Le sentier oublié
« La ville imprime les rythmes et les modalités de nos rencontres et de nos déplacements. Il y a des pauses, des attentes, des déambulations, il y a des rassemblements et des dispersements. Il y a aussi des regards. Ainsi, chercher à offrir de nouveaux points de vue sur la ville, c'est réinventer notre paysage urbain et "penser la ville heureuse". »
Penser la ville heureuse, Renzo Piano, sous la direction de Arielle Masboungi, coll. « Projet Urbain », Paris, éditions de la Villette, 2005
Le projet qui vous est soumis se présente comme une réflexion sur cette présence humaine dans nos villes. Sur l'autoroute Dufferin, accès privilégié au centre-ville de Québec, nous proposons l'apparition d'une foule, la présence de passants, l'image, étonnante et poétique d'une prise de possession de cet espace interdit aux piétons. Des êtres plus grands que nature, silhouettés dans l'acier, et de facture contemporaine, viennent habiter ce paysage suspendu. Ils semblent venir de toutes parts, déambuler librement et jeter des points de vue autres sur cette portion longtemps oubliée de la ville. Les profils silhouettés seront issus de photos de citoyens, d'individus marcheurs, promeneurs, baladeurs ou flâneurs, prises spécialement pour le projet.
Le Sentier oublié devient ainsi un nouveau repère visuel, que ce soit pour les automobilistes qui circuleront à plus grande vitesse sur l'autoroute ou pour les promeneurs qui se retrouvent en haute-ville ou en basse-ville. À cet effet, des lunettes d'approche fixes, qui viennent cadrer certains points choisis, ou d'autres mobiles, seront placées à des points stratégiques afin de permettre un regard privilégié sur le projet. Les silhouettes seront découpées dans l'acier intempérique dit « acier Cortene ». La couleur ocre de l'acier intempérique joue comme une peau selon les saisons ou les heures de la journée et donne un éventail de teintes d'une richesse exceptionnelle. En soirée et pendant la nuit, un éclairage au LED est prévu. Il sera situé au niveau de la jambe des personnages. L'éclairage donnera ainsi un effet théâtral où les silhouettes seront mises en valeur.
(Tiré du texte du concurrent)
L'idée d'évoquer l'occupation humaine sur un espace urbain inaccessible aux piétons, qui a été abordée par plus d'une proposition, a retenu l'attention du jury dès la première séance d'évaluation des candidatures. Parmi d'autres, cette proposition a été sélectionnée pour sa conception achevée, pour son étroit ajustement aux données de la commande, notamment aux plans technique et budgétaire, ainsi que pour sa recevabilité aux yeux de la population. Le rendu graphique bien maîtrisé et l'explication sensible et articulée des idées à la base du concept ont été particulièrement appréciés du jury. L'audition a d'ailleurs permis de mettre en évidence la diversité des interprétations que pourrait engendrer la perception des silhouettes (tirées de photographies de citoyens de Québec), à différents moments et depuis différents points de vue dans la ville. Le jury a toutefois considéré qu'en général, le traitement plutôt conventionnel de l'oeuvre, particulièrement aux plans formel et matériel, en atténue significativement l'impact possible dans le milieu. Le jury aurait en effet souhaité un traitement plus audacieux, un dynamisme plus affirmé et une échelle plus monumentale, afin de mieux ajuster l'oeuvre aux caractéristiques du site et aux ambitions du maître d'oeuvre pour le projet. Aussi, la manière de traduire l'ironie d'une déambulation de citoyens dans un lieu interdit a provoqué des divergences d'opinions au sein du jury, certains considérant le résultat plutôt sympathique, d'autres morne et frustrant.
(Tiré du rapport du jury)
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