Le projet de la Résidence d'artistes d'Est-Nord-Est se veut l'expression d'une toile blanche donnant libre cours à l'imagination et la créativité des occupants. Le bâtiment se présente comme un canevas offrant des potentiels de transformation et d'appropriation au fil des passages éphémères des artistes en résidence. Une collection d'espaces et de sous-espaces flexibles composent une trame directrice simple ; un cadre défini à l'intérieur duquel se glissent des éléments mobiles et amovibles qui autorisent l'éclatement et l'expérimentation sans retenue. Les dimensions spatiales, le travail formel des plafonds et les ouvertures sur le paysage génèrent des lieux avec des qualités et ambiances uniques. Ils composent des occasions d'intensité comme de contemplation. La principale force du projet réside dans la dualité entre une architecture régionale sensible à la réalité locale, et une architecture résolument contemporaine.
Le projet est traité à l'image d'une grande maison. Il est important que les usagers puissent se l'approprier et s'y sentent confortables pour créer. L'architecture, au niveau formel, propose un volume monolithique à deux versants dont la signature se veut une réinterprétation des typologies architecturales du secteur. L'implantation du projet se détache de l'atelier Pierre Bourgeault et dialogue avec ce dernier par un jeu de décrochés sur la façade avant. Le volume d'un étage propose une verticalité généreuse habitée par des fonctions en mezzanines. Le projet s'ouvre sur une cour végétalisée qui transperce le bâtiment et dynamise sa forme. Inspiré du théoricien de l'architecture Christian Norberg-Schulz, nous avons imaginé le projet comme la découverte d'une séquence d'espaces et de moments :
l'arrivée, la rencontre, la réunion, et la retraite / isolement.
L'arrivée
À l'approche, une soustraction dans la façade avant protège l'entrée couverte. Cette dernière est signalée par une paroi de cèdre blanc naturel, travaillée en trois dimensions avec une tectonique contemporaine réinterprétant le patrimoine sculptural de la région. La façade principale est sobre et ne dévoile pas tout. L'entrée s'ouvre subtilement sur l'espace public intérieur dont la spatialité aérienne propose une ambiance expérientielle riche et contemplative. Le plafond articulé traduit la trame structurale simple et rigoureuse. Les ouvertures ponctuelles en toiture orchestrent une chorégraphie lumineuse sur la surface de béton au sol. Sous la canopée de puits de lumière s'étend un plan ouvert, libéré de toutes contraintes et offrant un maximum de flexibilité pour optimiser l'appropriation par l'usager.
La rencontre
La cuisine et son îlot mobile s'annexent aux espaces multifonctions pour composer une zone de rencontre fonctionnelle et généreuse. Le foyer central offre des occasions de partage et confère aux fonctions publiques une convivialité réconfortante avec une échelle domestique. Des oeuvres temporaires s'ancrent au plafond sur des anneaux structuraux alignés avec la trame et viennent profiter de la grande verticalité spatiale. Le projet s'ouvre sur un échantillon de paysages, une cour intérieure protégée. Orienté sud-ouest, ce jardin offre un microclimat confortable, sensible et à l'abri des vents. Il devient une extension des espaces de vie, offrant un lieu de partage pour les membres. On y retrouve des arbres fleuris évoluant au rythme des saisons, un pit à feu réchauffant les soirées estivales et du mobilier pour profiter des repas extérieurs. La fenestration généreuse plancher plafond renforce l'effet de prolongement de l'espace vers l'extérieur. L'eau de pluie des toitures se déverse dans une gargouille qui irrigue le jardin. Un circuit de bassins connectés par gravité alimente les plantes en eau naturellement. La façade opaque donnant sur la cour permet l'affichage et les projections en soirée.
La réunion
Le lieu s'adapte, se module et s'étire au rythme des variétés d'occupants et d'événements par un jeu de panneaux pivotants en bois robuste. Ces panneaux permettent d'isoler la salle de conférence ou de l'inclure dans l'aire ouverte au besoin. En mezzanine sur la zone administrative, le centre de documentation et des bureaux en aire ouverte profitent d'un lieu intime en retrait. Cet espace en hauteur invite au recueillement et propose une nouvelle perspective sur l'espace multifonction. L'escalier en colimaçon invite à l'ascension et contribue à enrichir l'espace architectural. Une grande fenêtre permet d'entrevoir le fleuve.
L'atelier d'assemblage commun, quant à lui, s'étend sur la cour végétalisée. Cet espace de travail central se veut rassembleur et fonctionnel. Il permet aux artistes de se réunir légèrement à l'écart de la zone publique. Cet atelier bénéficie d'une zone d'entreposage supplémentaire sur la passerelle technique au niveau des combles. Le bureau du technicien, au coeur du bâtiment et annexé à l'atelier d'assemblage commun, profite d'une vue sur la quiétude de la cour et sur l'atelier de bois afin d'assurer la sécurité des utilisateurs. Un espace en retrait accueille les fonctions techniques et organise une transition douce entre les lieux plus publics et les ateliers. Annexée au débarcadère se trouve une zone protégée pour entreposer les vélos.
