Deux paysages, deux visages
Architecture et relation au paysage
L'école de Rimouski s'inscrit entre deux paysages singuliers : la forêt précoloniale, un paysage méditatif à contempler et les champs agricoles, un paysage actif où l'on peut courir, cultiver et créer. Le projet agit de façon empathique envers son environnement, en liant ces deux paysages caractéristiques du Bas-Saint-Laurent. Vers la forêt, sa forme génère des espaces enclos et baignés de lumière, comme de petites clairières, tandis qu'elle offre une ouverture horizontale vers la topographie des champs. Le contexte naturel pénètre le bâtiment à la fois visuellement et physiquement.
Inspiré par la dualité du paysage, le programme se scinde pour dialoguer avec son contexte. Les espaces de contemplation deviennent des classes orientées vers la forêt, tandis que les espaces d'action se connectent aux champs agricoles. L'architecture est conçue comme un dispositif par lequel l'enfant se transporte d'un état contemplatif à un état actif, et vice-versa, soutenant ainsi son apprentissage à travers la concentration individuelle, la collaboration et l'expérimentation. Au coeur de l'école, la rue d'apprentissage constitue le trait d'union entre des lieux aux ambiances variées, où l'enfant peut s'épanouir en tant qu'individu et comprendre sa place à l'intérieur du groupe.
L'école est implantée dans le sens longitudinal du site, profitant de l'orientation est-ouest. Deux grands halls traversent toute son épaisseur et redonnent une porosité au bâtiment, en reliant les deux paysages. Leur volume en ardoise définissent des accès qui offrent des parcours variés et flexibles entre l'intérieur et l'extérieur, au moment de l'arrivée, du départ et des périodes de récréation. Ces volumes intègrent des circulations verticales et, à l'étage, des vestiaires attribués par cycle, ce qui permet de délimiter les circulations sales du reste de l'école.
Dans son expression matérielle, l'école offre deux visages distincts à son environnement. Côté forêt, le rythme des pignons rend lisible la juxtaposition des classes et permet l'identification de chacune d'elle. De plus, cette forme renvoie à l'archétype de la cabane et confère une échelle domestique à l'école. Côté champs, la modulation des éléments de la façade s'amplifie et leur échelle se rapproche de celle des bâtiments agricoles. La toiture définit une volumétrie qui réunit ces deux visages. Elle devient un élément caractéristique de l'école et produit un paysage intérieur qui marque chacun des espaces, tout en les unifiant.
La cour
La cour prolonge les espaces intérieurs. Elle se décompose en une séquence de bandes de paysages singuliers qui bordent l'école et génèrent une multitude de seuils et de sous-espaces permettant des activités variées.
À proximité de la forêt, des espaces arborés sont aménagés en bordure des classes; la renaturalisation du site vise à faire pénétrer la nature dans les classes, profitant ainsi de ses bienfaits pour l'apprentissage. Entre les blocs des classes, les petites cours sont encadrées par des terrasses qui servent de classes extérieures. Cette extension de la forêt vers l'école permet aussi de produire une transition douce à l'intérieur du bâtiment. Pour accéder à l'entrée principale, une rampe déambule à travers une plantation de bouleaux créant un seuil entre l'espace de la ville et celui de l'école.
De l'autre côté, la prairie présente un caractère communautaire. Les espaces communs de l'école se prolongent dans cette cour. Ainsi, le gymnase intérieur donne sur un terrain de sports à l'extérieur, la cuisine est attenante au potager et les ateliers se relient à des aires de jeux, accessibles été comme hiver. Afin d'offrir, au périmètre de l'école, des espaces plats qui sont propices aux jeux en groupes et aux rassemblements, des talus sont déconstruits en paliers.
Lorsqu'il pleut et à la fonte des neiges, l'eau des toits est canalisée par des gouttières qui se déversent dans des caniveaux, acheminant l'eau vers les jardins de pluie aménagés à la limite de la prairie. Des pas japonais et des plateformes permettent de traverser les jardins de pluie pour ensuite conquérir le talus donnant accès aux champs. Ainsi, les jours de pluie offrent de nouvelles opportunités de jeux et d'apprentissage, alors que les talus permettent d'exercer les habiletés motrices et d'appréhender l'horizon au loin.
À toutes les échelles, l'école dialogue avec son environnement, pour offrir aux enfants qui la fréquentent un milieu de vie propice à un apprentissage sensible à la nature. Dans son organisation spatiale et sa forme, elle déploie des espaces variés, connectés sur des paysages contrastés, qui peuvent induire différents états. L'école déborde constamment de son contenant pour produire un laboratoire vivant où on apprend, expérimente et collabore, dans une expérience renouvelée chaque jour.
