À paysage découvert
Depuis le Kamouraska jusqu'à l'île St-Barnabé à Rimouski, en passant par le Parc du Bic, de grandes buttes rocheuses viennent bousculer le paysage entre plaines et battures. Ces formations massives, nommées « cabourons », émergent du sol et animent le paysage de petites montagnes et d'îlots. Notre proposition s'inspire de ces formations monolithiques qui caractérisent les paysages du Bas-Saint-Laurent.
L'école comme paysage
En façade, à l'image d'une de ces crêtes montagneuses, le toit crée un appel visuel fort et attrayant depuis la rue. Les lignes verticales des joints de parement en bois et de la structure viennent dialoguer avec les troncs d'arbres de la forêt avoisinante. Vue de l'arrière depuis les champs et la cour, l'école semble émerger au travers de la plaine. Elle se lit dans le paysage comme un agglomérat de blocs, avec des cabourons, entre lesquels des percées généreuses laissent pénétrer la lumière naturelle. Le jeu d'avancées et de reculs de volumes simples rythme les façades et crée une diversité d'espaces à découvrir et à habiter. Les lignes de force des cabourons se lisent aussi dans le paysagement où pavés, jardins et monticules s'alternent pour expérimenter, glisser, escalader ou observer.
Au coeur du paysage intérieur
L'école se divise en deux coeurs ; communautaire et écolier. Partagé avec la communauté, le premier coeur comprend le gymnase, la salle de motricité ainsi que l'espace repas et l'atelier de cuisine. Ce coeur est positionné près de la rue et implanté à angle pour rendre sa présence bien visible et attrayante pour le quartier. Le soir venu, la seconde entrée principale située vers le stationnement permet l'accès au coeur communautaire alors qu'un rideau métallique restreint l'accès au reste de l'école.
La position du gymnase au premier plan permet d'apprécier la vie sportive de l'école autant depuis l'intérieur que de l'extérieur. Vécue de l'intérieur, l'articulation du toit du gymnase révèle un grand voile de bois maintenu par un ingénieux système de tirants. Un bandeau de fenêtres au suivant le niveau du sol le long du périmètre du gymnase est protégé par un généreux débord. Celui-ci donne un caractère original à la façade et crée en même temps une circulation extérieure protégée dynamique autour du gymnase. Une grande fenêtre au nord en partie haute du mur gymnase amène elle aussi une lumière naturelle abondante et constante dans l'espace sportif.
En relation visuelle directe avec le gymnase, l'espace cuisine est aussi placé en relation privilégiée avec la cour et à proximité de l'espace potager et de la serre sur le toit. Lors du repas, les enfants peuvent choisir entre différentes ambiances où manger. Ils peuvent observer l'action dans le gymnase, s'asseoir dans une zone gradin ou sortir sous un espace couvert à l'extérieur. L'atelier de cuisine permet tant aux enfants qu'à la communauté d'en apprendre plus sur l'art culinaire.
La ruelle d'apprentissage se veut l'axe rassembleur de la communauté écolière. Cette circulation généreuse et animée mène vers le deuxième coeur de l'école : le grand gradin. Lorsque l'on franchit le seuil d'entrée, on peut déjà l'apercevoir au loin, baigné dans la lumière naturelle. Pour s'y rendre, l'enfant chemine à travers des bibliothèques éclatées et des espaces de collaboration animés. Il peut aussi s'arrêter pour contempler les percées visuelles vers la forêt, la cour et les champs. De petites dînettes sont aussi aménagées au long de ce parcours pour offrir l'opportunité de dîner en petits groupes.
Point culminant de la ruelle d'apprentissage, le gradin est le grand lieu rassembleur de l'école. Ponctué d'un arbre et ouvert sur une double hauteur sur la cour, cet espace de jeux et de rencontres devient le théâtre du quotidien de l'école. Lors de tempêtes d'hiver, les enfants peuvent observer le spectacle des éléments depuis l'intérieur, glisser ou jouer dans un filet rebondissant. À la fin des classes, le gradin permet de recevoir tous les enfants et le personnel pour une grande allocution, un spectacle ou une fête.