Les circulations aérées permettent facilement le transport des matériaux entre les ateliers de travail. Les ateliers de bois et de métal bénéficient de grandes fenêtres en hauteur libérant le bas des murs pour les tables de travail. La lumière naturelle du nord-est limite les besoins en éclairage artificiel, sans risque d'éblouissement pour l'usager. Les proportions rectangulaires des ateliers spécialisés favorisent l'installation des outils en périphérie des locaux. De plus, l'espace aérien sculpté par les versants de la structure du plafond donnent un effet de grandeur et améliore l'expérience de travail de l'utilisateur.
La retraite / l'isolement
Les ateliers individuels, en retrait des lieux communs, favorisent l'introversion et le processus créatif. L'esprit d'un canevas libre se traduit à l'échelle de l'atelier par un plan d'aménagement simple couronné d'une canopée diffusant la lumière et d'une mezzanine accueillant le studio. L'atelier s'ouvre au sud sur une grande galerie, un seuil entre public et privé permettant de prolonger l'espace et de favoriser les rencontres informelles. Les studios, en hauteur, invitent au recueillement et à l'isolement de l'artiste. Le grand puits de lumière au nord-est de chaque studio balaie le plafond d'une lumière indirecte et assure la ventilation naturelle par l'effet cheminée. Les surfaces des murs en contreplaqué russe et le plafond ponctué d'anneaux structuraux permettant l'ancrage et l'utilisation de toutes les surfaces pour le travail. Enfin, certains ateliers se jumèlent par un jeu de panneaux mobiles pivotants afin de varier l'environnement au gré des besoins des occupants ; on pense alors à un espace pour des collectifs. Entre les ateliers spécialisés et individuels, un espace tampon permet le passage des gaines mécaniques et l'isolement acoustique de part et d'autre. L'isolement aux bruits d'impact et la désolidarisation des zones assurent le confort des usagers.
La retraite et l'isolement représentent la dernière étape d'un lieu que l'on peut franchir. « Ce n'est que lorsque l'on se retrouve seul chez soi, lorsqu'on a franchi un seuil privé que l'on est vraiment à la maison, une maison dans laquelle l'identité individuelle trouve confirmation et sécurité. » C'est notamment dans cette partie de la résidence d'artistes que l'individu pourra, par introversion, laisser venir l'inspiration...
En conclusion, le projet se démarque par la composition d'espaces conviviaux diversifiés orientés sur l'expérience de l'occupant. L'organisation programmatique assure une hiérarchie spatiale qui régule les relations interpersonnelles. L'architecture conjugue adaptabilité et durabilité afin d'offrir un lieu de travail agréable, convivial et fonctionnel. L'esprit du projet se traduit par une série de solutions simples et inventives maximisant la polyvalence et la flexibilité des espaces. Le bâtiment prône l'ouverture et la versatilité tant des espaces que des mobiliers et limite ainsi la segmentation de ces fonctions en espaces clos. L'architecture du bâtiment, tel un canevas qu'on s'approprie par ses surfaces et ses espaces, se veut un lieu propice à l'expérimentation et à l'épanouissement de l'artiste. La qualité architecturale renforce le sentiment d'appartenance et le respect de l'usager, la fierté de la communauté locale et permet de faire rayonner l'établissement à l'extérieur de la région.
(Texte du concurrent)
2.1-BL
2.1.1- La proposition d'une cour intérieure ml-protégée et orientée vers le sud-ouest assurera un ensoleillement optimal tout en permettant un aménagement extérieur lacée à contrôler, puisqu'indépendant et distant des constructions voisines.
2.1.2- Le parcours architectural proposé par 1'intégration d'une cour Intérieure permet d'éviter la création d'un long corridor malgré la configuration linéaire du site.
2.1.3- La proposition laisse entrevoir la naissance d'un environnement chaleureux et baigné de lumière chaude favorisant les rencontres et les échanges.
2.1.4- La localisation des espaces publics dés l'entrée du bâtiment assure une convivialité et envole un message d'ouverture envers la communauté En revanche, cette ouverture se concrétise peu. puisque le traitement proposé en façade est relativement opaque
2.1.5- L'absence ponctuelle de débord de toit risque de provoquer une usure prématurée du parement de bols.
2.1.6- La proposition d'aménagement des ateliers individuels avec studio en mezzanine permet de bonifier l'expérience spatiale de cet espace tout en limitant la superficie utilisée.
2.1.7- L'éloignement de la cuisine et de la salle commune par rapport aux studios n'assure pas de façon optimale un espace de vie privé pour les résidents, d'autant que les deux salles communes demandées au PFT ont été regroupées en une seule à l'avant.
2.1.8- L'accès â la salle do bain complète pour les résidents doit se faire par un corridor d'accès partagé avec les ateliers communs, soit un parcours non privé et souillé.
2.1.9- La distribution des ateliers ne favorise pas de façon optimale le déplacement de matériaux â partir du débarcadère.
2.1.10- L'aspect Innovation espéré n'est pas très présent.
(Tiré du rapport du jury)
16 numérisés / 16 accessibles
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Plan
- Plan
- Coupe
- Élévation
- Élévation
- Élévation
- Élévation
- Détail de construction
- Détail de construction
- Schéma
- Schéma