Notre projet de transformation de l'Agora des Arts poursuit deux objectifs principaux: créer une vraie présence sur rue pour l'organisme et préserver l'intégrité architecturale de l'église Notre-Dame-de-Protection, un legs historique signifiant pour la communauté. Rouyn Noranda possède une vie culturelle remarquable, toute en inventivité et dynamisme, et l'Agora des Arts en constitue indéniablement l'un des vecteurs principaux. Pourtant, dans sa forme actuelle, la salle n'offre aucune présence sur rue et ne laisse rien deviner de ses activités. Notre projet vise avant tout à créer un échange plus dynamique entre l'institution et l'espace public.
Une vitrine pour la culture
Notre tout premier geste fût de placer le nouveau foyer au rez-de-chaussée, directement à l'entrée et de lui donner toute l'amplitude qu'il mérite. Le «sous-sol» d'origine de l'église s'ouvre ainsi sur la rue et devient du fait même le nouveau rez-de-chaussée de l'Agora. La forme triangulaire de l'addition maximise la surface en relation directe avec la ville. La morphologie répond en ce sens à la continuité des façades de l'autre côté de la rue, recréant une condition urbaine de vis-à-vis. Cette longue façade sur rue devient un attracteur, une véritable vitrine pour l'Agora. Ainsi, dans tous les moments de flottement qui tournent autour du spectacle lui-même - l'arrivée, l'entracte, la sortie - les spectateurs pourront passer un moment en relation directe avec la ville, jouissant d'un point de vue unique à la fois sur la rue, sur la cour intérieure ouverte à l'est, sur la cour latérale boisée à l'ouest, mais aussi, paradoxalement, sur l'église elle-même qu'on ne cache plus. Au coeur du foyer, le café, opérant également hors des heures de spectacles, assure une activité constante dans le hall et le jardin de la cour intérieure. Combinant les fonctions de café avec celles d'accueil et de billetterie, il agit comme un condensateur favorisant la rencontre des visiteurs, des créateurs et du public en général.
La mise en valeur de l'église
L'église Notre-Dame-de-Protection, dans toute sa simplicité, a le mérite de posséder une volumétrie claire. En limitant l'addition à un seul étage, notre proposition met de l'avant une stratégie architecturale qui préserve la lecture de la forme pure de l'église. Pour y arriver, les circulations verticales ont été placées à l'intérieur du volume existant, éliminant du même coup le bruit visuel qu'aurait occasionné leur présence à l'extérieur. L'addition devient alors un volume pur, une simple peau délimitant un espace dépouillé invitant à l'appropriation. La nouvelle construction prolonge la ligne architecturale existante qui délimite la fondation de béton et les façades de briques de l'église. En ne transgressant jamais cette frontière, l'intervention se limite à la partie ayant moins de valeur architecturale et ne compromet d'aucune façon l'intégrité des façades de brique existantes. L'addition est ainsi connectée de façon harmonieuse et cohérente au bâtiment existant. Sa forme triangulaire s'avance vers le trottoir et s'amincit vers l'église pour dégager les perspectives à partir de la rue Murdoch et encadrer une cour intérieure plus intime entre le foyer, l'église et le jardin du presbytère.
Les séquences spatiales
Si le grand escalier extérieur est démoli pour faire place à la nouvelle entrée au rez-de-chaussée, l'idée d'une circulation se faisant dans l'axe central de l'église est conservée et renforcée. Un nouvel escalier hélicoïdal, placé à l'intérieur de l'église dans l'axe d'arrivée, permet une entrée scénographiée où l'on traverse le foyer vitré, pénètre dans l'enceinte de l'église, puis emprunte le grand escalier qui nous mène à la salle. Cette séquence spatiale est magnifiée par une double hauteur qui s'étend en longueur, de la façade de l'église jusqu'à l'escalier, connectant visuellement le foyer avec le palier supérieur qui dessert la salle. La dilatation obtenue se prolonge de façon spectaculaire à travers la tour du clocher qui est complètement évidée et se termine par un puits de lumière laissant voir la sous-face du clocher lui-même. Cet espace dramatique, tout en verticalité, baigné de la lumière zénithale du puits et des fenêtres ponctuant la tour, constitue un moment fort de l'expérience. La nuit venue, le clocher se transforme en une lanterne signal animée par la lumière émise par l'activité de l'agora.
Un foyer ouvert sur multiples niveaux
Le foyer est un espace ouvert et poreux, permettant des flux de circulation entièrement libres autour du noyau central formé par l'appui du mur de fondation du clocher et du comptoir accueil et café. On peut ainsi passer de la salle au foyer, au jardin et à nouveau au foyer, dans un flot continu. Nous imaginons cet espace comme un lieu de rencontre et d'échange, mais aussi comme un lieu de diffusion, une forme de prolongement de la salle elle-même.
Au deuxième plancher, l'extension du foyer est assez généreuse pour assurer des circulations fluides. La grande double hauteur assure une connexion formelle et visuelle entre le foyer et la salle. La grande fenêtre placée dans l'ancienne porte d'entrée, donc en plein dans l'axe, permet à la fois la distribution d'une lumière généreuse à l'intérieur et la vue vers le nouveau toit végétal et la ville. Les allées de circulation bordant la double hauteur permettent des vues plongeantes sur l'activité du foyer en dessous. Au niveau du jubé, une petite lunette est percée dans la cloison qui sépare la salle du puits du clocher. L'observateur curieux y découvrira une vue de l'usine Glencore et de ses célèbres cheminées, cadrée par la fenêtre d'origine du jubé.
