HABITER LA CIME
Alors que la forêt dense laisse place à la vastitude des champs verdoyants, le profil d'un bâti se dessine entre terre et ciel. Confortablement adossées au mont Shefford, qui en vient à sembler couver ce petit hameau, quelques silhouettes singulières habitent l'horizon. Chaque maisonnée présente son visage éveillé, avec la légèreté d'une fenêtre éclairée et le soupçon de gaieté que suggère le sourcil d'un pignon. Tandis que l'une braque fièrement cette curieuse cheminée, à l'allure pourtant si familière dans le paysage, l'autre arbore cette lucarne pareille à la fossette que suggère un bref sourire. À chaque détour, une nouvelle perspective pour murmurer au nouveau venu le début d'une histoire, où chaque découverte prodigue une sensation de complicité.
Une architecture s'inspirant du vernaculaire d'un temps
Érigée en coeur de la Montérégie, où les forêts et les champs se partagent intimement le territoire, cette proposition d'école primaire pour Shefford s'inspire du patrimoine vernaculaire bâti de ces milieux, aujourd'hui profondément imagé dans l'imaginaire collectif. D'un côté, l'anodine cabane dans les arbres qui, délicatement amarrée sur son houppier, s'intègre respectueusement à la nature. De l'autre, ces modestes bâtis agricoles, objets intègrent dans le paysage qui, dressé fièrement en coeur de champs, aspirent à une plus étroite relation avec le territoire. Ces architectures, empreintes d'une poésie de l'habiter mettant en lumière un rapport sensible et affectif à la terre, deviennent ainsi des références stimulant l'imaginaire autant que le terre-à-terre pour explorer les formes simples, les volumétries modestes et les compositions ludiques de cette nouvelle école. Cette grande cheminée verticale, notamment, qui, rappelant tantôt le silo à grains, tantôt la cheminée réconfortante d'un foyer, ou encore ce pignon tantôt effilé, tantôt évasé, qui répond docilement à un usage sous-jacent.
Une implantation sculptée par les flux humains autant que bioclimatiques
À l'échelle du site, le projet s'implante à la rencontre de deux parcours mères. L'un, arrivant du sud, deviendra trajet du quotidien pour l'enfant fréquentant l'école, et l'autre, rejoignant la route 112, au nord, conviera les membres de la communauté à visiter l'école ; le centre communautaire projeté prévoit d'ailleurs s'arrimer le long de ce parcours.
Outre, la morphologie du bâti vient s'articuler de façon à épouser la trajectoire solaire tout en bloquant les vents dominants afin d'accentuer l'habitabilité d'une multitude d'espaces extérieurs, aux usages variant selon les saisons, ainsi qu'intérieurs.
Un programme scindé pour mieux se côtoyer
Au regard de sa programmatique, le projet suggère de laisser le sol en libre-accès ; intérieurement autant qu'extérieurement, tous sont ainsi invités à cheminer au rez-de-chaussée, celui-ci regroupant l'ensemble des espaces communautaires, alors que les espaces d'enseignement plus formels sont limités à l'étage. S'ouvrant littéralement sur l'extérieur, le rez-de-chaussée du bâti suggère une fluidité des espaces invitant l'humain et la nature à se côtoyer intimement. Bien que certaines zones aient été délimitées pour un usage propre, elles sont néanmoins vouées à être modulées au rythme des activités. La salle à manger, véritable pôle de rencontres et d'échanges dans la constitution de l'école, est ainsi en étroite relation avec les ateliers artistiques disposés aux périphéries du bâti pour renchérir cette flexibilité.
À l'étage, le corps bâti est plus frugalement développé. Sous forme de pavillons, chaque cycle possède sa propre petite école, à l'exception du 1er cycle et du préscolaire qui s'en partage une unique. Érigés à l'échelle de l'enfant, ces pavillons deviennent des milieux propices à l'enseignement. Tandis que certains espaces, notamment ceux de collaboration, s'ouvrent sur l'extérieur et se projettent sur le paysage environnant, d'autres, tels les espaces de concentration qui profitent de l'entrelacement de deux classes pour habiter, en mezzanine, la hauteur du pignon, sont plus introspectifs et propices au recueillement.
Au coeur des pavillons, les grandes cheminées, éléments signalétiques de l'architecture de l'école, mettent en valeurs les bibliothèques et coins de lecture. Outre, celles-ci rendent aussi possible une communication visuelle et auditive entre les étages, tout en participant à améliorer les stratégies bioclimatiques passives mises de l'avant dans le bâti.
Une tectonique pour innover sans détonner
À l'échelle de sa construction, le projet se veut matérialiser une perception sensible du territoire par l'usage de matériaux naturels, sains et locaux qui demandent à être valorisés d'un point de vue de la technique, mais aussi de l'esthétique sensible, du confort et du mieux-être. Clin d'oeil à l''architecture agricole traditionnelle de la région, la teinte choisie pour la représentation du corps de l'école fait référence aux badigeons de l'emblématique couleur rouge sang-de-boeuf, obtenue à partir de l'oxyde de fer, qui fût autrefois popularisée pour ses caractéristiques écologiques autant qu'économiques.
(Texte du concurrent)
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- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Photographie de maquette
- Photographie de maquette
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