« Le temps guérit peut-être, mais - je m'en suis rendu compte - survivre à l'Holocauste est un cadeau qui impose deux obligations : d'abord, assurer la survie du peuple juif. Donc je me suis marié - j'ai deux enfants, six petits-enfants et deux arrière-petits-enfants. L'autre obligation était de ne pas laisser le monde oublier l'Holocauste. »
Cette observation de Ted Bolger, un Juif hongrois survivant de l'Holocauste qui vit aujourd'hui à Montréal, a galvanisé l'équipe de conception et nous a fourni l'armature de notre projet. Notre démarche a pris racine dans la collaboration et une recherche nourrie par trois sources :
1. Les leçons d'un échange avec un groupe d'universitaires, d'historiens, d'artistes et d'architectes qui travaillent sur l'Holocauste, la diaspora ou les génocides,
2. Des observations sur la brève histoire des musées juifs et les mémoriaux de l'Holocauste,
3. Et surtout, les voix des survivants vivant à Montréal
Le devoir de mémoire : réflexion
Des études démontrent que, lors de la perte d'une personne, la première chose oubliée est sa voix.
Une masse pesante de pierre grise de Montréal, disposée verticalement et contenant des pièces remplies de documents historiques sélectionnés, flotte, lourdement indifférente, au-dessus de l'entrée publique constituée de deux fragiles volumes de verre dont le volume sud suit le cadastre ancien.
Notre jardin commémoratif situé sur cette masse de pierre aura des plates-bandes de marguerites (symboles d'espoir et de résistance), de roses de Sharon (résilience) et de romarin (souvenir), mêlant, au gré des saisons, les signes visuels ou odorants. Une pile de pierres muette rappellera la tradition juive de placer des cailloux sur les tombes, recréant le rituel pour les visiteurs venus se souvenir des victimes de l'Holocauste. Ainsi, la masse de pierre suspendue devient elle-même une pierre du souvenir à l'échelle de la ville.
Des cèdres plantés sur le toit paraissent littéralement enracinés dans la matière brute des galeries. Le bois de cèdre, symbole puissant de durée, était utilisé dans l'intérieur du temple de Salomon. Il sera aussi employé à l'intérieur de notre musée.
Le devoir de continuité : projection
La continuité porte une intention. Dans cet esprit, nous avons conçu un niveau d'entrée accueillant à la rue. Animé par la boutique du musée et le « mur d'art » situé au nord, il encadrera un nouvel espace public donnant sur « la Main », que nous appelons Place du 27-janvier. Sa forme est le symbole du lien qui unit l'immigrant juif à la société d'accueil.
Rappel du partenariat réussi entre la population juive immigrante et ses hôtes canadiens-français dans la création d'une industrie du vêtement mondialement reconnue, l'enveloppe de pierre courbe de notre haute voûte évoque un corps enveloppé dans un vêtement de pierre, costume durable et bien ajusté.
Nous en sommes conscients : notre proposition enlève un espace au festival annuel MURA
(Texte du concurrent)
Le jury souligne la grande qualité du texte, très riche en émotion et en signification et concordant à la vision du Musée. La métaphore de la pierre est porteuse pour le projet, mais le jury déplore une certaine incompréhension des besoins et des demandes fonctionnelles du musée, traduite notamment par l'absence de jardin au sol et l'escalier/théâtre ouvert qui ne répond pas aux objectifs d'accessibilité universelle.
(Tiré du rapport du jury)
11 numérisés / 11 accessibles
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Perspective
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- Coupe
- Axonométrie
- Axonométrie
- Axonométrie
- Axonométrie
- Diagramme