Potentiel de la sylviculture
Nous considérons le centre-ville de Sudbury comme un futur foyer et centre de recherche sur les potentiels architecturaux et urbains de la sylviculture, employant des interventions à différentes échelles menant à un cadre de soins par la compréhension, la lecture, l'utilisation, la vie avec et l'apprentissage des bois.
Dans la courte période qui a suivi la confédération, la principale motivation du développement canadien a été de transformer les terres indigènes en territoires d'extraction et d'exportation. Les municipalités canadiennes, en tant que "créatures de la province", sont administrées par la même autorité juridictionnelle qui supervise l'extraction des ressources. L'opposition à l'industrie extractive a été violemment réprimée, en utilisant une logique de grille, et l'introduction du chemin de fer a fourni l'infrastructure nécessaire pour diviser les terres, et un projet culturel qui refondait cette violence frontalière en "nature sauvage" a suivi au nom d'une identité canadienne lisible pour les colons. Les villes canadiennes restent des colonies établies parallèlement aux stratégies coloniales de maintien de l'ordre, d'exploitation minière et de génocide.
Bien que Sudbury possède un secteur culturel et éducatif fort - souvent en opposition créative au colonialisme des colons - elle s'épanouira en tant que ville une fois que les hypothèses coloniales inhérentes au plan directeur canadien seront renversées, et que ceux qui sont le plus souvent laissés en dehors des processus de planification seront au contraire autorisés à diriger. Et alors que nous positionnons notre travail contre les modèles de croissance extractivistes, nous reconnaissons le riche héritage du travail minier à Sudbury, et nous présentons à la place une manière entièrement différente d'imaginer comment la politique d'urbanisme est générée.
Nous partons du principe qu'un nouvel urbanisme pour le centre-ville de Sudbury ne résultera pas uniquement de modifications de la forme construite. Le centre-ville de Sudbury est le résultat d'un projet colonial en cours, et regarder 30 ans en avant, c'est s'éloigner des cycles de développement, d'extraction et de politique à court terme. Nous demandons un calendrier encore plus adapté au moment présent : 153 ans, soit plusieurs millions. Notre proposition prend les trois prochaines décennies comme un défi pour établir une méthode de durabilité urbaine et la promotion des voix touchées. Comme Sudbury a la possibilité de se transformer, elle peut servir de catalyseur et de leader pour que d'autres la suivent, en s'orientant vers un urbanisme de soins régionaux.
Vers un centre ville, le bois comme enseignant
La réimagination du centre-ville de Sudbury permet d'enquêter sur une saine transition pour s'éloigner d'une dépendance excessive à l'égard de l'exploitation minière. L'ensemble du projet d'extraction canadien a rongé des forêts qui ont soutenu des écosystèmes pendant des millénaires et cette activité continue contribue aux risques sanitaires et climatiques mondiaux. Nous trouvons dans ces mêmes forêts des relations qui nous aident à établir un avenir plus résilient. Sudbury a été le théâtre d'un certain nombre d'interventions sylvicoles et de projets de recherche, notamment un programme de reverdissement urbain très réussi, et nous cherchons à tirer parti de ces travaux. Nous en profitons pour interroger les potentiels économiques, sociaux et culturels du bois, pour voir le bois et sa production comme un outil permettant de se débarrasser des approches obsolètes de planification et de conception destinées à favoriser d'abord l'implantation de l'industrie extractive. L'urbanisme du bois, pour être véritablement transformationnel, nécessite un mouvement vers la réconciliation et la justice sociale. Sinon, c'est répéter un passé violent à travers un matériau différent.
Les arbres, d'une espèce à l'autre, nous offrent des moyens de relever des défis importants en matière de conception urbaine et d'architecture, à plusieurs échelles simultanément. Cette proposition trouve dans le bois un matériau aux avantages multiples, allant de la capture du carbone au service de la vie humaine et non humaine, à la fourniture d'adaptations thermiques faites pour accroître la durabilité à la fois à l'échelle du bâtiment, du site et même de la région. Mieux encore, le fait de travailler avec le potentiel matériel du bois nous permet de comprendre la ville comme un processus métabolique ouvert, qui fait progresser notre compréhension au-delà des binaires. Mais le bois nous implore également de comprendre ce que l'anthropologue Anna Tsing décrit comme des "paysages de mauvaises herbes" : il n'est pas seulement classé comme faisant partie de la nature, ou de la conservation, ou du développement extractif.1
Travailler intentionnellement avec le bois comme nous le faisons va à l'encontre du zonage euclidien à usage unique, qui est l'idéologie monolithique de l'utilisation des terres en Amérique du Nord. Comme nous le constatons dans la promotion de la colonisation canadienne, d'innombrables faux binaires, les paysages de mauvaises herbes exposent le sophisme des états idéalisés : à la fois ressource ou nature vierge. L'architecte Daniel Ibañez est clair : "Compte tenu de toutes ses ramifications, le bois a le potentiel de transformer la manière dont l'urbanisme est développé aujourd'hui".2
En tant que processus ouvert, notre intervention évoque une myriade de futurs possibles et une confrontation avec les histoires qui nous ont amenés à la crise environnementale actuelle. Dans la mesure où ces crises sont mariées à la dépossession environnementale et économique, le fait de situer notre analyse dans le centre-ville de Sudbury fournit un contexte bien nécessaire dans lequel la recherche en sylviculture, jusqu'à présent largement spéculative à l'échelle urbaine, peut prendre racine. Dans cette proposition, nous cherchons donc à mettre en place une méthode permettant de tirer des enseignements des forêts et de les suivre. En utilisant la lentille du bois et de ses produits pour établir un nouveau centre ville pour Sudbury, nous critiquons les institutions coloniales actuelles et proposons d'envisager un urbanisme alternatif, avec des mauvaises herbes.
1 Anna Tsing. The Buck, the Bull, and the Dream of the Stag: Some unexpected weeds of the Anthropocene. Suomen Antropologi.2017;42(1):3-21
2 Daniel Ibañez in Ibañez, Daniel, Jane E. Hutton, and Kiel Moe, ed. Wood Urbanism: From the Molecular to the Territorial., New York, NY : Actar Publishers. Print: 313.
(Traduction CRC)
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