Inspiré des paysages d'îlots et de buttes, chaque classe est un cabouron avec ses traits distinctifs L'enfant reconnaît ainsi son lieu d'apprentissage depuis l'extérieur et s'y identifie. Depuis l'intérieur, le toit à double pente crée une ambiance de refuge et de protection. Un puits de lumière sur le versant nord vient ouvrir la classe sur le ciel et apporter une lumière blanche diffuse. Le versant sud est quant à lui prolongé en débord de toit pour éviter l'entrée du soleil direct et l'éblouissement. Les fenêtres du plancher au plafond offrent une vue prenante sur les paysages forestiers et agricoles entourant l'école. Des ouvrants de part et d'autre de la classe per•mettent une ventilation naturelle transversale et par effet de cheminée pour un maximum de confort sans consommation d'énergie.
La proportion rectangulaire et libre de la classe permet quant à elle de multiples possibilités de configurations et d'usages. Un mur de la classe intègre le rangement, l'espace de concentration et le mobilier intégré.
Un nouveau paysage d'apprentissage
Cette esquisse d'une école du 21e siècle s'inscrit en continuité avec la culture développée par le Lab-École en offrant des circulations généreuses, habitées et diversifiées. Les espaces de l'école viennent graviter autour de noyaux de rencontre baignés dans la lumière naturelle et ouverts sur la nature. L'école n'est plus une coquille fermée. Elle est pensée comme un amalgame d'espaces intérieur et extérieur développés en relation directe avec le site, la culture et les paysages de la communauté qui la font vivre.
(Texte du concurrent)
ÉTAPE 1 :
Le mérite de cette proposition réside d'abord dans son expression atypique et constructive. Le jury reconnaît de belles qualités spatiales au projet et le rapport avec le quartier résidentiel est réussi. L'implantation en direction sud, avec présence sur la rue, est bien présentée, mais le jury rappelle qu'il ne sera pas possible de prolonger cette artère au-delà de sa configuration actuelle. La proximité des équipements communautaires (gymnase et grande salle à manger) et quartier est bien reçu par le jury.
Le parvis est bien positionné. Le parti architectural la spécificité de chaque classe permet l'appropriation par l'enfant Le plan compact permet une fragmentation astucieuse des zones. La proposition singulière permet de faciliter la reconnaissance visuelle chez l'enfant. La séquence à l'entrée et dans l'axe d'apprentissage qui ouvre entre le boisé et la cour permet une belle compréhension. La vue des gradins au loin et le circuit permettant de traverser la bibliothèque éclatée sont des éléments intéressants.
Enfin, le regroupement des classes et les espaces de collaboration sont appréciés par le jury, de même que l'importance des espaces de rangement. Le proposant semble avoir pensé à un possible agrandissement de l'école dans le futur, ce qui constitue un avantage.
Le jury a apprécié également la terrasse extérieure adjacente au salon du personnel, positionnée à l'ouest ainsi que la matérialité chaleureuse et l'évocation aux Cabourons, un clin d'oeil judicieux à la topographie régionale. Bien que la toiture gagnerait d'être plus élevée, le projet emballe.
Recommandations
Implantation
L'implantation questionne le jury au niveau de l'angulation choisie. Dès l'arrivée, la question des stationnements préoccupe. Le jury questionne également l'accès des élèves, des intervenants scolaires et du public par une toiture basse qui occasionne un certain écrasement. Il serait bien de continuer le jeu des toitures (conserver l'effet vague), mais les concepteurs devront appuyer et justifier ces choix dans un contexte de nordicité. Le jury se demande si une terrasse en toiture serait possible en extension de la salle de développement moteur.
Il est noté que cette école compte favoriser les apprentissages à l'extérieur, de même que les activités physiques de toutes sortes. En ce sens, il conviendrait de revoir les rangements extérieurs jugés insuffisants.
Expression architecturale et élévations
Le jury souligne le rythme des élévations, avec ses façades très articulées et mouvementées, mais se questionne si la proposition n'en fait pas trop et demande de pondérer et de raffiner celles-ci.
Aménagements intérieurs
L'accueil est intéressant, mais il est primordial que le secrétariat soit repositionné à proximité au rez-de-chaussée. Le contrôle des accès comme les services au public doivent être facilités.
Une réserve sinon un questionnement concernent le regroupement des classes. Leur répartition selon les cycles d'études serait à considérer. Il semble y avoir une ambivalence dans la solution apportée.
