Le contexte de l'intervention architecturale
Le nouveau Centre de Production des Arts de la Scène marque de façon permanente la volonté d'expression et d'évolution d'une culture vivante à travers les arts de la scène dans le paysage urbain de Sherbrooke. Sa mise en espace s'inscrit dans une double problématique qui consiste dans un premier temps à la restructuration du centre-ville par un maillage avec la nouvelle zone artistique aux confluents des rues Wellington et Dépôt et dans un deuxième temps, à la création d'un dialogue collégial entre les différentes disciplines artistiques. Dans ce contexte, le Centre de Production des Arts de la Scène devient l'interface favorisant d'une part les échanges entre les activités de la ville et celles des acteurs de la production artistique par un geste structurant dans le paysage urbain, et d'autre part, entre les différents professionnels des arts de la scène par une articulation interne génératrice de dialogue.
Le parti architectural
D'un point de vue de l'implantation et d'un point de vue volumétrique, le nouveau complexe s'inscrit dans une volonté d'intrication de la nouvelle intervention avec le paysage urbain. Pour se faire, les gestes conceptuels générateurs du projet se caractérisent par deux mouvements.
À l'échelle du site, l'implantation, dans un mouvement de projection linéaire vers la rue Dépôt, s'inscrit en continuité avec la morphologie de la rue Wellington pour structurer le parcours urbain. À l'échelle de la ville, un geste paysager vers la rivière marque la nouvelle porte d'entrée du centre-ville et génère, dans le paysage urbain, le mouvement de dialogue avec la ville. La rencontre de ces deux mouvements qualifie l'articulation du programme fonctionnel et la répartition des besoins. Cette rencontre se concrétise par un axe distributeur, faille verticale dans le bâtiment, qui devient à la fois la colonne vertébrale et le poumon du nouveau Centre. Cet axe dessert avec clarté les services et contribue à la dynamique interne et collégiale propre à la création en devenant l'interface à l'échelle du bâtiment, entre le rationnel et l'émotif.
L'organisation spatiale
La volumétrie linéaire du bâtiment s'étire du nord au sud vers la rue Dépôt dans le prolongement de la rue Wellington. Ce geste d'alignement sur la rue favorise la création de l'interface mettant en vitrine les arts de la scène. Le long de la rue Wellington, l'accueil et les bureaux sur trois niveaux, créent une première zone de perméabilité. Les espaces de répétition, de production et d'entreposage glissent contre cette première zone et s'étirent sur deux étages vers la rue Dépôt, associant les lieux de création à la vocation artistique de cette dernière. La faille créée entre ces deux zones, véritable « cour des miracles » baignée de lumière naturelle devient le lieu privilégiée de rencontre entre les différentes disciplines et l'espace de dialogue entre le volet logistique, à savoir les bureaux et les services et le volet créatif que constituent les espaces de répétition, de production et de fabrication de décor. Le glissement des deux zones fonctionnelles l'une contre l'autre génère un parvis au coin des rues Wellington et Dépôt. Ce parvis, qui prolonge à l'extérieur les espaces d'accueil et le café, marque l'entrée du Centre. Contigu avec la grande salle de répétition, il devient propice à la diffusion artistique.
D'est en ouest, le geste vers la rivière qualifie le mouvement de la toiture qui se déroule progressivement sur le site, créant une ondulation du sol jusqu'aux berges. Si cette onde sert de filtre acoustique et thermique pour les espaces de production et de répétition, elle génère également une agora naturelle pour la salle de production localisée stratégiquement au coeur du bâtiment. Ainsi, la scène intérieure profitera d'une salle extérieure ouverte sur la ville.
Jouxtant ce parc, une bande de lumière agit comme une limite des emprises végétales et minérales. Elle traverse le site, le bâtiment et la rue Wellington, marquant l'entrée de la ville au passage. Suivant cette logique, l'emprise des accès réservés au matériel est limitée par la bande lumineuse. Ces derniers sont localisés en lien direct avec l'axe distributeur du Centre, dans une zone aménagée de façon plus minérale du côté de la rue Aberdeen.
Une signature culturelle dans la ville
L'intégration urbaine est qualifiée par une enveloppe à la fois vitrine et témoin. À la transparence des espaces d'accueil, lieux de convergence, s'allie un travail d'expression matérielle caractérisant les différents lieux de production artistique et leurs lieux de services. Sur la rue Wellington, les services au rez-de-chaussée, jouent de transparence avec la ville alors qu'à l'étage, un jeu de brique et de volets qui permettent de contrôler l'éblouissement, sert d'accroche vibrante avec la typologie urbaine. Côté parc, le tapis vert qui se déroule au sol pour grimper sur la paroi des studios et que l'on souhaiterait voir devenir une toiture verte, est un geste esthétisant et unifiant dans le paysage urbain. Il profite avantageusement aux espaces de répétition et de production auxquels il s'associe et agit comme modifiante du bâtiment en intégrant les principes de bioclimatique au parti architectural. Le tapis vert utilise le cycle naturel de la flore pour favoriser la percolation de l'eau et la respiration du Centre en créant un filtre générateur d'air frais par le cycle de la photosynthèse. Associé à des systèmes simples tel que des ventilateurs à palle, il absorbe l'énergie et contrôle le rayonnement autour des ouvertures des studios pour permettre de minimiser la charge de refroidissement dans les zones susceptibles de générer la surchauffe. Cette stratégie intégrée au concept réduit les coûts récurrents d'exploitation. Elle s'associe au sud à un préchauffage solaire qui réduit considérablement en hiver la charge de chauffage. Finalement, la faille agit comme interface pour les créateurs, mais également comme interface thermique et lumineuse en favorisant l'extraction de l'air et l'entrée de lumière naturelle pour tous les espaces.
Faisant écho à cette volonté de porosité et d'intrication dans le paysage urbain, l'intégration de l'oeuvre d'art s'inscrit à l'échelle de la ville dans le marquage lumineux qui traverse le site, couplé de bassins de rétention d'eau. Cette intervention, visible de part et d'autre des axes principaux, apporte la signature artistique du Centre à l'entrée de la ville.
Un incubateur des arts de la scène
Le CPAS, en plus de répondre aux exigences fonctionnelles propres à l'apprentissage, à la création et aux répétitions pour les différentes disciplines, devient en quelque sorte un incubateur des arts de la scène et moteur de revitalisation intégré dans le paysage de Sherbrooke. En accord avec les intentions majeures proposées dans le cadre du Programme de renouveau urbain de la ville de Sherbrooke, un nouveau dialogue entre la ville de Sherbrooke et ses créateurs s'installe au coeur du centre-ville. Désormais, tous peuvent profiter d'un imaginaire qui les pousse à aller plus loin et les fait devenir autres. Ainsi, par un geste urbain intégré, la ville de Sherbrooke inscrira au coeur de son centre-ville un bâtiment extraverti, lumineux et révélateur des énergies artistiques.
(Tiré du texte du concurrent)
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