Le Théâtre des Deux Rives : l'affirmation d'un lieu public
L'intervention architecturale : envelopper et cadrer
Le projet d'agrandissement et de réaménagement du Théâtre des Deux Rives prend assise sur deux notions complémentaires : l'opacité et la transparence. Une « peau » d'acier en continuité avec le gabarit du séminaire définit les nouveaux espaces techniques et administratifs, et un grand « cadre » de verre imbriqué dans la peau, surplombe l'entrée, dévoile le foyer et affirme le caractère public du théâtre.
L'intégration du projet à l'ancien séminaire prend sa force en rétablissant le bandeau horizontal et la composition originale tripartite de l'ensemble, délaissés lors de la construction de l'auditorium en 1964. La peau en acier auto-patinable, un alliage d'acier, de cuivre et de nickel, définit les nouveaux espaces et enrobe l'ancien bâtiment et la partie surélevée de la cage de scène. Le déplacement du foyer dans cette nouvelle partie permet l'autonomie complète du théâtre. La robustesse et la patine de l'acier s'harmonisent avec les pierres du séminaire, et la nature opaque de cette enveloppe répond à celle du bandeau existant. L'introduction d'une nouvelle matérialité renforce l'autonomie et le caractère distinct du théâtre.
Un grand cadre surplombe et marque l'entrée. Formant le coin, le cadre et l'entrée s'orientent, à la manière des autres accès du CEGEP, vers le centre du parterre devant le séminaire. Projeté en porte-à-faux au dessus du parvis extérieur, le cadre forme une longue marquise qui offre un espace couvert et accompagne les spectateurs jusqu'à l'entrée principale. Il définit, à l'étage noble, le foyer, scène publique visible depuis l'extérieur par de grands pans de verre, où les spectateurs deviennent eux-mêmes, avant et après le spectacle, acteurs. Le foyer du théâtre est une véritable place publique, un lieu affirmé qui met en scène les gens qui y transitent.
L'organisation spatiale : clarté et fluidité
Le projet simplifie grandement les circulations et les niveaux existants : le niveau du sol pour l'accueil et les artistes, deux niveaux de foyer reliés entre eux qui desservent parterre et balcon, et un niveau administratif.
Le niveau du sol donne accès de plain-pied à la billetterie et ouvre sur un hall d'entrée relié au vestiaire. En communication avec ce hall et accessibles par une entrée indépendante, les loges ont un accès direct à la scène située un demi niveau plus haut. Le soir venu, elles forment un véritable théâtre d'ombres au travers de profilés de verre structuraux translucides.
Les spectateurs entrent sous le foyer avant d'y émerger par un large escalier. Adossé contre la coquille opaque de la salle existante, le nouveau foyer se déploie sur deux niveaux et anime la façade du théâtre le soir lorsque éclairé. Au niveau supérieur, le foyer, suspendu à la structure, forme un balcon sur le niveau bas offrant une relation visuelle et, par un escalier de communication, une relation physique entre les deux espaces. Ce niveau donne un nouvel accès direct au balcon de la salle.
Les espaces administratifs occupent une partie du plancher situé immédiatement au-dessus du foyer. L'autre partie, extérieure, loge les unités de mécanique qui alimentent tous les niveaux de la nouvelle partie.
La salle de spectacle : un espace convivial et performant
En contraste avec l'enveloppe dure en pierre et en acier, une nouvelle peau de bois se déploie souplement au plafond de la salle. Dissimulant tous les éléments de la technique et servant de surface acoustique diffusante, elle est orientée dans l'axe de la scène et dirige le regard vers son cadre. Les murs latéraux, en forme de porte-voix, sont sombres et discrets.
L'accès à la salle se fait de plain-pied depuis le foyer principal. Les spectateurs descendent en pente douce vers l'avant de la salle par deux allées de circulation à l'américaine. L'inclinaison des six dernières rangées est augmentée pour améliorer les angles de vision. Les 826 nouveaux fauteuils sont disposés selon une courbe harmonieuse et renforcent la convivialité du lieu. Les premières rangées sont rapprochées de la scène et organisées à la continentale pour favoriser un bon contact acteur/spectateur. On arrive au balcon, remis aux normes par un soufflage des gradins. Un nouvel accès conduit le public sur une allée transversale à mi-balcon, favorisant une bonne répartition des spectateurs.
La hauteur du cadre de scène est augmentée à 24'-0'' et la cage de scène, surélevée, est conçue avec un gril technique à 60'-0''. Des porteuses simples courses et quelques électriques sont prévues. Pour des raisons économiques, l'aire de jeu est maintenue à sa profondeur actuelle mais les dégagements latéraux sont augmentés à jardin et cour. Un débarcadère pratique et efficace est réaménagé directement au niveau de la scène.
Le parvis : un espace public extérieur
Longeant la façade, un parvis minéral composé de quartzite ferreux et de criblure de calcaire, prolonge au sol la matérialité du théâtre et du séminaire. À travers cette surface poussent des graminées, cousines du gazon qui recouvre le sol des zones vertes du CEGEP. Comme autant de peaux englobant le bâtiment, des bandes de matériaux se succèdent. Au nord de la cage de scène, l'enveloppe se densifie et incorpore des arbustes, des amélanchiers. À l'entrée principale du bâtiment, la dalle de béton du hall se prolonge à l'extérieur en pièces détachées, jusqu'à la chaussée automobile. Toute la surface du parvis forme un débarcadère orienté vers le parterre central du séminaire. Traversant le terre-plein face au théâtre, des sentiers prolongent les accès venant du stationnement.
La conception d'un éclairage extérieur, est proposée pour le programme d'intégration d'une oeuvre d'art au bâtiment. Chaque soir, l'éclairage de la cage de scène et du parvis, véritable intervention publique, signalent et mettent en scène le théâtre.
(Tiré du texte du concurrent)
Le jury a apprécié l'intégration architecturale de la nouvelle construction au bâtiment existant, notamment par le choix des matériaux de l'enveloppe extérieure qui se marient bien avec l'enveloppe du Cégep. On a également souligné la pertinence du parti architectural en regard des objectifs du projet. La grande clarté, l'intelligibilité de l'organisation spatiale et la rigueur de la
planification ont notamment été relevées par le jury. Les concepteurs ont proposé des solutions intéressantes quant à la flexibilité des aménagements. Le jury a également apprécié l'implantation du foyer qui joue le rôle d'une vitrine sur la rue.
En général, le jury a apprécié le volume intérieur de la salle proposé pour améliorer la salle existante ainsi que l'ambiance chaleureuse créée par les choix d'essence de bois. Furent également soulignés la simplicité de la réponse volumétrique de l'ensemble de l'agrandissement, l'économie de moyens en regard des objectifs de la programmation, la pertinence du parti constructif et le réalisme du projet quant à sa mise en oeuvre.
(Tiré du rapport du jury)
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- Planche de présentation
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