"PARLE-MOI DE LA FORÊT QU'AUTREFOIS TU NOMMAIS MAISON"...
Une « École de demain » reconnue au-delà des frontières
L'école de Rimouski, co-conçue avec la communauté éducative, citoyenne, entrepreneuriale et scientifique, est devenue une «référence» dans l'histoire éducative au Québec. Le partenariat établi entre l'équipe du «Innovative Learning Environments» de l'Université de Jyväskylä en Finlande, et l'équipe d'architectes BMWR dès 2019, a permis d'accélérer et de transférer ici les meilleures pratiques éprouvées d'un pays reconnu pour son avant-gardisme. La qualité de l'appropriation, la contextualisation à nos réalités québécoises, le support de l'UQAR, contribuant à créer ce living-lab, ont entraîné un engouement régional qui a porté fruit. Cette école avait d'abord été pensée pour tisser des liens avec la communauté, le partage, l'écologie ... en plus d'être un modèle de pédagogie nouvelle. Son architecture respire toujours la luminosité, la biophilie, l'originalité, la nature... donc la vie! La conception de sa grande toiture déhanchée se voulait une métaphore topographique puissante. Elle mettait en scène trois cours herbacées, instillant jeu et plaisir, qu'animent toujours ses pentes en toute saison, au grand bonheur des enfants. Thématiques, elles continuent d'initier l'enfant à la permaculture de manière ludique. Des chercheur(se)s y trouvent une ouverture d'esprit de l'équipe éducative et des familles, leur permettant de toujours poursuivre ce sujet jamais terminé «Penser l'école de demain».
Des lieux marquants, inspirants
Maxime 16 ans, aujourd'hui en secondaire 5 au Paul-Hubert, réalise la chance qu'il a eue: «J'ai vraiment aimé fréquenter mon école primaire. Je ne réalisais pas à l'époque, mais tout était différent de ce qui se vivait ailleurs. Avec ce grand atrium à l'entrée et ses immenses arbres-poteaux, je me rappelle que la première chose que je faisais, c'était d'aller manger les bons muffins de mamie Thérèse à la cuisine. Ça sentait bon, et par beau temps, on pouvait aller faire des miettes sur la terrasse donnant sur la forêt! Les gradins-bibliothèques nous incitaient à monter et descendre les marches, c'était génial! Je pense que je n'ai jamais autant lu que durant ces années!»
Sophie, maintenant au Cégep de Matane, rajoute: «C'était étonnant de ne plus parler de classe mais de notre communauté d'apprentissage. En fait, c'était une famille de 4 classes, on faisait beaucoup de projets et d'activités ensemble dans la section collaborative. Le plus surprenant, c'était tous ces meubles qui se dépliaient, s'ouvraient, et ces rideaux qui nous permettaient de s'isoler en petits groupes. Moi qui suis solitaire, j'appréciais d'aller me réfugier, tranquille, dans plein d'endroits appelés «cocons» pour être un peu seule. Mon cocon préféré, c'était dans les espaces sous les gradins, où j'aimais faire jouer des chants de baleine... Cet endroit retiré, près des vestiaires, ressemblait à un serpent qui ondule, avec plusieurs ventres camouflant autant de grottes. C'était magique!»
Une équipe enseignante engagée
Lucie, aujourd'hui directrice du labo-vivant, se rappelle ce momentum: «Notre nouvelle école nous a apporté, bien au-delà des espaces lumineux, créatifs, flexibles et poétiques que l'on a pu co-concevoir avec les architectes et ingénieurs après le concours en 2020, la possibilité de travailler autrement au sein de l'équipe école. Des expert(e)s finlandais nous ont écoutés et nous ont aussi beaucoup appris sur les méthodes collaboratives et innovantes dont tout le monde parlait mais que, concrètement, on ne savait pas nécessairement appliquer. Là-dessus, les architectes ont été très généreux en nous secondant dans notre vision, rendant les possibles réalisables. Ne serait-ce que la conception repensée des vestiaires et leur efficacité, particulièrement l'hiver. Nous savions les réalités de notre métier et les rythmes de notre quotidien. Ils les ont simplement fortifiés en une transcription spatiale cohérente et une matérialité tangible. En somme, ils nous ont aidés à tisser cette couture entre architecture et pédagogie».