La rue d'apprentissage est grandement appréciée, mais les deux coeurs ne sont pas distinctifs. De plus, l'espace de dîner ne permet pas de voir la cuisine, lieu de préparation des repas, mais également lieu d'apprentissage pour les élèves en projet. Le jury doute et demande de revoir ou de préciser cet aspect : qui ira manger à l'étage si la cuisine est au rez-de-chaussée? L'Intégration de cuisinettes serait-elle envisageable? Il serait possible d'implanter de petits espaces pour cuisiner et manger dans les espaces collaboratifs.
L'appropriation des espaces partagés avec la communauté devra être revue en lien avec les indications du programme.
De plus, des solutions acoustiques devront être proposées par les finalistes
Toitures et enveloppe
Enfin, la proposition suscite des doutes au sujet des toitures, propices à l'accumulation de surcharges de neige et de glace, de leur étanchéité et de leur entretien. L'enveloppe thermique n'est pas compacte et le vitrage laisse deviner des coûts de chauffage onéreux. Un défi de surcharge bioclimatique est présent avec la grande verrière.
ÉTAPE 2 :
Le jury souligne l'implantation du bâtiment qui permet une intéressante présence sur la rue Anne-Hébert en proposant un bâtiment qui est en dialogue avec la rue et le quartier. La façade donnant sur la rue est appréciée avec la ligne brisée du toit du gymnase et sa riche fenestration, qui servira de point focal, comme une lanterne le soir. À l'intérieur, le jury relève un plan efficace. Les grands murs vitrés de trois secteurs, soit les vestiaires, la dînette ainsi que les gradins, offrent un contact visuel intéressant avec l'extérieur. Le jury apprécie l'ambiance lumineuse et calme qui démontre que le lieu est fonctionnel et approprié à une école primaire. Les fragments présentés fonctionnent ; ils sont très invitants et convaincants. L'atelier des saveurs est particulièrement apprécié, car le jury sent que la vie scolaire pourra investir ce lieu. De plus, le coeur avec les gradins est agréable, bien éclairé et crée une belle ambiance. Enfin, le jury souligne l'intégration crédible du développement durable de la proposition.
De plus, le jury apprécie les éléments suivants :
+ Le jury apprécie la présence de deux coeurs, le coeur communautaire et le coeur écolier.
+ Les illustrations de la cour d'école ainsi que sa relation avec les saisons sont convaincantes.
+ L'agora extérieure est bien orientée.
+ L'agora est harmonieuse et à l'échelle de l'enfant.
+ L'orientation ainsi que la gestion des ouvertures sont optimales pour éviter la surchauffe.
+ L'intégration des bibliothèques éclatées à l'intérieur de l'école est judicieuse.
+ L'évocation des « cabourons », formations monolithiques, comme une évocation symbolique associée au contexte, est porteuse.
+ Les cinq éléments essentiels du développement durable sont atteints, voire dépassés.
Cependant, le jury exprime des réserves quant aux éléments suivants :
+ Le contraste entre l'expression de la volumétrie de l'école et celle du gymnase, marquant une perte de cohérence depuis la première étape.
+ La complexité des toitures qui soulève des réserves quant à la résolution de l'évacuation des eaux et de l'accumulation de la neige.
+ Les efforts pour faire un toit vert qui handicape la hauteur libre des espaces de vie au-dessous.
+ La classe extérieure au nord qui se retrouve dans l'ombre.
+ Une partie des vestiaires, située à l'extrémité nord-est du bâtiment, rend les déplacements des élèves plutôt complexes.
+ La cohabitation du stationnement et du débarcadère est plutôt complexe.
+ Le corridor large auquel se greffent les communautés d'apprentissage semble moins convivial et appropriable pour des activités pédagogiques variées.
+ L'expression architecturale des toitures n'est pas résolue, utilisant plusieurs formes pour exprimer le même concept.
(Tiré du rapport du jury)
31 numérisés / 31 accessibles
- Planche de présentation
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- Extrait de planche
- Extrait de planche
- Extrait de planche
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- Photographie de maquette
- Photographie de maquette
- Photographie de maquette
- Photographie de maquette
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Planche de présentation
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- Perspective
- Perspective
- Perspective
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- Plan d'implantation
- Plan
- Plan
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- Coupe
- Élévation
- Élévation
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
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