Conceptuellement la vision pour affirmer l'identité muséale du quartier Montcalm se déploie en trois mouvements:
- dans le premier temps, nous partons d'un constat : le Musée national des Beaux-Arts du Québec, en installant son nouveau pavillon sur la Grande-Allée, établit le contact direct avec le quartier. II faut saisir cet élan, l'encourager, l'amplifier, lui permettre de déborder sur le domaine public et faire en sorte que cette présence soit évidente dans l'axe de cette voie d'accès majeure qui mène au coeur de la Capitale Nationale. La Grande-Allée ne devrait pas se contenter de longer le musée, elle doit donner l'impression de passer par le musée et d'en faire partie.
- une fois ce mouvement de débordement volontaire accompli, il faut projeter le rayonnement du musée à l'ouest, jusqu'à l'avenue Moncton, sur toute la façade du Parc des Champs de Bataille, et à l'est, jusqu'à l'avenue Turnbull et le siège du Ministère de la Culture et de la Communication. Le caractère distinct de cette portion de la Grande-Allée serait traduit par ses proportions, ses textures et ses équipements;
- le troisième temps vise à rattacher à ce fil conducteur tout ce que le quartier Montcalm possède en termes de richesses culturelles, historiques et patrimoniales. C'est au terme de cette étape que la Grande-Allée aura acquis sa dimension culturelle et artistique.
Le parti que nous prenons pour forger l'image identitaire de quartier est un "collier de perles". Si cet objet décoratif peut accessoirement évoquer la création artisanale locale, c'est avant tout une métaphore qui veut exprimer une idée simple: une collection de pierres, aussi précieuses qu'elles soient n'est qu'une collection de pierres, et ce n'est que quand elles sont assemblées sur un support qu'elles deviennent une pièce de joaillerie.
Les bijoux, le quartier Montcalm en possède de nombreux éparpillés ici et là le long de la Grande-Allée. L'arrivée d'un bâtiment unique, extraordinaire, est une occasion formidable de définir autour de lui un nouvel espace urbain et public, cohérent et reconnaissable.
En matière de design urbain on assiste parfois à la tendance au spectaculaire, au décoratif, à la gestuelle flamboyante. Souvent cela donne des résultats épatants. Cependant, on ne saura jamais surestimer l'importance du fond de toile, du support, des sols pour la perception du paysage urbain. La qualité et l'organisation des surfaces sur lesquelles sont "déposés" les éléments de l'environnement bâti peuvent rendre sa lecture claire et limpide, tout comme elles peuvent en brouiller sa compréhension. Dans le cadre de concours d'Idées pour le quartier Montcalm, plutôt que d'avoir un réflexe néo-haussmannien de créer de toutes pièces une avenue d'apparat, il nous semble plus pertinent de se pencher sur cet élément aussi essentiel que négligé - la dimension horizontale de la Grande Allée. Aujourd'hui - c'est une infrastructure de voirie, délimitée par une emprise et destinée à supporter la fonction de trafic véhiculaire. Demain, elle pourrait devenir un lieu de vie, étroitement lié à son histoire et à sa population.
Se déplacer dans une ville ne se résume pas à relier le point de départ au point de destination. C'est aussi s'asseoir, se rassembler, exposer son travail, ou son point de vue, avoir un rendez-vous, se réfugier des éléments naturels, apprendre à faire de la bicyclette, faire du jogging, contempler, lire ou peindre. Attendre un bus aussi, pouvoir garer sa voiture et se faire livrer le matériel nécessaire pour faire tourner son commerce. Autant de fonctions qui constituent le programme de design urbain proposé. La ville a beau être composée d'immeubles et de monuments- il suffit de faire une marche pour se rendre compte qu'on regarde constamment où on met ses pieds. Le message que la ville envoie c'est aussi celui qu'un lit sur le trottoir. C'est la rue, ses textures, son esthétique, ses reliefs et ses motifs, au final, qui sont en mesure de donner une unité, une cohérence, une signature spécifique.
Le fil de collier, pour reprendre l'image, devrait être tressé de la même laine que "la pelote" du musée. Ce que nous voulons dire par là, c'est qu'il faut saisir l'essence de l'expression architecturale du nouveau pavillon du MNBAD, et la traduire sur un plan horizontal sur l'ensemble du secteur d'Intervention, par le biais de proportions, de géométries et de textures propres au futur bâtiment. Un langage contemporain, des formes laconiques, modernes, un style épuré et sobre, une espèce de transparence dans la façon d'implanter les équipements urbains pour faire en sorte que l'espace public soit vécu comme si on était encore sur le parvis du musée.
La raison d'être de cet investissement culturel majeur que représente le nouveau pavillon du MNBAG est d'offrir le cadre aux oeuvres d'art des collections de l'institution. Mais en même temps, son architecture audacieuse se positionne comme un élément phare du pôle muséal de la Capitale Nationale. Le raisonnement de la démarche que nous proposons est similaire. La Grande-Allée redessinée a pour but d'offrir un cadre formel et structuré aux nombreux trésors du quartier - à sa richesse architecturale éclectique, à son patrimoine paysager, à son histoire, son activité trépidante et sa vie sociale.
Un effort considérable est déjà fait en ce sens. Plus loin, en croisant le Cours du Général de Montcalm, vers l'est, la Grande-Allée change d'allure: le béton ébréché des trottoirs cède place aux pavés, les bordures de rues en granite sont surbaissées, le stationnement sur rue a un revêtement spécifique... Le gabarit de l'artère reste le même - sa perception est sensiblement différente. Plus urbaine. plus distinguée, plus accueillante pour le passant. Dans une vision à long terme, les deux portions de la Grande-Allée, celle du centre-ville réaménagée et celle qui fait l'objet de ce concours, devraient se rejoindre.
(Texte du concurrent)
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- Planche de présentation
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