FRAGMENTS ET CHEMINS
Une série de chemins. Une suite d'expériences. Une multitude de fragments d'histoires.
Pas une seule histoire. Pas un seul chemin. Des débris d'histoires. Tenter de les contenir serait toujours les réduire. Plutôt les laisser libres. Qu'ils se rencontrent. Une multitude de moments.
La rhétorique génocidaire est totalitaire. La survie n'est pas totalitaire.
Nous sommes incomplets, multiples et non une totalité. Seulement partiels, et pourtant entiers. Reliés ensemble. Que les chemins, que les fragments, se rejoignent, pour comprendre, pour articuler la pensée, et porter les affections. Affectionner ce qui est effacé et ce qui suit.
Une architecture d'expériences et de sentiments, à caractère fragmentaire. Permettre à chacune et chacun de tracer son propre chemin, pour favoriser l'unité et la guérison.
Une mémoire des lots du site. Une entrée par un vestige passé du boulevard Saint-Laurent. Une échelle humaine et humble. Un respect du patrimoine dans une porte cochère qui dévoile une forêt. Un jardin caché qui nous porte chez soi. Un lien entre les rues pour unir. Se souvenir. Des rampes. Une procession. Un parcours. Un mouvement pour fuir, pour se retrouver et pour survivre. Une alternance de montées, de descentes, de compressions, d'ouvertures et de rassemblements, seul et ensemble. Une matérialité et une texture de la terre. Une brique qui lie la métropole et la foi. Une alternance de reflets et de chaleur. Avec des murales qui animent. Un bâtiment à la fois ouvert et discret. Une intériorité douce, entre souvenir et avenir, entre racines et espoir.
J'ai demandé à mon fils s'il se souvenait. Ou j'ai pensé à le lui demander.
J'hésitais à ramener l'histoire d'hier. Mais si elle n'était pas abordée, alors nous aurions perdu la connaissance. Nous aurions égaré un moyen de reconnaître et de comprendre.
Pas certain que la guérison aurait été facile à atteindre pour nous. Pour l'instant. Mais je ne sais pas non plus comment comprendre. Alors j'ai attendu un peu. Peut-être avais-je peur d'ébraiser la réalité. Une réalité qui n'appartient pas à la réalité.
Nous avons donc marché dans les rues de la ville. Nous, nous marchons toujours.
Un moyen de nous transporter. Des nomades sociaux. Pour porter notre patrie portative.
Une éthique responsable. Pour ne pas oublier une culture blessée. Marcher rapproche le passé et le présent. Elle prépare l'avenir. Nous avions déjà beaucoup marché. Pour atteindre et pour fuir.
Nos pieds nous ont portés jusqu'à St. Laurent, notre Main. Un vieil ami. Un ami pour beaucoup d'autres avant nous. Un ami qui avait reçu, embrassé. Un ami qui a façonné notre ville.
C'était agréable de faire partie de notre ville.
Nous sommes passés par une vieille entrée. C'était sûr et réconfortant. Comme un seuil doux. Nous sommes entrés dans un moment, pas un espace. Une série de moments. Entre ciel, murs, rampes et jardins. C'est difficile de porter un souvenir collectivement. Mais encore plus difficile seul.
On entendait des rires et des cris. Sans savoir lequel des deux a précédé l'autre. Nous avons erré à la découverte. Entre espaces restreints et vides ouverts. Entre l'expiration et l'anticipation. Mais toujours accueillis. Puis nous avons atteint un jardin. Une sorte de miroir. Avec une murale en surplomb. Et beaucoup de chiffres. Et des histoires sur le mur
Je suppose qu'à ce moment-là, devant la rampe, il s'est souvenu. J'ai hésité. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas comment la douleur peut se transformer en espoir. Je ne sais pas comment la dignité peut résister à la catastrophe. Pas sûr de savoir comment le mal radical d'hier peut contrer la haine.
Nous avons continué à marcher. Une procession. Toujours en mouvement.
Jusqu'à ce que le coeur et la tête se reposent. Et que sa main se tende pour toucher une feuille. La feuille d'un petit arbre. Un arbre qui se tenait au centre. Humble. Une âme juste. Mon fils a demandé à rester un peu plus longtemps. Pour prendre des forces. Pour simplement respirer. Et pour se rappeler d'apporter le bien.
Nous sommes retournés sur la Main. Elle nous a souri. Nous avons tous compris, ensemble.
(Texte du concurrent)
Le jury apprécie l'ouverture du projet sur la rue Saint-Laurent. Toutefois, des réserves sont exprimées concernant l'image du bâtiment, qui ne semble pas concorder avec celle d'une importante institution. Le jury déplore un certain manque de clarté dans le parcours proposé et l'organisation générale des espaces.
(Tiré du rapport du jury)
7 numérisés / 7 accessibles
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Coupe
- Axonométrie
- Diagramme