La salle
Pour nous, la beauté de l'intérieur de l'église réside dans le grand volume se déployant sous sa voûte en berceau. Afin de permettre à cette surface de s'exprimer dans toute sa pureté, nous proposons de la délester de tout élément de décor plaqué (plinthes, moulures, chapiteaux) et de permettre à l'église d'exprimer la beauté simple de l'arc plein cintre. Au point de vue chromatique, la même logique s'applique et tout l'intérieur original est exprimé comme une surface pâle unie permettant mieux d'en apprécier la forme pure et synthétique.
La transition de la logique formelle de la salle vers celle de la scène se fait sur un plan clair déterminé par la face des deux premières colonnes présentes à l'avant de la scène. Les colonnes sont conservées, peintes en noir, et les rideaux de scène passent devant afin de les rendre pour ainsi dire invisibles La seconde paire de colonnes située au centre de la scène est éliminée à peu de frais grâce à deux simples poutres de transfert. Le dégagement de la scène donne ainsi une plus grande flexibilité d'usage. Ces nouvelles poutres permettent du même coup de transformer l'espace au-dessus de la scène en véritable cage de scène rectangulaire libre sur toute la hauteur.
La nature polyvalente de la salle rend nécessaire à la fois la condition d'éclairage naturel et de noir total.
Pour ce faire, une double épaisseur de panneaux opaques montés sur rails sert de dispositifs d'occlusion en se glissant devant les fenêtres latérales. Ces panneaux ont également une fonction de calibrage acoustique. Un premier panneau composé d'une matière réfléchissante est doublé d'un second panneau de nature absorbante. En glissant ces plans dans l'espace, il est possible de moduler l'acoustique de la salle et de faire varier réflexion et absorption. Quelques arcs au plafond le long des allées de circulation ont aussi été éliminés afin de limiter certaines réflexions de sons indésirables.
Matérialité
La palette de matériaux utilisée à travers le projet mise sur la simplicité et la complémentarité avec l'existant. Le bois, le verre et le béton sont tous des matériaux qu'on retrouve déjà dans l'église.
L'addition est conçue comme un volume léger et largement transparent fait de bois et de verre. Le verre se prolonge du plancher au plafond, donnant l'impression d'un volume pur et unifié, dont l'allure change constamment selon l'heure et le climat. Les effets de réflexions sont accentués par l'utilisation de verre courbe à chacun des coins du volume.
Tous les éléments structuraux du foyer sont en bois. Les meneaux du mur rideau, en lamellé-collé architectural, agissent comme éléments porteurs verticaux. La sous-face des dalles de lamellé-croisé composant la structure du toit est laissée exposée et devient le plafond fini intégrant l'éclairage et autres éléments techniques. La profusion de bois, une matière associée à la nordicité, contribue à créer l'ambiance chaleureuse et englobante du foyer.
Au niveau du sol, un nouveau plancher de béton continu traverse le rez-de-chaussée d'un bout à l'autre. Le sol extérieur en poussière de pierre se prolonge ainsi naturellement de l'extérieur à l'intérieur. Le plancher de l'étage est de son côté en bois teint foncé, une surface plus douce et riche acoustiquement. La nouvelle structure de plancher de la salle demeurerait en bois, mais serait construite de façon à satisfaire les exigences acoustiques (sons et vibrations).
Un nouveau potentiel
Nous proposons un geste qui, bien qu'il s'inscrive dans une logique de respect et d'harmonie envers son contexte, ne manque pas de s'assumer comme fort et résolument contemporain. Les angles serrés, le verre courbe toute hauteur, la structure de bois entièrement exposée... autant d'éléments qui contribuent à faire du projet une architecture unique et remarquable. Mais au-delà de la forme, nous croyons fermement que l'addition, en créant l'extension des activités jusqu'à la rue, ouvre un tout nouveau potentiel urbain et programmatique. C'est dans ce potentiel - qui ne demande qu'à être saisi - que réside le pouvoir de transformer durablement l'Agora des Arts et sa relation avec le public et finalement, avec la ville.
(Tiré du texte du concurrent)
2.2- CGA/PF
2.2.1- La proposition de conserver l'accès central à l'église et de le magnifier est une approche louable et respectueuse qui reconnait le caractère sacré du bâtiment d'origine.
2.2.2- Le nouveau volume proposé en façade respecte les proportions volumétriques de l'église. Cependant, le traitement et la matérialité proposés contrastent de façon prononcée avec celui de l'église, créant ainsi une certaine fracture avec la bâtiment existant.
2.2.3- Le traitement architectural proposé semble mieux s'adapter à un bâtiment d'échelle domestique qu'à celle d'un bâtiment public.
2.2.4- La proposition d'utiliser un mur rideau avec des meneaux de vois risque de réduire la transparence du nouveau volume et ainsi de fragiliser son intégration à l'église.
2.2.5- La forme triangulaire du nouveau hall laisse perplexe quant à sa pertinence et son optimisation. Elle apporte plus de contraintes d'utilisation que de bénéfices.
2.2.6- La proposition comporte certaines maladresses fonctionnelles et techniques qui affaiblissent sa recevabilité.
(Tiré du rapport du jury)
24 numérisés / 20 accessibles
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Plan d'implantation
- Plan
- Plan
- Plan
- Plan
- Coupe
- Coupe
- Élévation
- Élévation
- Élévation
- Axonométrie
- Schéma
- Schéma