Mille Plateaux
Investir un paysage d'une telle beauté et d'une telle ampleur exige de se raccrocher à un certain nombre de repères existants et signifiants destinés à nourrir le projet. Dans le présent contexte, c'est la route projetée qui nous sert de point d'ancrage. Lorsque l'on s'arrête sur l'importance de la route comme élément structurant dans le paysage rural et récréotouristique, il nous a semblé tout à fait naturel d'y accrocher nos premières intentions : éviter à tout prix les grandes plages d'asphalte normalement vouées aux débarcadères d'autobus et aux stationnements et qui viendraient ici défigurer le paysage. Opter plutôt pour des stationnements et des débarcadères pensés comme de légers élargissements de la route plus proches du mode rural et récréotouristique de préhension du territoire par les véhicules moteurs qui se stationnent plus ou moins librement les uns derrière les autres en bordure de vignobles, de fermes ou de vergers.
Ayant quitté les véhicules moteurs ou arrivés à pied de toutes parts, les élèves et le personnel marchent en direction de l'école ici pensée comme un petit village dense, grandissant sur l'horizon, s'ouvrant sur de petites places par endroits ou se refermant sur des passages plus étroits à d'autres moments. Émergeant du paysage, elle se dépose sur une plateforme carrée inspiré du mode de division des terres caractéristique des Cantons-de-l'Est. Un petit canton en somme, délicatement déposé sur le territoire de Shefford. A peine surélevée pour se détacher du sol, la plateforme établit les limites de l'intervention humaine au-delà de laquelle les champs et les boisés sont laissés dans leur état d'origine à un point tel d'ailleurs que même la plateforme est attaquée de toute parts par le paysage qui reprend ses droits. Elle-même trouée et plantée par endroits, accueillant un potager, un préau, une terrasse ou une cour pour les maternelles, cette plateforme constitue un second paysage agissant comme médiateur entre l'école et la nature environnante. Partout autour, la cour d'école, la route, les sentiers, le pré, la forêt.
Les pavillons de l'école abritant les divers programmes, chacun dans leur singularité respective, interagissent avec ce second paysage et la nature omniprésente, créant ainsi un ensemble de relations spatiales riches et complexes pour chaque pavillon et chaque espace de transition. Les parois de verre qui ceinturent en grande partie le rez-de-chaussée amplifient ces interactions en permettant de voir d'un pavillon à un autre à travers le paysage et de comprendre une partie du fonctionnement de cette petite société que constitue une école. La lumière naturelle n'est pas ici en reste puisque, d'abord filtrée par le paysage, elle est en partie absorbée par les surfaces de bois intérieures et en partie réfléchie par les surfaces vitrées de l'enveloppe. Souvent brisée, la lumière naturelle installe un jeu d'ombre et de lumière qui enrichit la perception spatiale et prévient la surchauffe.
Entièrement proposée en cèdre destiné à s'oxyder pour les toitures à quatre versants et la partie haute des murs et en verre pour les portions en rez-de chaussée, cette école d'un seul étage bénéficie néanmoins de la verticalité spatiale que procurent les plafonds angulés laissés par les toitures au-dessus des espaces de transition. Destinés à devenir des lieux spatialement variés, stimulants et changeant au gré des heures du jour et des saisons, ces espaces de transition relient entre eux les pavillons et conduisent tout naturellement aux espaces alimentaires installés au centre de la composition, à proximité de l'entrée principale, s'il faut ici en désigner une.
(Texte du concurrent)
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- Planche de présentation
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- Photographie de maquette
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- Photographie de maquette
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