Une architecture littéraire!
La création d'un lieu dédié à la littérature Québécoise dans une église a nécessité plusieurs interrogations collectives. Comment aborder la conception d'un lieu dédié à la littérature, à sa création, son histoire et à son futur ? Comment un tel lieu peut-il supporter en même temps des usages et clientèles multiples? Notre conceptualisation s'effectue en symbiose, l'architecture alimentant la scénographie, la scénographie induisant l'architecture. Elle s'est enrichie de nos réflexions et de notre désir de créer un lieu non pas dédié au livre en soit, ou dédié à une exposition, mais dédié à la littérature, à son histoire, et à son processus de création libre. Un lieu de découverte, d'apprentissage, invitant à comprendre, et à être témoin de l'évolution de notre littérature.
La maison de la littérature est appelée à ne pas être une bibliothèque, ni un musée, mais bien un lieu où la littérature est au centre de tout. Une littérature portée par notre histoire collective, une littérature du quotidien, une littérature forgeant notre futur. Notre projet en est un de symbiose, d'ambiances et de découvertes. L'espace se décompose en "tableaux" où les ambiances se réfèrent à des thématiques, plutôt qu'à une chronologie, le visiteur devient alors lui-même acteur des mots.
Son expérience commence dès qu'il franchit le portique. Déjà, une scénographie architecturale s'amorce au moment où il est amené à quitter le monde réel et à franchir le hall linéaire. Cet espace est un lieu de détachement, un passage obligé, celui du temps et de notre histoire. Évoquant les contraintes et la censure vécues à travers l'histoire de la littérature Québécoise, cette mise en contexte émotive, suscite la curiosité du visiteur qui le pousse à avancer doucement. Les surfaces commencent à chuchoter et interpellent le visiteur. Un parcours de cavités secrètes, dans lesquelles il peut glisser son regard suggèrent l'interdit, le secret et le voyeurisme comme thèmes potentiels.
Les livres meublent et s'insèrent dans l'espace, ils créent des alcôves de lecture, véritables petits salons intimes cohabitant subtilement avec la scénographie. Les espaces réservés à la lecture sont de bois, inscrits dans l'intervention globale, ajoutant au volume intérieur, une couche d'intervention, celle du livre, repérable d'un simple coup d'oeil.
Ici, l'architecture dialogue avec le temps, portant les mots de nos prédécesseurs, et s'élève vers le futur à écrire.
(Tiré du texte du concurrent)
Bien que plus complexe que le projet précédent, à plusieurs titres, celui-ci a également capté l'attention du jury, en raison notamment de la forte adéquation des concepts architecturaux et scénographiques qu'il sous-tend et de la richesse des espaces, des parcours et des expériences qu'il suggère. La présentation en audition a été particulièrement appréciée, mettant en évidence les qualités des lieux créées, qui tiennent en partie à une scénographie omniprésente. Les espaces sont riches et diversifiés, même poétiques par endroits. Cette planification soignée a cependant un revers, celui justement d'être précise et de conditionner très fortement l'aménagement, au point où le jury se demande comment il pourrait évoluer. Tout est mesuré et calibré afin de produire les effets escomptés, dans une séquence riche qui, en contrepartie, s'avère plutôt inflexible.
Plusieurs dispositifs architecturaux et scénographiques ont séduit certains membres du jury, par exemple le bistro littéraire en suspension comme la scène de théâtre ou la chaire d'une église, mais pour d'autres, une telle position en bout de parcours contredit l'intention exprimée dans le programme d'en faire le coeur de la Maison de la littérature. Le bistro perd ainsi tout rapport immédiat avec l'espace public, en extension de l'espace urbain. Aussi, le prolongement délibéré des parcours, bien qu'intéressant du point de vue des découvertes, occasionne plusieurs inconvénients, dont celui de ne pas pouvoir maximiser l'utilisation de l'espace. Le long tunnel qui conduit aux niveaux supérieurs, depuis l'entrée, n'a pour sa part pas convaincu l'ensemble du jury, tous s'entendant pour dire que les inconvénients d'un tel parcours, étroit et forcé, dépassent l'intérêt qu'il pourrait offrir au plan des perceptions. Enfin, le renouvellement possible des expériences, considérant la configuration prédéterminée de l'espace, a soulevé des questions pour lesquelles les réponses n'apparaissaient pas évidentes.
En définitive, les efforts de ce finaliste pour mettre en scène la littérature sont fort louables et ont été appréciés du jury, bien qu'ils aient conduit à une réponse plutôt rigide et complexe. Le jury reconnaît également, dans ce projet, la reprise compétente des qualités de plusieurs bibliothèques récentes qui mettent l'accent sur les découvertes séquentielles des espaces. Paradoxalement, ces attributs rapprochent la Maison de la littérature de ces modèles, alors qu'il était souhaité s'en éloigner.
(Tiré du rapport du jury)
17 numérisés / 16 accessibles
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Plan
- Plan
- Plan
- Plan
- Coupe
- Coupe
- Détail de construction
- Croquis
- Croquis