Richard, toujours enseignant en 6ème année raconte: «Mon endroit préféré pour réfléchir à mes cours, c'est encore le matin tôt, face à la forêt, dans un fauteuil confortable: la tranquillité du lieu et la contemplation d'une nature préservée m'apportent la sérénité. J'enseigne partout aux enfants: dans la classe-forêt, au bassin de quenouilles, même sur la terrasse des profs quand le soleil tourne à l'ouest! On utilise beaucoup les nids dans l'atrium, qu'on associe dans le cours de géographie à des «moraines flottantes», expliquant la déglaciation du Bas St-Laurent et la création des terrasses géologiques rimouskoises, bien symbolisées par les gradins omniprésents. A chaque fois, j'adore leur raconter la belle histoire de notre région où on a l'impression d'être revenus 15 000 ans en arrière! On était quand même sous des km d'eau et de glace!»
Une communauté réellement partenaire et bénéficiaire
Denis, forestier retraité de 70 ans, toujours actif: «Quand on m'a demandé de faire des interventions pour expliquer les secrets de la forêt, j'étais fier de voir les yeux écarquillés des enfants devant mes histoires d'écureuils et de racines magiques... Malgré l'âge, j'adore encore venir tous les mercredis et vendredis après-midis pour démarrer et entretenir le feu du four à pain. Quand Annie du CoLabo Culinaire a terminé sa démonstration de pain sans gluten, on transfère les braises dans le feu de la classe-clairière, puis on le surveille à tour de rôle jusqu'à ce que tous les enfants du service de garde soient partis. Les parents viennent souvent discuter: c'est aussi un bon moment de détente après leur journée de travail. Chut!... parfois on offre même du vin chaud l'hiver!»
Marie-Josée, maman de 2 jeunes dont un encore à cette école: «On a toujours été très présent et disponibles pour participer à la vie de l'école. Mais ce qui a complètement changé, c'est le fait que, grâce à l'association du quartier qui s'occupe de gérer l'ouverture de l'école à la communauté, du gymnase, des cours de yoga que je donne le jeudi soir, on a vraiment l'impression d'être une grande famille. Quand Ricardo vient faire une démonstration de cuisine des légumes de saison et de l'art d'apprêter les restes, une fois par année, les gradins sont pleins!»
(Texte du concurrent)
ÉTAPE 1 :
Le mérite de cette proposition repose sur l'ambiance, le mouvement et l'appel à l'exercice. Les formes se fondent dans le décor tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'école. L'esquisse est nette et la grande amplitude de l'entrée sud-ouest crée un sentiment d'accueil agréable. L'inspiration des arbres est soulignée, de même l'invitation à la communauté.
Le jury note la bonne organisation du plan avec la répartition judicieuse des espaces. Des recommandations sont apportées sur la matérialité de l'ensemble. Le gradin qui joue son rôle de coeur est un point fort de la proposition et son extension de l'intérieur vers l'intérieur est fort appréciée. Le jury souligne également la pertinence des espaces de concentration.
Recommandations
Implantation et accès
L'implantation sur le site doit accorder une attention particulière aux questions touchant la circulation et les accès. Le stationnement pensé en 3 paliers afin d'épouser la topographie doit être revu. Le souhait de l'école est qu'on ramène la proposition à 65 cases de stationnement.
Le positionnement du gymnase crée un accès accueillant à l'abri des vents de nord-est, face au sud.
Toiture
La structure complexe des toits doit être revue et les concepteurs sont interpellés afin que la culture en toiture soit envisagée. De même, la permaculture en raison du positionnement actuel vers le nord semble peu réaliste.
Simplicité recherchée
Le projet est rigoureux et opérationnel. Les qualités de l'entrée et du coeur jouent bien leurs fonctions d'accueil, bon pour la qualité sociale générée, et doivent être maintenues dans la seconde proposition, mais les concepteurs sont invités à plus de simplicité. Le coeur est assez spectaculaire avec ses poteaux imitant les arbres et les puits de lumière, mais trop chargé visuellement, le langage architectural doit être revu. Le jury invite à faire preuve de retenue dans l'expression spatiale tout comme en plan. L'espace semble très vaste et demande une épuration, car il renvoie à des effets de hall de gare, référant non souhaitée par le jury.
Traitement architectural
Le contraste entre le traitement architectural du gymnase et le reste du bâtiment est à retravailler pour chercher une meilleure intégration d'ensemble.
La toiture flottante amène des questionnements sur les jonctions avec les parties voisines. Le concept séduit, mais demande également une simplification et une étude plus approfondie pour y arriver.
Aménagements intérieurs
Il existe une incompréhension au niveau des circulations dans l'école et le repositionnement des vestiaires est nécessaire. Le contact de la classe avec la nature semble exclusivement visuel, et le jury souhaiterait que des accès vers l'extérieur soient envisagés.