(Texte du concurrent)
ÉTAPE 1 :
Cette proposition regroupe plusieurs éléments distinctifs à souligner. L'implantation et son orientation vers la forêt sont dignes de mention. La proposition est chaleureuse avec cette évocation aux petites maisons. Le regroupement des classes avec cette impression de petites cours ajoute à la proposition. On se repère facilement et l'organisation facilite les circulations et bonifie l'expérience.
Le jury apprécie le positionnement de l'administration à l'entrée, l'aménagement des classes du préscolaire et leur entrée respective ainsi que le regroupement des vestiaires par cycle. Le jury salue la présence des gradins, de la serre, l'extension de la salle à manger à l'extérieur et la cuisine spacieuse, le positionnement de la classe extérieure et de la terrasse qui a été prévue pour les membres du personnel. Notons que le regroupement des classes par groupe de trois est une bonne solution.
Dans ce projet de Rimouski où la communauté d'apprentissage sera un vecteur éducatif important, on sent ici une belle compréhension de ce modèle pédagogique novateur. Cet élément constitue un point fort de la proposition.
Recommandations
Expression architecturale
Le jury concentre ses recommandations davantage sur l'enveloppe puisque de manière générale, la proposition répond aux besoins intérieurs d'utilisation. Il est mentionné d'unifier l'esthétique extérieure en ajoutant de la sobriété et de l'unité à l'ensemble, comme l'image de l'intérieur le propose. Le très grand nombre de matériaux extérieurs désavantage la proposition.
Bien que les toitures soient intéressantes, le jury questionne la complexité de celles-ci, leurs inclinations et anticipe des problématiques au sujet de l'écoulement de l'eau, de l'accumulation de glace et de neige. La solution pourrait devenir un élément intéressant du projet.
Accès et approche
L'entrée principale semble un peu drue. Pourrait-on davantage protéger ceux et celles qui l'empruntent? Dans sa forme actuelle, cette entrée n'est pas représentative de l'ensemble. Enfin, l'accès des maternelles du côté nord semble trop loin du chemin.
Aménagements
Enfin, le jury invite à une réflexion sur l'importance des classes en L qui deviennent, à tous les niveaux scolaires, des lieux d'apprentissage flexibles où un espace dédié favorise la concentration et permet l'accompagnement d'un petit groupe d'élèves nécessitant plus d'attention.
ÉTAPE 2 :
Le jury apprécie l'approche conceptuelle forte des deux paysages, qui génère une proposition bien ancrée à son contexte. Elle engendre un dialogue réussi entre les deux visages du site. Les préaux et les terrasses extérieures contribuent aussi à renforcer ce rapport d'échange, en plus d'établir des liens forts entre les espaces intérieurs et extérieurs. À l'intérieur, le jury souligne la rigueur et la fonctionnalité du plan. L'espace gradin en deux sections, l'une en face de l'autre, génère un coeur accueillant en lien avec l'extérieur. Le caractère pragmatique et rationnel de la proposition permet d'adapter le concept à diverses situations de partage de l'espace scolaire avec la communauté. La simplicité des volumes en structure à ossature en bois est aussi bien reçue. Le jury apprécie également les stratégies de développement proposées. Les réponses architecturales à ces stratégies, entre autres les petites cheminées des espaces de concentration, sont jugées réussies.
De plus, le jury apprécie les éléments suivants :
+ L'aménagement proposé des classes qui forment des lieux d'apprentissage en « L », autour d'une placette.
+ Le revêtement extérieur d'inspiration traditionnelle, en lien avec l'environnement bâti de la région.
+ Le positionnement du noyau alimentaire qui facilite le partage avec le service de garde et la communauté.
+ L'application des divers concepts d'organisation spatiale, particulièrement la communauté d'apprentissage.
+ Les cinq éléments essentiels du développement durable sont atteints, voire dépassés.
Le jury manifeste certaines réserves quant aux éléments suivants :
+ La volumétrie des toitures, qui pose beaucoup de questions quant à la gestion de l'eau et du gel en hiver.
+ L'aménagement des espaces extérieurs, qui mériterait un traitement plus chaleureux et végétal.
+ Le positionnement des classes préscolaires et de leurs entrées, qui rend le parcours complexe depuis la cour.
+ La volumétrie, qui donne une image de maisons en rangée, dont la pertinence est mise en doute par le jury.
+ L'étroitesse et les proportions des circulations, notamment celle du corridor central qui traverse toute l'école.
+ L'emplacement du stationnement sur le site, qui est conflictuel avec les déplacements à pied et à vélo.
(Tiré du rapport du jury)
29 numérisés / 29 accessibles
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Extrait de planche
- Extrait de planche
- Extrait de planche
- Extrait de planche
- Photographie de maquette
- Photographie de maquette
- Photographie de maquette
- Photographie de maquette
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Plan d'implantation
- Plan
- Plan
- Coupe
- Élévation
- Élévation
- Axonométrie
- Axonométrie
- Schéma
- Schéma
- Schéma