Paysages suspendus
Construit au tournant des années 60 et 70 l'autoroute Dufferin-Montmorency occupe un tracé de choix. Cet élan aérien, fluide et fonctionnel, a engendré la déstructuration des secteurs qu'il surplombe. Dans la zone d'intervention, l'élévation de la route, pourtant destinée à éviter toute interférence avec le tissu urbain a compromis la continuité des quartiers St-Roch et du Vieux-Port. Le démantèlement des bretelles « cul-de-sac », dont la fonction n'a jamais été que projetée, a laissé des formes résiduelles, bacs-enclos dont la fonction se résume aujourd'hui à l'intégrité structurale des bretelles toujours en usage, telle une marge-béquille.
Imaginons un tête à tête de brindilles dans un espace poétique sans usage. La disproportion de taille entre les représentations schématiques de brindilles et les brindilles marque la nécessité pour l'homme de grossir ce qu'il regarde pour en assimiler l'essence et met en avant scène l'influence qu'il a sur l'environnement. Sur l'autoroute, les schémas de cuivres se dressent comme des pans entiers de sujets oubliés, un écosystème de morphologies fictives et malléables capable de rétablir la notion d'échelle dans le paysage urbain. Qu'elle soit perçue depuis la route ou depuis divers points dans la ville; en partie ou en globalité, cette verticalité inclinée vers la ville marque la cohérence d'une procession.
La proposition s'inscrit dans la perspective actuelle de restauration de la biodiversité et de l'environnement en milieu urbain (qualité de l'air et atténuation des îlots de chaleur). Les graminées (espèce pionnière) contribuent durant trois saisons (couleur et inflorescence) au décor du jardin suspendu. L'utilisation du cuivre comme matériau de recouvrement illustre le caractère évolutif des schémas au sein du paysage suspendu. Les schémas de cuivres s'oxydent dans le temps sous l'effet des intempéries mettant en lumière leur verticalité acérée, évoquant à la fois les éléments traditionnels urbains tel que les toitures, clochers, cheminées et antennes, mais aussi les végétaux, forêts, brindilles, oiseaux et formations minérales présents à diverses échelles dans la nature. Le concept d'éclairage dévoile une vie nocturne du lieu, plus introvertie et intimiste. L'utilisation de projecteurs sur bollards génère des faisceaux linéaires ciblés pour dramatiser l'aspect de certains schémas tant par l'éclairage que les ombres portées.
(Tiré du texte du concurrent)
La monumentalité de cette proposition, qui mise essentiellement sur la manipulation des rapports d'échelle, a été jugée particulièrement appropriée aux caractéristiques du site et aux défis que pose le projet. La magnification de tiges de graminées, à l'échelle autoroutière, met en scène la démesure de l'infrastructure dans ses rapports à la nature et à l'humain, en même temps qu'elle provoque une sensation de petitesse chez ce dernier. L'usager de la route pourrait se sentir comme une fourmi à côtoyer les immenses tiges inclinées, presque inquiétantes, qui évoquent le mouvement des graminées qui forment un parterre continu à leur base. Or, en opposition à cette allusion au mouvement, la rigidité de l'oeuvre, tant au sens propre que figuré, n'a pas convaincu le jury. La dualité entre le naturel et l'artificiel manque de nuances, ce qui est particulièrement perceptible dans le brutal rapport d'échelle entre les graminées réels et artificiels de même que dans le difficile rapport formel entre les tiges de cuivre et leur ancrage à l'infrastructure. Une structure flexible ou déformable discrètement ancrée, comme il en a été suggérée par d'autres équipes non retenues, aurait été ici plus appropriée. D'autre part, si la facture graphique de la présentation rend bien l'idée à la base du concept développé, il est loin d'être certain que les tiges, dans leur dure réalité matérielle et compte tenu du contexte bigarré dans lequel elles s'inscrivent, s'apparenteraient avec une telle évidence à des graminées. Cette proposition présente moins de risques que d'autres quant à sa réalisation à court terme, mais son rendement en terme d'impact n'est pas à la hauteur des espoirs que soulève la proposition qui a reçu le premier prix. Le jury tient toutefois à souligner l'effort d'une jeune équipe dont la proposition a été retenue parmi les meilleures.
(Tiré du rapport du jury)
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- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Axonométrie
- Axonométrie
- Élévation
- Coupe
- Coupe