« Dans la mathématique existentielle cette expérience prend la forme de deux équations élémentaires : le degré de lenteur est directement proportionnel à l'intensité de la mémoire ; le degré de vitesse est directement proportionnel à l'intensité de l'oubli. »
- Milan Kundera, La lenteur, 1997
Le territoire du projet
Dans le contexte de la mise en oeuvre d'un projet institutionnel hautement significatif sur une des artères les plus chargées historiquement de la ville, la manière dont les immeubles engagent le sol et se l'approprient est ici remise en question. Le territoire du projet, entendu comme un espace collectivement partagé à la fois riche d'une histoire sociale, culturelle et économique récente et aussi autrefois occupé par les peuples autochtones, ne peut à notre avis qu'être ouvert et libéré afin de constituer un véritable forum citoyen, un sol inclusif, véritable point de départ pour une expérience muséale intimiste ou encore sociale et plurielle. Outre l'importante transparence offerte au niveau du sol et une emprise minimale du programme au rez-de-chaussée, un nouvel espace public traversant est déployé longitudinalement augmentant ainsi la présence publique de l'immeuble qui, tout en s'ouvrant sur le boulevard Saint-Laurent, n'offre aucun arrière, mais plutôt un volume serein, ouvert et à l'échelle humaine sur la rue Saint-Dominique. Trop longtemps reléguées à l'arrière des bâtiments, les activités occasionnelles de livraison d'objets et de marchandises sont ici acceptées temporairement sur l'espace public et indiquent aux visiteurs et aux passants l'imminence d'un événement ou la simple quotidienneté de l'institution, lui rappelant également sa présence dans un espace urbain dense et obligatoirement partagé.
Un musée horizontal
Se développant essentiellement à l'horizontale, le musée se structure l'aide de la division traditionnelle des lots et permet une certaine réparation du tissu urbain tout en profitant des ouvertures et opportunités offertes par ces îlots traversants pour l'accès notamment à la lumière naturelle. Offrant des volumes plus hauts du côté nord, la géométrie du musée permet également l'arrivée de la lumière naturelle jusqu'aux espaces du rez-de-chaussée et du niveau inférieur par l'entremise du nouvel espace public traversant. Dans un musée se déployant de la sorte, les galeries principales se déploient au second et troisième étage, réconciliant l'est et l'ouest et s'ouvrant également sur d'importants espaces en toiture qui prolongent à la fois les galeries elles-mêmes ainsi que les espaces publics lors des belles saisons. Le niveau inférieur porte enfin une charge symbolique importante et se doit à notre avis d'être intégré au parcours du musée et ce, qu'il s'agisse de la portion basse de l'auditorium dont la scène peut être visible de la rue, de la salle des hologrammes qui y trouvera opacité et intimité, ou encore d'un fragment du jardin commémoratif qui accompagne dans le calme ces deux espaces importants dans le parcours spirituel du visiteur. L'utilisation partielle du niveau inférieur, par ailleurs alimenté par une immense ouverture dans le plancher du rez-de-chaussée et une rampe douce amenant une lenteur certaine au parcours, permet également de compléter la boucle de circulation par le passage dans les immeubles existants restaurés.
L'existant
Dans le contexte d'un tel projet, il nous apparaît nécessaire et responsable de restaurer méticuleusement les deux immeubles existants et de les réhabiliter par l'intégration de certaines fonctions commerciales et éducatives du musée. Même si leur valeur patrimoniale bâtie n'est pas nécessairement exceptionnelle, il n'en demeure pas moins qu'ils ont
une valeur historique et sociale importante et que leur intégration au projet contribue à l'enrichir à plusieurs niveaux, à mieux l'ancrer dans la ville dans un esprit de développement durable, mais surtout, à constituer un complexe muséal emblématique avec une texture riche, qui donne l'étrange impression d'être présent sur le site depuis fort longtemps.
(Texte du concurrent)
Le jury apprécie la simplicité et la légèreté de l'image, qui contraste avec le sujet du Musée. L'implantation est intelligente pour le site, mais pose certaines lacunes fonctionnelles au niveau du plan du rez-de-chaussée, notamment liées la séparation des fonctions d'accueil et de café/boutique. La conservation et la restauration des deux bâtiments vernaculaires sont appréciées, bien qu'elle constitue un défi. Le jury exprime des réserves concernant la localisation de la salle commémorative au sous-sol du bâtiment.
(Tiré du rapport du jury)
7 numérisés / 7 accessibles
- Planche de présentation
- Axonométrie
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Plan
- Axonométrie