Comment s'adresse-t-on aux enfants en même temps qu'aux adultes?
Est-ce réellement possible ? Cette nouvelle bibliothèque doit rejoindre
une clientèle familiale, précise-t-on dans les documents du concours.
Mais comment plaît-on à une famille sans infantiliser les parents? Marc
Favreau, lui, semblait le savoir. Les jeux absurdes et les acrobaties
verbales de Sol ont bercé notre enfance et traversé les fossés
générationnels. Le plaisir de jouer est universel et les jeux les plus
élémentaires aux règles bien souvent minimales savent nous captiver.
On donne aux bambins des cubes de bois dont les
faces arborent les lettres de l'alphabet pour les initier au langage par la
voie du jeu. Jusqu'au soir de leur vie, ils continueront à aligner chiffres et
lettres sur des grilles de mots-croisés, de sodoku ou de scrabble. Pour
le simple plaisir de jouer.
En y cherchant Sol, j'ai pensé à un autre Sol, l'artiste américain Sol
Lewitt décédé lui aussi depuis peu et qui a fait du jeu un art. Que se
passe-t-il lorsqu'on dessine des ronds sur un mur de trois mètres par
trois mètres pendant trois heures sans interruption? Combien y a-t-il de
façons d'assembler un segment de cercles et une diagonale à l'intérieur
d'un carré? Il a consacré sa vie à donner des réponses à de telles
questions que personne ne pose.
Nous avons vu la possibilité d'imprégner la bibliothèque Marc-Favreau
de cet esprit ludique en empilant des blocs alternant transparence et
opacité sur la grille structurale de six mètres par six mètres.
Le traitement des surfaces intérieures et extérieures reflète cette volonté,
qu'il s'agisse du motif perforé à la surface du parement d'aluminium
inspiré des graffitis muraux ou des motifs linéaire au sol, tous empruntés au vocabulaire formel de Sol Lewitt qui
refusait de voir sa production comme des oeuvres authentiquement
uniques. Il les considérait plutôt comme le résultat d'instructions
verbales confiés à des exécutants divers et pouvant être répétées avec
d'infinies variations.
Nous nous proposons d'adopter une attitude semblable, sans copier
les oeuvres présentées, lors de la réalisation du projet. Le projet reflète
également la volonté partagée par tous les citoyens de verdir la ville en
obtenant la certification LEED, en plantant généreusement les abords
de la bibliothèque, en aménageant une toiture, mais aussi en proposant pour le parc Luc-Durand des surfaces plissées alternant gazon et pierre calcaire pour rappeler la
présence en affleurement du sous-sol de cette nappe de pierre
fossilifère autrefois extraite dans les carrières adjacentes,
contribuant ainsi à la naissance d'un quartier qui deviendra
l'arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie.
(Tiré du texte du concurrent)
Les membres du jury ont soulevé les principaux points suivanls concernant la prestation de FABG
suite aux présentations des projets:
4.1 La présentation de M. Éric Gauthier est appréciée par les membres du jury.
4.2 Le parti architectural inspiré du jeu est remarquable et apprécié. Sa simplicité et sa clarté sont ici des caractéristiques intéressantes. Le lien avec Sol est bien exprimé, toutefois l'intrusion
de Sol Lewitt est discutable et un peu dérangeante dans le contexte. Le jeu aurait pu être
moins cartésien selon la pensée de Marc Favreau. L'effort d'intégration demeure
questionnable.
4.3 L'implantation au sol et l'aménagement paysager sont efficaces. Il est techniquement
regrettable que la surface de l'enveloppe thermique soit aussi grande en proportion à la
superficie au sol. L'implantation proposée laisse une souplesse aux autres occupants du site.
4.4 Sa volumétrie est intéressante, mais le bâtiment semble être introverti. Il présente les mêmes
façades sur le parc que sur la rue.
4.5 Le souci de dégager la piste cyclable est apprécié.
4.6 La façade sur Rosemont aurait avantage à être un peu plus "calme" pour une meilleure
relation avec le 700. De plus. l'entrée principale aurait avantage à être mieux marquée et
aussi protégée.
4.7 Le dialogue de la bibliothèque avec le parvis est difficile.
4.8 Malgré l'hésitation exprimée du concepteur lors de l'entrevue, le jury est d'avis que les lettres
présentes dans les parois de verre devraient demeurer franches et assumées.
4.9 Le choix de ne pas faire de ségrégation intergénérationnelle est une avenue que le donneur
d'ouvrage est prêt à emprunter. Toutefois, le risque de mal cibler la clientèle reste à évaluer.
4.10 La fonctionnalité des espaces intérieurs est une grande réussite. Le hall d'entrée contigu au
comptoir de prêt nécessite un léger ajustement.
4.11 Le côté ludique annoncé de l'extérieur a disparu une fois à l'intérieur, tout est blanc.
4.12 Les alcôves vitrées créent un apport fort intéressant de lumière naturelle. Toutefois, une
certaine inquiétude est manifestée pour la réalisation technique de l'enveloppe du bâtiment et
sa répercussion sur l'entretien et les coûts.
4.13 La terrasse au toit est intéressante mais pose un problème de surveillance du café qui s'y
trouve. Une relocalisation serait nécessaire.
4.14 Le système structural ainsi que les systèmes électromécaniques sont simples, faciles à
construire et à exploiter.
(Tiré du rapport du jury)
29 numérisés / 26 accessibles
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Plan
- Plan
- Plan
- Plan
- Plan
- Coupe
- Coupe
- Coupe
- Élévation
- Élévation
- Élévation
- Élévation
- Photomontage