers curvilignes joignent le réseau existant de promenades et les belvédères. Une bonne évaluation des coupes et l'usage des espaces résultant des interventions mécaniques assurent la préservation de la végétation.
La lumière, matière première débordante en ce lieu, enchante et génère les espaces. Au rythme de la journée et de la communauté, le projet se dresse en harmonie avec le cadran solaire. La plastique architecturale s'exprime par cinq objets unis par la volonté du quotidien monastique. Le programme est composé de volumes dont les variations modulent la galerie, non par artifice, mais par leur qualité lumineuse et spatiale. La galerie devient une séquence liante et diversifiée.
Pointant vers l'est, l'église, singulière tel un rocher, signale élégamment son rôle unique. Sa géométrie intrigue, mais répond à la volonté de simplicité et de richesse spirituelle. Le clocher, conviant à la prière, s'élève modestement. Adjacent à l'église, à l'est, le volume éveil et repos, bâti sur deux niveaux, regroupe la sacristie, des espaces intellectuels et le secteur administratif au rez-de-chaussée; les soins et les dortoirs, à l'étage. En partie sud, le volume de la bibliothèque s'élève avec un rez-de-chaussée triple hauteur et une mezzanine à
l'étage. A l'ouest, dans l'axe nord-sud, un volume rassem-bleur, abrite les réfectoires, la salle communautaire et du chapitre. Au nord-ouest, l'hôtellerie s'inscrit dans un parallélépipède : espaces communs et porterie au rez-de-chaussée; cellules à l'étage. Ce dernier volume est lié à la bibliothèque par un « pont de lecture ». Au sous-sol, partiellement construit et au-dessus de la nappe phréatique, le chauf-foir, l'atelier non rémunérateur et certains espaces utilitaires sont planifiés avec le souci de l'usage. L'abondance de lumière naturelle, directe et indirecte, à travers les nombreuses possibilités d'ouvertures, permet de réduire la consommation d'énergie.
Le préau, espace à contempler, filtre et accumule les eaux grises et de pluie, diminuant ainsi la consommation de la ressource. L'eau y domine comme dans les préaux anciens avec leur lavabo. La promenade à l'intérieur du lieu est possible le long d'allées qui dessinent un bas relief au motif orthogonal, orienté selon les points cardinaux et conforme à l'organisation traditionnelle.
La plantation sur certains toits du monastère, la création d'un plan incliné rejoignant le sous-sol de la bibliothèque, la filtra-tion des eaux dans le préau et la structure architecturale perméable autour de ce dernier sont autant de témoins de la relation intime entre paysage et architecture. Le monastère respecte l'esprit du lieu et révèle sa beauté.
(Extrait du texte du concurrent)
10 numérisés / 9 accessibles
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Plan d'implantation
- Coupe
- Axonométrie