Rénovation ou démolition : le parti pris du respect budgétaire
Comme nous l'avons mentionné dans l'approche conceptuelle présentée à la première étape du concours, la décision entre rénover et démolir un bâtiment est toujours difficile. Lors de la visite des lieux et de la rencontre avec le maître d'ouvrage, nous avons compris qu'au-delà de toute attache sentimentale ou préoccupation écologique, la décision devait obligatoirement mener à un respect strict du budget. Or, une expérience récente de rénovation similaire à celle qui pourrait être envisagée pour le centre musical Cammac nous amenait à penser qu'une restauration totale ou partielle du bâtiment risquait d'entraîner d'importants surplus budgétaires. Cette hypothèse a été confirmée par le gérant de construction que nous avons consulté. Cet expert en rénovation et restauration a en effet estimé qu'une rénovation risquait d'augmenter les coûts de construction d'environ 800 000 $. Nous avons donc opté pour une nouvelle construction dont l'organisation fonctionnelle, le budget de construction, la volumétrie, le langage architectural et l'efficacité énergétique demeureraient entièrement contrôlables. Cette prise de position n'élimine toutefois pas la possibilité de récupérer certains éléments du bâtiment principal, selon des modalités qui resteraient à identifier avec le maître d'ouvrage.
Un complexe en harmonie avec l'environnement naturel et bâti
D'entrée de jeu, des objectifs ont été dressés afin de favoriser l'intégration du nouveau complexe au site et aux équipements existants. Ainsi, le concept architectural développé permet :
D'éviter un volume unique qui aurait eu un impact visuel disproportionné par rapport aux autres bâtiments;
De favoriser la fragmentation des nouveaux volumes proposés;
De favoriser la création de percées visuelles et d'encadrements du paysage, que ce soit de l'intérieur ou de l'extérieur;
De favoriser la création d'espaces extérieurs / intérieurs (cour, passage couvert) renforçant les liens entre architecture et nature;
De favoriser les vues sur le lac à partir de l'intérieur du complexe;
D'exploiter les volumétries et matériaux présents sur le site pour la conception du nouveau complexe.
Afin de rencontrer ces objectifs, le nouveau complexe prévoit trois pavillons distincts :
le pavillon d'accueil;
le pavillon d'hébergement;
le pavillon de musique.
Le pavillon d'hébergement a été lui-même réparti en deux ailes afin d'atténuer son impact volumétrique. La disposition des nouveaux volumes a pour effet de créer deux cours extérieures, l'une du côté du pavillon d'accueil, renforçant le caractère chaleureux et convivial du lieu, l'autre du côté du lac. Cette dernière constitue un espace protégé du vent, orienté vers le sud-ouest, et offre un potentiel d'utilisation illimité pour des concerts extérieurs, réceptions, etc. Le traitement des volumes joue avec la transparence, notamment dans le vestibule et l'escalier du pavillon d'accueil, pour établir des percées visuelles sur le lac à partir de la cour d'accueil.
Les pavillons d'hébergement et de musique abritent, grâce à leurs galeries couvertes, une partie des espaces limitrophes bordant ces cours extérieures, accordant du coup aux bâtiments un caractère protecteur. Le pavillon d'hébergement est composé et orienté de manière à offrir à plus de 80 % des chambres une vue sur le lac. Quant aux pavillons d'accueil et de musique, ils sont tous deux orientés afin d'explorer au maximum les vues sur le lac. La salle à manger et sa véranda peuvent, pour leur part, s'ouvrir en période estivale sur la cour extérieure vers le lac.
La disposition des pavillons a été élaborée de manière à éviter le plus possible l'abattage d'arbres. Par ailleurs, afin d'alléger l'application de la réglementation sur les nouveaux bâtiments, un mur coupe-feu a été prévu entre le pavillon de musique et le reste du complexe, faisant de ce pavillon une entité distincte. Les pavillons d'accueil et de musique seront formés d'une structure d'acier sur fondation de béton tandis que le pavillon d'hébergement sera une construction à ossature de bois.
Un revêtement en déclin de pin peint blanc, ponctué de surfaces recouvertes de panneaux de fibrociment peints qui souligneront certains espaces techniques, a été choisi afin de s'harmoniser aux bâtiments existants. La plupart des fenêtres seront en bois recouvert d'aluminium (dont la couleur sera déterminée avec le maître d'ouvrage) alors que les colonnes, lattes et pare-soleil seront en bois teint. Les toitures seront en bardeaux d'asphalte, à l'exception de celles en pente légère de la salle de concert et du pavillon d'accueil qui seront recouvertes de membrane élastomère.
Le traitement climatique
La configuration de la toiture du pavillon d'hébergement a été élaborée de manière à favoriser la ventilation (naturelle ou mécanique) des chambres du deuxième étage qui sont orientées au sud. Les fenêtres des niveaux inférieurs sont munies de pare-soleil ou de lattis permettant l'atténuation des gains thermiques.
Généreusement fenestré du côté ouest, le pavillon de musique est pourvu de pare-soleil et d'un débord de toit important afin de limiter les gains thermiques. Des panneaux intérieurs en bois jouent le rôle de pare-soleil, en position ouverte, et permettent un contrôle de lumière et de son, en position fermée. Les portes coulissantes extérieures de la salle de concert ainsi que la fenestration latérale permettent une ventilation naturelle des lieux. Cependant, compte tenu des gains thermiques provoqués par la fenestration, par l'éclairage et par les occupants, nous avons prévu une climatisation mécanique pour la salle de concert.
Le son du vent, la voix des arbres - Intégration des arts à l'architecture
L'approche conceptuelle qui a été proposée au début du processus de sélection s'intitulait « le son du vent, la voix des arbres ». Cette allégorie qui se voulait un lien entre nature et musique nous apparaît une source d'inspiration majeure pour l'intégration d'une oeuvre d'art à l'architecture. Tel un champ de sons, une installation d'artiste pourrait être conçue sous la colonnade du pavillon d'hébergement, attenante à la cour d'accueil. Les avenues pour traduire ce lien entre la musique et la nature sont multiples. Ainsi, on peut penser à des cylindres de bois creux suspendus et des gongs métalliques qui, mus par le vent, créeraient un son léger. Évidemment, il appartiendrait à l'artiste de développer ce concept fort inspirant.
(Tiré du texte du concurrent)
Le jury a apprécié la clarté de la planification facilite la lecture des principales fonctions du Centre musical, notamment en ce qui con-cerne la salle de concert. Le parti architectural consistant à séparer les fonctions «résidence» et «rassemblement» enrichit les espaces extérieurs face au lac MacDonald. En contrepartie, la décision de scinder radicalement en deux parties le bâtiment laisse entrevoir des problèmes de circulation, notamment par l'engorgement potentiel de l'entrée principale dans son rôle de jonction entre les principales fonctions. Le jury a souligné, la richesse du traitement architectural, par contre le résultat présente une volumétrie peut-être trop articulée.
(Tiré de la revue ARQ # 125, p.17)
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