Les huit classes du préscolaire ne sont pas regroupées puisque trois classes seront à l'autre étage. Il est demandé que tous les élèves du préscolaire soient réunis, sinon regroupés en famille de 4 classes. Les concepteurs doivent envisager la possibilité d'une entrée à l'étage qui soit réservée aux enfants du préscolaire.
Le jury appelle à une réflexion au sujet du service de garde. Il est difficilement identifiable dans la proposition et la capacité d'accueil de l'espace est remise en question. Notons que la majorité des enfants y dîneront puisqu'une très forte proportion des parents sont actifs sur le marché du travail. Il est prévu que deux périodes de dîner se succèdent.
Relation des aménagements intérieurs et extérieurs
Le gradin pourrait éventuellement se poursuivre dehors, vers l'entrée de l'école plutôt que du côté sud-ouest. Une partie des gradins se trouverait alors sous le préau, un avantage certain qui favoriserait son utilisation par temps moins clément.
Contrôle des coûts
Le jury exprime une inquiétude au sujet des coûts engendrés par la construction et ceux liés aux opérations, notamment des coûts de chauffage considérables.
Matérialité
Il y aurait avantage à réduire la présence trop élaborée du bois et à simplifier l'ensemble des éléments vus comme trop bavards. L'épuration invitera au calme. La question de l'insonorisation est également évoquée et le choix de surfaces absorbantes est à privilégier.
ÉTAPE 2 :
Dans l'ensemble, le jury apprécie l'implantation de cette proposition qui permet une lecture conceptuelle claire d'insertion du bâtiment à son site. Le souci porté à l'aménagement extérieur contribue également à la clarté du geste. L'entrée principale, donnant directement sur le coeur central et les gradins, facilite l'accueil, la lisibilité ainsi que l'appropriation du lieu. À l'intérieur, la forme regroupée, presque carrée, des classes autour du coeur central génère une proximité propice aux échanges et aux activités communautaires. Cet espace est également attrayant par ses percées visuelles, sa structure évoquant les arbres ainsi que par l'omniprésence du bois et de la lumière naturelle provenant des hautes fenêtres tout autour. Le système d'organisation des différents éléments programmatiques du Lab-École est clair et convaincant. La communauté d'apprentissage, avec l'espace de collaboration et de concentration, est très bien comprise. Également, l'idée de l'arbre-vestiaire est évocatrice et convaincante pour le jury. Ce dernier apprécie également l'aspect compact de la proposition, qui ne s'étend pas de façon prononcée, accentuant ainsi l'aspect rassembleur du projet.
De plus, le jury apprécie les éléments suivants :
+ La position du gymnase qui génère un parvis d'accueil.
+ L'accès facile aux vestiaires pour chaque cycle.
+ La fonctionnalité du plan relativement compact et rentable.
+ La justesse dans l'organisation du programme.
+ La valeur environnementale du projet, qui rejoint les valeurs véhiculées par la commission scolaire et appréciées de la communauté.
+ La coupe qui exploite à l'intérieur, par les gradins et les cavités habitables en dessous, la dénivellation naturelle du site.
Cependant, le jury exprime des réserves quant à ce qui suit :
+ Le mur aveugle du gymnase qui donne sur la rue et contredit ainsi la volonté d'ouvrir l'école sur le quartier.
+ La volumétrie qui présente certains problèmes de composition.
+ La complexité des toits qui soulève des inquiétudes quant à l'écoulement des eaux et l'accumulation de la neige.
+ La frontière créée avec la cour au sud pour les classes de niveau primaire, ce qui impose plusieurs étapes pour y accéder.
+ À l'étage, une classe (224) ne dispose pas d'un aménagement donnant accès à une communauté d'apprentissage.
+ La difficulté d'appropriation, pour de petits groupes, de l'espace pour manger qui demeure trop vaste à l'échelle de l'enfant.
+ Le manque de lieux à petites échelles, qui permettent des moments à l'écart de l'ensemble. Par exemple, le traitement de transitions et de seuils ayant une certaine épaisseur entre les espaces de collaboration et le coeur de l'école aurait permis une meilleure adéquation des lieux avec cet incontournable du Lab-École.
+ Le jury a des doutes quant à l'acoustique des volumes créés dans l'espace central et ceux qui le jouxtent.
(Tiré du rapport du jury)
36 numérisés / 36 accessibles
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Extrait de planche
- Extrait de planche
- Extrait de planche
- Extrait de planche
- Photographie de maquette
- Photographie de maquette
- Photographie de maquette
- Photographie de maquette
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Plan d'implantation
- Plan
- Plan
- Coupe
- Coupe
- Coupe
- Élévation
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
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